Astrid Beaumanoir : Différence entre versions

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* Croix de Guerre avec agrafe "2e Coalition" (an 311)
* Citation à l'ordre du Régiment (an 310)
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** Citation à l'ordre du Régiment (an 310)
  
 
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Version du 17 août 2023 à 18:15

Astrid Marie-Amélie de Mauxbaton-Beaumanoir
Portrait Astrid 01.png

Alias Blanquette
Naissance 32 Fifrelune de l’an 293 du Calendrier Erachien
Origine Malenque, New-Stendel
Sexe Féminin
Espèce Humaine
Activité Militaire
Caractéristique Soldat de 1ère Classe, Chasseur-Eclaireur
Affiliation Garde Volontaire


Description

Astrid Beaumanoir (de son nom complet Astrid Marie-Amélie de Mauxbaton-Beaumanoir), née en l’an 293, est une humaine provenant de la ville de Malenque au Nord Ouest de New-Stendel. Atteinte de vitiligo depuis sa naissance, sa peau naturellement claire est parsemée de grandes taches blanches. Né avec une chevelure de jais, les yeux bleu gris clairs, grande de taille et de carrure taillée, sa silhouette lui a toujours permis de s’imposer dans ses cercles sociaux depuis le plus jeune des âges, et certain l’aurait même considérée comme jolie. Une attaque de monstre dans lors de sa première campagne et un boulet de canon atterrit trop proche d’elle la défigura partiellement, la laissant aveugle d’un oeil et atteinte d’achromotrichie ainsi que d’un syndrome post traumatique, ses tendances plus enflammée, belligérantes et chaotiques laissant place à un caractère froid, méthodique et cynique.

Biographie

Jeunesse

Bien que vivant dans une famille noble aisée, Astrid n’a jamais eu une enfance facile ou heureuse. Sa mère Sélène Beaumanoir, atteinte de maladie peu de temps après la naissance de sa fille, était contrainte à passer la majorité de ses journées dans son lit, affligée de fièvre chronique et d’une tout constante. Son état fragile ne lui permettant pas de s’occuper de sa fille autant qu’elle l’aurait souhaité, elle dut déléguer une grande partie de sa surveillance à une nourrice, Géromine Cabaillon, qui, malgré son expérience s’étant occupé de Sélène pendant son enfance à elle, avait des difficultés avec la jeune Astrid.

Son père, Vicomte Gautier de Mauxbaton, titre de noblesse qu’il tient grâce à un commerce de logistique intercontinental, n’était guère heureux que son unique enfant avec son épouse était une fille, et la blâmait pour les maux de sa mère. Son incapacité émotionnelle vis-à-vis de sa progéniture, ajoutée à sa frustration misogyne de ne pas avoir eut un garçon, résulte rapidement dans une relation tendue entre les deux, la fillette cherchant l’attention parentale via la bêtise, la désobéissance, et plus tard, par manque de réaction, la violence.

Les confrontations se multiplièrent lentement, d’abord dans les discours, puis physiquement. Après une énième bagarre avec son père, de laquelle ce dernier sortira avec un nez fracturé, elle est envoyée contre son gré au Centre Correctionnel pour Jeunesse Délinquante de Fignonel Batalon, dans la ville de Roncecourt, âgée seulement de 8 ans. Les nonnes s’occupant d’elle ne surent changer ses habitudes, et ne firent d'exacerber ses tendances rebelles.

Renvoyée de l'établissement à ses 14 ans, les nonnes impuissantes face à sa ténacité, elle retourna chez ses parents, emportant une rancune sans égale pour son père mais une affection renouvelée pour sa mère, sa santé ayant encore plus dégradé pendant son absence. Elle trouva de nouveaux points d’entente avec son ancienne nourrice, et ensemble s'occupèrent de Sélène. Pendant les mois qui suivirent, Astrid assistait presque jour et nuit sa mère, dormant même à ses côtés, cherchant à apaiser ses douleurs et ses hallucinations fiévreuses. Nombreux docteurs venant des quatres coins du monde avaient été appelés, mais aucun ne put offrir de traitement efficace.

Sélène mourra le 15 Holevent de l’an 307, laissant sa fille dévastée et son époux encore plus aigre qu’il ne l’était déjà. L’enterrement fut bref et succinct, et Géromine fut renvoyée de la maison familiale, ses services n’étant plus considérés comme nécessaires. Une semaine après les funérailles de sa mère, Astrid découvrit avec horreur une correspondance intime entre son père et une autre dame; correspondance qui semblait avoir commencé quelque temps après qu’elle ait été envoyée à Fignonel Batalon. Folle de rage, elle s’elança pour confronter son père à nouvelle reprise, cette fois-ci determinée a laisser plus qu’une fracture de nez. Mais ce dernier l’attendait à la porte de la demeure, au côté d’une troupe de soldats de la Garde Volontaire, menée par le Sergent Gaspar Podovin. Suivant la demande de son père, la troupe emporta Astrid de force vers le Fort Herobrine[1]. C’est sous la pluie, bâillonnée et enchaînée dans un carrosse qu’Astrid décida de renoncer son père, et prit le nom de famille de sa mère, Beaumanoir.

Carrière Militaire

Formation

Arrivée au Fort Herobrine, ses premiers jours furent passés dans les cachots, une période que le sergent Podovin décrira dans ses mémoires comme “une période d’attendrissement”, référant particulièrement au fait qu’Astrid se débattait vicieusement à chaque occasion qui lui était présentée. Près de deux mois plus tard, une fois “calmée”, elle sera relayée aux pensions des détenus correctionnels et affectée au nettoyage des latrines des cadets. C’est ici qu’elle rencontra les premiers jeunes de son age, et aussi où sa réputation de combattante commença, marquant plus d’un cadet d’un oeil au boeur noir pour s’être moquée d’elle et sa condition de prisonière. Réprimandée à plusieurs occasions par les officiers d’instruction, sa conviction à se battre contre le status quo et sa réticence ne fit que croître. Sa frustration arriva à son summum lors d’un exercice de sabre entre les cadets qu’elle surveillait durant lequel un des combattant, la remarquant de loin, l’utilisa dans des ripostes verbales face à son adversaire. Décidant qu’elle en avait entendu assez, elle s’avança sur le terrain et fit une démonstration de force en désarmant les deux aspirants à main nue et en brisant le bras du cadet l’ayant insulté. Sa performance, bien que lui méritant une correction supplémentaire par le corps des enseignants, fut remarquée par les officiers, et l’office des aspirants ne pouvait nier qu’elle avait un potentiel jusqu’alors inexploité.

Une fois sa nouvelle peine de cachot passée, à sa plus grande surprise, un instructeur lui annonça qu’ elle sera mise à suivre les classes l’instruction militaire d'infanterie de ligne en Pampélune de l’an 308, Podovin surveillant en partie sa progression. Bien que le changement d'environnement était drastique, son caractère en fut peu affecté. Elle aura essayé à plusieurs reprises de s’évader, ses escapades n’auront servi à ses camarades de classe qu’à perfectionner leurs compétences de recherche et de chasse à l’homme, souvent suivies par quelques coups de bâtons par les instructeurs. Ses compagnons d’instruction ne se retenèrent pas de partager leur désapprobation de ses manies, et s’assurèrent de lui rendre la vie encore plus misérable, notamment en aspergeant ses draps d’eau du port pendant les nuits les plus froides ou en égarant ses bottes. Mais toute action à une conséquence, une leçon qu’Astrid ne se retena point de leur enseigner en, le jour de ses 15 ans, sabotant le mousquet d’un de ses détracteurs, causant une détonation imprévue pendant un exercice de tir et renvoyant la victime à son bourg domicile devenu entièrement aveugle. Les mauvaises farces s’arrêtèrent rapidement après cet évènement, et les quatre dernières semaines se passèrent sans trop de difficulté.

Soldat de 2e Classe

Reserviste

Astrid, reserviste du 7e régiment d'infanterie légère.

Ayant réussi de justesse à balayer le rapport du dernier accident sous le paillasson, Podovin commençait à regretter son choix de prendre sous son aile la fille de son ami, le chaos qu’elle causait étant plus grand que ce qu’il avait été accoutumé de suivre. Le 24 Claircelune de l’an 308, il inscrit Astrid dans le 4e bataillon du 7e régiment d’infanterie légère, convaincu que si ce dernier ne réussit pas à briser la jeune fille, il aura le mérite de la tuer rapidement.

Le décor changea peu pour Astrid, les murs de grès des dortoirs de l’école ressemblant presque à deux gouttes d’eau aux casernes de la réserve. Ce qui changea par contre, outre l’espace encore plus restreint entre les hamacs et les lits, et devint un plus grand problème qu’elle n’avait pas anticipé, était la ténacité et la férocité de la discipline au sein de son groupe, les officiers ayant le flair pour l’insubordination. Les opportunités pour l’évasion étaient rares, les réprimandes physiques bien plus sévères, et la tolérance pour l’insolence presque inexistante. Durant la journée, les exercices de formations, de marche, de carrés de tirs, ou encore d’optimisation de tir lui furent martelés dans le crâne au rythme des tambours des troubadours de ligne. Les exercices physiques, généralement destinés à être effectués par un ou une athlète plus âgé, faisaient partie des routines lui posant le plus de difficultés, sa forme de 15 ans n’étant pas encore assez costaud que pour soulever certains des poids les plus lourds. Néanmoins, ils avaient le mérite de forcer sa condition sportive à s’améliorer. Le peu de joie qu’elle réussit à en tirer était que, malgré son arrogance, elle montrait un certain talent pour le tir que nombreux de ses collègues réservistes n’avaient pas, qualité qui n’avait pas échappé à son caporal chef.

Les premières semaines, la nuit était un des rares moments de répit qu’elle reçut, servant de vigile sur la frontière simurgeoise du fort ou de quelques heures de repos. Elle reçut progressivement des heures de permission, qu’elle utilisait principalement pour étudier son environnement, cherchant encore une faille pour s’enfuir, visitant le fort et prenant note de son agencement. L'expansion pratiquement continue de l’oppidum rendait cette dernière activité plus compliquée que prévue, et le plus qu’elle essayait de se frayer un chemin parmi les différents chantiers, le plus qu’elle commençait à réaliser que sa situation était plus ou moins immuable: elle était coincée, et la surveillance constante des murailles et entrées rendait l’évasion plus ou moins impossible. Au bout de deux mois, la réalisation de son sort la rendit encore plus amère, et sa colère ne faisait que croître. Alors que sa motivation était à son plus bas, elle croisa lors d’une de ses escapades nocturnes un attroupement de jeunes soldats entassés dans une ruelle moins observée sur le campus. Sa curiosité piquée, elle se fraye un chemin à travers la foule, et découvre, non sans une certaine joie, un ring de bagarre clandestin, dans lequel elle reconnaissait certains des bleus avec lesquels elle avait fait sa formation. Elle avait trouvé la nouvelle façon parfaite pour se défouler[2].

Dès ses premières bagarres elle démontra une férocité sans égale pour sa taille et sa catégorie de poids. Les bleus de sa promotion l’évitaient comme la peste, et les plus âgées en sortaient souvent avec une mâchoire disloquée. Cela ne l’empêchait pas de se faire remettre à sa place, s’assurant quelques visites à l’infirmerie pour une épaule disloquée ou pour quelques sutures sur le visage. Elle portait ses hématomes commes des médailles, et ses combats, réputés pour leurs férocité, attiraient de nouveaux participants et spectateurs. Cette notoriété lui valut un certain respect, mais elle ne fut jamais vue comme une égale aux combattants plus âgés, chose qui, malgré sa compréhension de la logique au vu de la différence d'âge, la frustra.

C’est dans le ring qu’elle fit la rencontre et fut prise sous l’aile de Rachelle Petras, une sergente-major âgée de 20 ans qui pris goût au gusto du duel de la jeune fille et qui voyait en elle une sœur cadette qu’elle n’avait jamais eu[3]. Servant d’opposante récurrente, Rachelle réussi, tant bien que mal, de soulager une partie des maux d’Astrid (tout bonnement en écoutant son histoire), et bien que ne réussissant pas à lui faire respecter l’autorité, assura une diminution notable dans les tentatives de sabotages qu’Astrid entreprenait quotidiennement, ainsi que lui enseigna quelques techniques pour s’améliorer au combat main à main, ayant elle même dû apprendre à se battre contre des adversaires plus grande qu’elle depuis bien 3 ans. Cette amitié de fortune se tissa en une étroite sororie qui vit, à la plus grande joie des officiers d’instruction, un épanouissement dans son suivi d’instructions pour les formations. Ce que Rachelle ne réussit pas à retenir chez sa sœur adoptive, malgré ses nombreuses tentatives, était le développement d’un égo surdimensionné. Comptant plus de victoires que de défaites dans ses duels et sa condition physique s’améliorant drastiquement, la jeune Beaumanoir se sentait de plus en plus invincible, et prenait de haut des soldats faisant parfois deux fois sa propre taille. Dans une tentative de la tenir à l'œil (et la considérant comme sa protégée), Rachelle assura qu’Astrid fut migrée dans son peloton.

Affectation dans la Brume du Lys

Le 7 Agrevent de l’an 308, Rachelle Petras reçoit l’ordre de venir soutenir le 2e bataillon du 7e Régiment d’Infanterie Légère stationné sur les Terres du Lys dans leur mission de d’escorte de convois marchands venant de la capitale en direction des contrés du Sud. La 3e compagnie de dépôt remplaçait la 8e compagnie de chasseurs. L’équipement fourni et les provisions prêtes, le capitaine ordonna la marche, empruntant la porte Est du fort. C'était la première fois depuis un long moment qu’Astrid voyait autre chose que du grais et du sable, n’ayant observé les tranchée que de loin et de nuit lors de ses rondes de vigiles. Passant par la plaine de Birak-Heim, la compagnie se mit en route pour la préfecture de Novi où elle empruntera le pont menant vers les terres d’Arcande. Au bout d’un jour de marche, la compagnie arriva au bourg et s’installa pendant la nuit proche de la forteresse des montagnes. Le lendemain, en reprenant la route, la jeune fille aperçut la 8e compagnie sur son chemin de retour de l’autre côté du pont. En les croisant, elle remarqua l’état pitoyable des troupes. La compagnie n’avait peut être pas plus de 20 hommes, la moitié boitant le pas et l’autre avec leurs bras dans un bandage se soutenant l’un l’autre. Leurs uniformes étaient couverts de boue et de tache sang séché, Le bleu de leur surcots à peine distinguable du gris foncé. Manquant à l’appel était la plupart des officiers, incluant le capitaine, son couvre-chef tenu par un caporal amputé d’une jambe. Le capitaine de la 3e échangea quelques mots avec ce dernier , avant d’ordonner la marche forcée. La troupe arriva en bordure de la forêt du Lys au couché du soleil.

La nuit fut particulièrement angoissante pour la majorité des bleus de la troupe, incluant Astrid, la condition de la 8e n’ayant échappé à aucun regard. Le sommeil venait pour personne, et les vigiles furent ordonnés de redoubler leurs rondes. A l’aube, n’ayant put fermer l’oeil que 3 heures, la compagnie entra en terrain incertain, l’air frais et calme remplacé par un souffle frigide, et un épais brouillard obstruait la vision. Le silence était maître, même le fracas des pas de marche de la troupe semblait s’estomper dans la brume. L’ordre fut donné de tenir l’arme à feu prêt.

La 3e Compagnie suite à la fausse alarme dans la Brume du Lys.

Pas plus d’une demi-heure plus tard, un tir sonna dans la forêt, provenant d’un jeune voltigeur deux rangs derrière Astrid. Les soldats se mirent en carré, ne voyant pas l’origine de l’attaque, Astrid relayée au premier rang comme lancière. Mais une fois la formation construite, le silence régna à nouveau, et le voltigeur coupable du tir réalisa en même temps que les membres de son peloton qu’il venait de tirer sur un amalgame d'arbres et de verdures difformes. La troupe se remit en marche, prudente, le capitaine tenant avec difficulté sa monture calme. Quelques heures plus tard, alors que la nuit commençait à tomber, les éclaireurs distinguèrent les feux du campement, et peu de temps après, la troupe arriva à l’avant poste de la garde dans le cœur de la forêt, juste à temps avant que l’obscurité ne les prennent par surprise. Le camp n’avait rien d’extraordinaire: une dizaine de tentes, un grand feu pour la cuisson (et unique véritable source de lumière), un puits de fortune, et des provisions entassés dans des caisses et tonneaux. Pas de barricades, pas de murs de fortunes, et une maigre surveillance… mais la tentation de fuire était vite écrasée par l’absence totale de visibilité hormis les rares pavés indiquant une vieille route délabrée.

Après une nuit plus ou moins complète de repos et les rations quotidiennes partagées, les pelotons furent répartis pour chacun couvrir un tronçon dédié de la route. Le peloton de Petras fut assigné à couvrir la route sur une zone agricole abandonnée entre le campement de la garde et un village de fortune pour les réfugiés de la brume envahissante. Le blé qui jadis y aurait poussé était presque devenu sauvage, les sentiers de terre battue couvert de mousse et de lichen, et le terrain étaient jonchés de vieux outils de labourage depuis longtemps pourris par l’humidité et la pluie. Au plus grand soulagement d’Astrid et du reste de son peloton, la zone était globalement calme. Les convois venant du Sud étaient encore intactes et les voyageurs encore de bonne humeur, mais ceux venant du nord était rarement consolable ou calme. Mais les jours passant, la quantité de convois semblait monter, et les rumeurs couraient dans le camp qu’une attaque aurait été orchestrée par les mages de l'Ordre Du Lys pour repousser les monstres de la brume vers l’ouest. Une routine plutôt calme se développa, et le peloton de Petras avait pris l’habitude de chanter Le Départ d'Herobrine lors de leur patrouille. Le temps passant, la panique semi constante des premiers jours fut remplacée par un calme mélangé à une certaine lassitude, et dans l’habitude d’Astrid en temps libre, son esprit se mit à divaguer vers des idéaux de liberté. Mais à sa grande surprise, un certain remord se joignait à ses idées d’escapade, surtout pour Rachelle, une des rares personnes avec qui elle avait pu vraiment se confier. Le temps passé avec elle lui avait permis de se faire connaître dans le reste du peloton, et bien que ses tendances bagarreuses lui donnait une envie de distribuer quelques yeux aux boeur noir, Rachelle su la retenir, lui enseignant la restreinte, mais aussi l’autorisant quelques baffes quand un membre de la troupe faisait une blague déplacée. Podovin écrira dans son mémoire que c’était peut-être la première et dernière fois que la jeune fille comprit enfin la définition de vie de groupe, et peut-être même de famille.

Le 13 Démévent de l’an 308, deux mois après son arrivée dans la brume, Astrid était en mission d’escorte d’un convoi d'artillerie impériale destinée pour la garnison d’Otium. Les heures précédant l’arrivée du convoi furent passées en mission de reconnaissance pour assurer que la route était praticable pour un convoi plus lourd, la pluie de la nuit précédente ayant embouée une partie du chemin. Prenant la relève du peloton précédent, le groupe se mit en marche autour de 13:00. Le convoi était lent et bruyant, les sabots des boeufs tirant les canons retentissant contre les galets restant des sur le sentier. Deux tirailleurs avaient été envoyés en reconnaissance en avant-garde, pas plus de 20 mètres en avant, mais leurs formes étaient invisibles à travers la brume. Autour de 14:15, la sergente Petras ordonna la halte. Devant le convoi se trouvait un arbre renversé, un obstacle qu’il n’y avait pas pendant la matinée. Mais plus problématique encore, les éclaireurs ne l'avaient pas remonté… plus important, ils n’étaient pas là. Les escouades furent ordonnées de former deux lignes sur chaque flanc du convoi, Astrid se trouvant à la deuxième en arrière, le fusil pointé dans la brume. Le silence, jusqu’alors ayant été la source d’un calme, lui rappela les premiers jours dans la forêt, et la tension dans les rangs était palpable. Petras se tenait derrière elle, le poing crispé autour de son fusil. Plusieurs minutes passèrent, sans que quoi que soit ne se passe.

Hésitante, Petras ordonna 4 soldats de déplacer le tronc sur le chemin. Mais dès qu’ils s’approchèrent de l’arbre, l’un d’entre eux fut attrapé par quelque chose et tirer au-dessus et derrière l’obstacle, ses cris de terreur s'éteignant presque instantanément. Les trois autres reculèrent aussitôt, essayant tant bien que mal de prendre une position de tir, mais leurs bras n’avaient pas la force pour tenir leur armes levées. Le reste de la troupe recula à son tour du tronc d’arbre, laissant les bœufs à découvert. Du coin de l’oeil, Astrid aperçu ce qu’elle n’aurait que put décrire comme un serpentin organique flotter au ras du sol derrière le flanc, et avant qu’elle ne put prévenir ses compagnons de ligne, l’appendice c’était enrober autour de la jambe d’un autre fusilier, et d’une mouvement brusque, le tira dans la brume, ses cris estompé aussitôt qu’on ne voyait plus sa forme. C’est à ce moment là qu’Astrid réalisa qu’on ne lui avait jamais dit contre quoi les convois qu’elle escortait devaient être défendu. Elle avait entendu dire des monstres, mais elle avait toujours imaginer des morts vivants ou des grosses araignées. Ceci était quelque chose de bien différent, et pour la première fois depuis qu’elle s'en souvienne, elle ressentait la véritable peur, la peur qu’elle n’avait jusqu'à présent que vu dans les yeux de la 8e compagnie sur sa marche de retour.

Petras ordonna la troupe de se former autour du canon que le peloton escortait ainsi que la préparation de ce dernier pour tirer. Les artilleurs logisticiens se mirent aussitôt à leur besogne, pendant que le peloton, réduit à 18 fusiliers, forma un carré maladroit autour de ce dernier, les museaux de leurs armes pointés vers un ennemi invisible. Un autre membre difforme se projeta contre la troupe, s'emparent d’un autre soldat. Cette fois-ci, une poignée de coups de fusils résonnèrent en réponse, accompagnant les cris d’angoisse de la victime. Un long cri strident retentit en parallèle, un son uniquement descriptible comme le mélange entre le coassement d’un crapaud au son que fait le tronc d’un arbre quand il fend et l’inspiration du dernier souffle d’un mort. Ce son, malsain et inexplicable, était la dernière goutte pour la troupe, et la panique commença à se propager. Deux soldats prirent aussitôt la fuite, les jambes à leur cou, en direction du camp. Mais leur fuite fut courte, leur corps soudainement levés dans la brume et leurs voix s'éteignirent aussitôt leur silhouettes disparues.

Une nouvelle rafale fut déchargée, cette fois-ci Astrid y prit part. Mais les projectiles s’enfoncèrent dans la brume sans toucher quoi que ce soit. Pendant qu’elle se dépêchait de recharger son arme, son compagnon de droit disparu sous ses yeux, emporté vers le haut, laissant pour unique preuve de son existence une botte au sol, suivi par une fine nuée rouge qui aspergea la troupe. Petras essayait tant bien que mal de tenir la troupe en ligne , mais ses efforts étaient vains. Elle regarda droit dans les yeux d’Astrid, tentant de la rassurer. Mais son geste de bonté fut un moment d’inattention, et elle ne vit pas la large patte difforme s’abattre dans sa nuque, la projetant vers l’avant, et écrasant son crâne sous le poids de la créature à qui appartenait le membre. Là où se tenait Rachelle Petras même pas une minute plus tôt trônait à présent une créature difforme d’au moins 3 mètres de haut et presque fantomatique, dotées de long bras biscornus et tentaculesque qui se séparaient en dendrites, de complexion noire comme de la fumée, “à la fois intangible et d’une opacité à toute épreuve”[4], et une tête où autre qu’une masse difforme de flagelles et d'appendices ressemblant à une flamme fervente remuant continuellement de façon inexplicable, on ne distinguait qu’une série de grandes dents allongées, crispées ensemble, et dégoulinants de sang.

Astrid fut prise par la terreur à son tour, et se mit a courir vers l’arbre le plus proche, cherchant à mettre autant d’obstacles entre elle et la créature que possible et s’enfonçant dans la brume. Elle ne distinguait plus la route, ni les arbres, ni ses camarades, ni le monstre. Le silence presque instantané l’étouffa, n’entendant plus que les palpitations frénétiques de son cœur. Ses jambes l'abandonnèrent et elle s'effondra dans la boue, au milieu d’un champ abandonné. N’arrivant plus à se relever, couverte de boue et de sang, elle était convaincue que la mort venait pour elle, et était résolue à son sort. La créature n'avait fait aucune preuve de faiblesse, laissé aucun signe que le groupe l'avait même touché. Elle étudia son environnement, tentant tant bien que mal d’étudier sa situation, son esprit logique luttant contre toutes les fibres de son corps et tous ses instincts de survie qui lui disaient de fuir. Il n’y avait pas d’abris, pas de cachettes, pas de barricades. Elle était comme une génisse à l'abattoir, jeune, faible, et inconsciente de sa situation.

Le brigadier artilleur impérial Jonathan Lembeek, membre du convoi s’étant fait attaquer ce jour-là, raconte que dans un moment de lucidité défaillante, elle aurait entendu le son d’un lourd pas à 10 mètres d’elle. Tel un automatisme, elle aurait tiré dans l’épaule de la bête qui s'apprêtait à éviscérer lui et son soutien. L'engeance tourna son attention vers elle, s’enfonçant à son tour dans la brume. Les deux artilleurs réussirent à positionner le canon et de tirer dans la direction de la bête. Un cris strident d’une jeune fille retentit dans le brouillard avant la détonation, suivi par le rugissement perçant d’une manifestation maudite, et enfin, le silence total. Pas plus de quelques minutes plus tard, un autre peloton arriva sur la scène pour compter les pertes. La jeune Astrid fut retrouvée, couverte d’une substance noire et visqueuse et de sang, le côté droit de son visage tailladé, un œil ensanglanté, et un boulet de canon atterrit quelques centimètres au-dessus de son épaule. Le peloton compta au total 3 survivants, le convoi 2, et un des deux chevaux tirant l'artillerie.

Astrid fut embarquée vers le camp et mise en récupération pendant presque deux semaines, mais les infirmiers de camp étaient incapables de sauver son œil. Mais les semaines n'apportèrent aucun repos à la jeune fille, qui ne voyait que la mort de ses collègues et de Petras en boucle tant dans ses rêves que lorsqu’elle était réveillée. Une fois capable de tenir debout, le capitaine la réassigna dans la section de surveillance du camp, de telle sorte à ce qu’elle puisse se remettre de son expérience traumatique. Mais tant bien que les autres soldats essayèrent de lui remonter le moral, peu réussirent à même tirer un seul mot de ses lèvres. Le 54 Pampélune de l’an 309, les survivants du 2e bataillon du 7e léger furent ordonnés de retourner au Fort Hérobrine pour quelques mois de repos. Sur le sentier du retour, ils croisèrent la relève, remplie de bleus qu’elle n’avait pas encore croisés. Serrant la cocarde de Petras entre ses mains, un léger sourire malsain se traça sur ses lèvres.

“Le 13 Démévent 308, la jeune Astrid Beaumanoir est morte. La personne qui ressortit de cette maudite forêt était un bien pire fléau qu’était la petite fille.”

Mémoires d'un Vieux Sergent, par Gaspar Podovin

Soldat de 1e Classe

Retour au Fort Hérobrine

Les quelques soldats ayant connu Astrid avant son excursion la reconnaissaient à peine. Outre son œil perdu, tourné à une couleur de lait, la grande cicatrice fendant son visage et sa chevelure tournant de noire à blanche comme le linge, sa personnalité avait subi un changement radical. Là où elle aurait précédemment brisé le nez d’un fusilier arrogant pour une remarque déplacée, elle semblait être immuable, passive ou sourde. Sa stature confiante et pompeuse avait muée dans une démarche lente et penaude, recroquevillée sur elle-même, hantée par les images de la mort violente et toujours incompréhensible qu’elle avait témoigné. Tant bien qu’à son arrivée dans le fort elle reçut ses premiers chevrons, le capitaine voyait qu’il promouvait une soldate vide d’âme, et ses lieutenants auraient juré qu’ils voyaient un flair de pitié dans les yeux de leur supérieur.

Les semaines qui suivirent furent peut-être pire que même les mois de sa formation, un nouvel arrivage de bleus toujours plus âgés qu’elle, vif et naïf, la bombardèrent de moqueries, ne voyant qu’une jeune fille peureuse qui s’assurait de toujours à rester à l’écart des foules. Les rares fois qu’elle tentait de se pousser à retourner à son passe temps préférée, son arrivée fut accueillie par une foule se riant d’elle, et la voyant partir presque aussi vite qu’elle n’était venue, souvent les larmes au yeux, elle fut baptisée par son premier surnom: “Blanquette”. Les rares survivants de la dernière sortie vers le Lys faisant partie du rite essayaient tant bien que mal de remettre la cohue de bleus à sa place, mais en vain, ne pouvant que regarder avec déception partir une de leur meilleure combattante du ring, réduite à qu’une fraction de la personne qu’elle était avant son déploiement.

Il était connu parmi les rangs de la troupe que les volontaires envoyés au Lys ne revenaient pas comme ils étaient partis, mais les cas aussi graves qu’Astrid étaient malgré tout rares. Du moins, rares étaient ceux qui restaient encore dans l’armée après, addressant leur lettre de démission à leur supérieur et s’exilant dans leurs villages natifs en espérant de ne pas se suicider sur le chemin. La jeune fille, perdue dans ses pensées, avait réfléchi à quelque reprises de se jeter dans le port ou du haut d’un des murs. L’idée d’enfin pouvoir se reposer lui apportait un certain confort, aussi morbide soit-il. Ironiquement, les mêmes fantômes qui la hantaient incessamment la retenaient de mettre le dernier pas, Astrid étant presque la seule personne à encore se souvenir de leur visages. Elle était convaincue que leurs morts ne pouvaient avoir été en vain, et, à ce stade, qu’elle était la seule qui pouvait encore faire leur deuil.

Elle reçut une permission pour son anniversaire, qu’elle utilisa pour aller poser la cocarde de Petras au cimetière de Birak-Heim. Elle passa la soirée dans la préfecture de Novi, où, après une nuit sans sommeil et perdue dans ses pensées, elle termina sur les marches de l’entrée de la chapelle locale, un monument où avait été rangée une relique de la 1ère Campagne Verte. La matrone du temple l'accueillit sans hésitations, la paroisse étant vide à cette heure tardive, et lui offrit une oreille attentive à son histoire et ses maux, une offre qu’Astrid dans son désespoir ne put refuser. La jeune fille, presque folle retenant son bagage mental depuis des mois sans pouvoir vraiment en parler, s’ouvra dans une confession impromptu, et, dans un moment de lucidité dut au soulagement qu’elle réussi enfin à avoir, réalisa que les nonnes de son passage au centre correctionel de sa jeunesse avaient laissés leur traces: elle était à présent convaincue que la seule raison de sa survie actuelle était le fruit d’une intervention divine. Il n’y avait pas d’autres explications. La bonté des Empereurs même l’avait voulu ainsi, et elle se trouva martyre de son bataillon.

Les mois qui suivirent, elle redécouvrit lentement la piété, et ses convictions, devenues entremêlées avec les préceptes du Culte des Empereurs, se reconsolidèrent. Sa ferveur retourna, mais là où son combat était précédemment un combat de survie rempli de rage et de haine pour sa situation, elle combattait à présent pour ce qu’elle était convaincue était une mission divine avec une froideur tacite et sans égale parmi la troupe. Elle retourna dans le ring clandestin, démontrant une prouesse renouvelée et un plaisir presque malsain à remettre ses détracteurs à leur place, ses coups devenus méthodiques, stratégiques et vicieux. Elle ne visait plus pour mettre hors commission rapidement, mais pour faire souffrir. Les bleus se remirent rapidement en ligne, comprenant leur place comme “vermine et future chaire à canon” (une description qu’Astrid assura de marquer dans l’esprit des bleus au fer chaud). Quant aux troupiers, le sourire leur retourna au lèvres, et firent preuve de respect face à la jeune fille qui avait enfin combattu ses démons.

Le 2 Mérolia de l’an 309, Astrid décide de changer de voie militaire, et écrit une lettre au Capitaine Clémenceau pour lui demander de la mettre comme candidate pour la Demi-Brigade d’Exploration[5][6]. Sa candidature sera étudiée et acceptée le 36 Mérolia par le général Auxonne, et elle sera rangée dans les effectifs de la 2e demi-brigade. Avant son départ, elle sera décorée de la Croix de Sang Versé pour sa blessure au combat, et dans son cercle de bagarre, elle recevra une couronne de laurier en plomb comme petit trophée, un symbole du respect qu’elle a su commander pendant son séjour dans le ring.

2e Demi-Brigade d’Exploration

Si sa candidature avait été acceptée avec un certain mérite, son inclusion dans la 2e demi-brigade était sans grandes cérémonies par manque de temps. Dès son arrivée au sein de l’unité le 1er Cidélia de l’an 309, Astrid fut mise à l’épreuve en étant inscrite pour une formation complémentaire dans la préfecture de Tolwhig pour remplir certaines lacunes de compétences, complétant sa formation de fusilier avec des cours d’équitation et de combat monté, de positions dispersées, de communications alternatives et d’intervention médicale de secours. Si les cours de médecine ne posaient pas de véritables difficultés, le combat monté était une autre affaire: n’ayant que peu été autour de chevaux lors de sa jeunesse par manque de possibilités, la prise en main d’un animal était une exercice éprouvant, et elle ne manqua pas à deux trois reprises de se faire renversé de sa monture et voir sa tête écrasée sous un sabot. Les moqueries de ses nouveaux compagnons étaient presque inévitables, mais elles ne persistaient jamais longtemps, et furent toujours suivies par une poignée de mains venant en aide ainsi qu’une série d’encouragements. Si le 7e légers avait pour mission de filtrer les bleus, celle de la 2e demi-brigade était de solidifier les liens entre les troupiers. La notoriété des demi-brigades d’exploration à décimer ses effectifs presque autant que le 7e légers les précédaient, avec pour unique véritable différence qu’elles le médiatisaient comme une médaille d’honneur, là où le 7e essayait tant bien que mal de ne pas effrayer les nouveaux arrivages. Pour cette raison, une cohésion parfaite entre les membres de ses unités était primordial, et cette coopération était martelée dans le crâne de chacun des conscrits.

Ces nouvelles compétences acquises, Astrid rentra au Fort Hérobrine pour être officiellement diplômée chasseur-éclaireur le 1er Démévent de l’an 309, et rentra directement en service. Elle est rangée dans le 13e groupe franc du 3e bataillon d’exploration, un groupe qui, bien que clairement plus expérimenté qu’elle, était composé d’une troupe encore assez jeune, et elle fut curieuse de voir plusieurs des autres diplômés de sa promotion d’unité rejoindre les mêmes rangs qu'elle. De la centaine de soldats de son groupe, la majorité de la troupe devait avoir moins de 26 ans, l’âge moyen devant être probablement autour des 24. Les sous-officiers étaient probablement les plus gris, un des sergent approchant ce qu’Astrid ne pouvait qu’imaginer être la soixantaine. Les premières nuits avec le groupe franc furent brève, et tant bien qu’elle fit un effort pour au moins apprendre à connaître ses pairs, quelques-uns d’entre eux avaient déjà entendu son alias initial, et tant bien qu'aucune remarque déplacée fut prononcée à son égard, elle ne put se débarrasser de ce dernier. Mais le calme de son premier mois fut rapidement remplacé par une mobilisation complète du bataillon.

sans-cadre


Le 58 Démévent de l’an 309, suite à un conseil du du haut commandement de la Garde Volontaire[7], le général Auxonne annonça que la 2e demi-brigade serait envoyée sur le continent d’Oldmont, au nord des frontières impériales, pour une mission de reconnaissance massive des royaumes de la région. Les rumeurs courraient que de nombreux royaumes auraient décidés de s’alliés pour lancer une attaque contre le Consulat, et les demi-brigades avaient été convoqués pour étudier les lieux. Les groupes francs furent instruits de préparer un minimum de vivres et munitions possible pour une opération prévue de durer plusieurs mois. Au matin du 62 Démévent, le 13e groupe franc part en marche vers le Refuge de Pan, un voyage prévu de durer une grosse semaine, où l’unité fait un stop pendant 2 jours, le temps de recevoir ses ordres définitifs, ainsi que d’assurer son transport de voyage.

Si la marche était moins animée que sa dernière sortie, la troupe retenant un sérieux constant auquel Astrid s'était rapidement habituée, elle ne pouvait se retenir de faire voyager ses pensées. Les premières étapes de la route lui étaient trop familières, et elle ne pouvait retenir de sentir son cœur monter dans sa gorge en voyant le pont de Novi menant vers les plaines d’Arcande. La nuit fut brève, mais la troupe reçut un dernier moment de répis avant la suite du voyage, et Astrid en profita pour rendre visite une fois de plus à l’église locale. A l’aube du lendemain, la troupe reprit son chemin, la marche poussée pour arriver aux abords de la forêt du Lys. Astrid ne put retenir l’angoisse en voyant les haut sapins devant elle, la brume rodant autour des troncs et fondant à la sortie du bois, couvrant les bottes des soldats d’une épaisse couverture nuageuse. Une partie d’elle voulait fuir le plus loin possible, abandonnant toute raison et contrôle de ses émotions. Les douze mois depuis son extirpation des griffes de la brume n’avaient pas réussi à effacer de sa mémoire les visages de ses anciens compagnons. Mais une autre partie d’elle, la nouvelle, imaginait les couleurs que pouvait émettre un brasier de cette ampleur, les étincelles illusoires scintillant dans ses yeux. Elle fut prise par surprise quand son sergent la rappela à l'ordre, la réveillant de sa stupeur, et qu’elle aida les autres troupiers à mettre en place leur tentes.

Rêves de la forêt du Lys en feu.

Le sommeil lui vint difficilement, ses pensées fixées sur sa nouvelle envie de mettre le feu à la forêt. Elle fantasmait sur la lumière qui en émanerait, la chaleur exsudée par le brasero, le cris des bestioles y existant qui agoniseraient sous le joug des flammes. Il y avait une certaine beauté dans l’imaginaire de la jeune fille, une scène presque idyllique d’un inferno divin ravageant la terre, les flammes engloutissant les démons de ses cauchemars. Bercée par le craquement d’un feu de camp pas loin de sa couche, elle s'endormit lentement.

Un clairon sonna à l’aube, annonçant l’arrivée d’un peloton de fusilier du 7e régiment qui servirait de guide. Le commandant Erazal avait décidé de venir en personne pour l’occasion, saluant la troupe et acquiesçant un léger signe de reconnaissance à Astrid au passage, un petit sourire au coin de ses lèvres. Une fois les tentes démontées, le contingent entra dans le bois. Le silence qu’Astrid avait appris à craindre les enveloppa, seul les pas de la troupe retentissant parmi les grands troncs. Convaincue que le groupe était surveillée, sa paranoïa n’ayant pas cessé depuis le moment qu’elle avait perdu son œil, elle tenait son fusil proche et ferme, prête à tirer au premier signe de danger. Son anxiété ne fut qu’amplifiée lorsque la colonne s’arrêta à un croisement. Au-devant de la troupe, le commandant était entré en discussion avec le capitaine, et l’attente n’était au goût de personne, et les guides du 7e commençaient à s’agiter un peu. Astrid reconnut aussitôt les signes: les regards furtifs d’un côté à l’autre, les mains crispées, les genoux légèrement fléchis… ces soldats avaient vécu une attaque, et ils savaient tout comme elle que rester posé au milieu du territoire ennemi était suicidaire. Mais au plus grand soulagement de l'adolescente, la troupe se remit en marche, prenant le sentier nord. Pas plus d’une heure plus tard, le soleil se montra au travers des branches dénudées, et la troupe sortit de la forêt, indemne. Erazal salua le 13e, et le peloton du 7e se remit en marche dans la brume. Au fond de sa pensée, Astrid se faisait une réflection morbide. Il y avait une grande chance qu’elle ne reverrait jamais aucun de ses guides, et l’idée même de cette réalisation lui donna la chair de poule.

Le 13e continua sa marche, jusqu'à faire escale aux abords du Fort Argos, le quartier général de la Brigade des chasseurs de démons, où le groupe fut accueilli sans fanfare par un capitaine impérial stationné sur place. Le repas du soir était plus généreux que d’habitude, les chasseurs généreusement cédant quelques fûts de vin provençal (un cuvé du Domaine de Rousset), et ce ne fut pas de refus pour les soldats. Le vin coulant à flot et la panse remplie de pain de soupe, la sociabilité du groupe augmenta considérablement, et Astrid se permit de flotter entre différents cercles sociaux, découvrant un peu les différents intérêts de ses compagnons de marche. Si elle n’était pas particulièrement intéressée par les jeux de cartes ou de dés, elle réussit à s’intégrer dans un groupe d’une grosse dizaine de jeunes soldats qui, sous la supervision d’un lieutenant des chasseurs de démons, s'apprêtaient à visiter le Fort Argos. Dans les confins des archives de la forteresse, une série de crâne et d’os avaient soigneusement été disposée dans des vitrines, trophées acquis lors d’une variété de batailles contre les forces démoniaques. Le lieutenant racontait fièrement les épopées de la bataille de Freedland et les batailles d’Arkole, pendant qu’Astrid étudiait un crâne intitulé "crâne de Lune démoniaque”. Elle ne put s'empêcher de frissonner au regard de l’os, l’idée même qu’une créature venant d’un autre monde la rappelant de la brume. Néanmoins, cet inconfort était accompagné d’une certaine chaleur, un rappel que l’Empire, après tout, luttait ardemment contre les aberrations de tout genre, y compris celles qui n'étaient pas de ce monde.

Au matin du 1er Radévard, le groupe-franc reprit la route. Les tambours et les clairons avaient été sortis, annonçant leur arrivée dans la banlieue ouest de Stendel, une démonstration de fanfare qu’Astrid n’avait pas encore vu hors des confins du fort Herobrine. Les habitants vinrent à leur rencontre, s'alignant sur les bords de route pour voir, certains ébahis, la troupe défiler sur les pavés impériaux. Certains s'étaient mit spectateurs depuis leur balcons, d’autres retenaient leurs enfants d’entraver la marche de la colonne. Ce qu’Astrid ne comprenait pas, c’était les étoiles dans les yeux des garçons, âgés de pas plus de 8 ou 9 ans, à la vue de la garde passer. Elle se dit que peut-être cette incompréhension venait des circonstances de son arrivée dans la garde, ou de son enfance passée loin du cœur de l’Empire. Au loin, elle aperçut les tours de Stendel, capitale de l’Empire. C’était le plus proche qu’elle avait été du siège impérial, n’en ayant qu’entendu des histoires dans sa jeunesse ou au feu de camp des volontaires. Mais la troupe prit la route de l’ouest, s’éloignant lentement des murailles, et s’installa en bordure de la banlieue pour la nuit.

Le lendemain, ils reprirent la route, s’aventurant dans la plaine de l’Ouest en suivant la route impériale. Le soleil automnal brillait dans le ciel, caché de temps à autre derrière quelques nuages solitaires, pendant que les derniers oiseaux migratoires prennaient leurs envols vers le nord. Le calme de la journée leur permit, à cadence accélérée, d’arriver à leur dernière point d’escale avant d’arriver à leur destination, un croisement de route menant vers le Refuge de Pan ou le village de Toluki. La nuit fut brève, le capitaine de la troupe, pressé d’arriver au Refuge, ordonnant le départ une heure avant l’aube. Le groupe franc s’élança dans le dernier tronçon de son trajet, traversant le long sentier sinueux moment vers la Citadelle de Pan, un large complexe de murs et de tours construites en bordure de falaises et de rocs escarpés. L’architecture était ancienne, les remparts couverts de lianes et de mousses, et la verdure de la région resplendissait sans égal sous le soleil. Mais leur arrivée ne marqua pas le moment de détente, le groupe étant convoqué pas plus d’une demi heure après avoir installé leur tentes. La troupe fut rejointe par deux autres groupes francs arrivés deux jours auparavant et la cohue fut instruite sur les ordres qu’ils avaient reçu du commandement [8].

Au petit matin du 5 Radévard de l’an 309, le 13e embarque sur le HMS La Llorona, un brick de 28 canons fraîchement bâti de l’Arsenal de Middenheim commandé par le capitaine Victor Kellshire. Le navire quitte le port du Refuge avec pour destination Nocha, une ville portuaire sur la côte est du royaume de Caltabello.

Opération "Hiboux de Service"

Le HMS La Llorona au large du royaume de Caltabello

Si son entrainement et son expérience l’avait préparé pour toutes sortes de situations hostiles, sa formation ne l’avait jamais confronté au mal de mer. La semaine à bord du HMS La Llorona pouvait facilement être classifiée comme une des pires expériences qu’Astrid n’ai eu à souffrir, et elle pesait ses mots avec soin. Bien que la mer avait décidée d’être clémente pour cette première expérience sur l’eau, la jeune fille fut surprise par plus d’une vague qui décida de secouer le navire, au plus grand plaisir de l’équipage. Le capitaine Kellshire, ayant un peu de peine pour la jeune fille, lui refila discrètement des pastilles de gingembre, qui certes était presque pire à avaler que de vider ses tripes, mais apaisa légèrement ces maux. Elle n’eut pas plus grande joie quand au soir du 6ème jour la troupe fut assemblée sur le pont pour couvrir le plan de débarquement. L’action serait courte et précise, la planche de temps étant limitée. Les sacs de voyage, tentes, vivres, et la poudre furent stockés dans les chaloupes pendant que les soldats enfilèrent des tenues plus neutres, dissimulant les éléments les plus ostentatoires divulguant leur affiliation militaire étrangère. Au loin, les feux de Nocha illuminaient la côte dissimulée dans l’obscurité. Les barques furent mises à l’eau à deux lieux de la côte, ordonnées d’amarrer au nord de la ville. Le reste de la troupe descendrait dans la ville pour amasser les vivres manquant.

De nuit, Nocha était un paisible village de pêche. La taille des pontons indiquait que le havre n'accueillait que rarement des navires de grosse taille, mais le brick, une fois les canons drapés de grandes bâches, passait tout juste comme un vaisseau de commerce flottant les couleurs stendeliennes. Le capitaine Lamarque s’empressa sur le port avec ses lieutenants pour procurer des chevaux, pendant que les sergents divisèrent les troupes pour les disperser dans la ville, limitant l’attroupement général et l'œil d’habitants trop curieux pour leur propre bien. Les petites rues n’offraient que peu de couverture, mais le creux de la nuit avait pris assez d’âmes que pour ne susciter que quelque rares regards confus de locaux à la fin de leur tournée de taverne. Le village n’avait que peu de sécurité en place, pas même une muraille pour démarquer ses contours. Astrid suivit son peloton de près, son œil rivé sur chaque ruelle, cherchant le moindre signe de danger. Une fois sorti du village, le groupe s’infiltra dans un bosquet au large de la côte autour d’une lieue du village, scrutant l’horizon pour trouver les barques avec l'équipement. Le sergent Delamotte alluma une lanterne directionnelle, signalant de courts instants d’éclairs lumineux les eaux.

Au bout d’une heure, le reste des soldats du groupe franc s’étaient regroupés, et les barques étaient arrivées saines et sauves. Une fois l’équipement récupéré, les rameurs repartirent aussitôt pour se faire rapatrier par le navire, et repartirent pour les eaux impériales. Le capitaine Lamarque avait sut déloger une petite dizaine de chevaux, qu’il alloua aux subalternes et aux sous-officiers en priorité. Les soldats équipés et mobilisés, la mission pouvait enfin commencer.

Opération Hiboux de Service

Le premier objectif était de graduellement déloger des montures pour toute la troupe, permettant une arrivée avancée au point de rendez-vous avec le reste du bataillon. Pour ce faire, Lamarque envoya en reconnaissance le lieutenant Faxio et le sergent major Lecht d’une part et la sous-lieutenant Mauvalieu et la sergent Beersel d’autre part, les ordonnant vers les villes de Rosemolino et Camparo respectivement, deux agglomérations sur la route vers le point de rendez-vous, en quêtes de montures supplémentaires. Le reste du groupe, sous la tutelle directe du capitaine et des sergents Delamotte et Louvin, prit la marche vers le nord-ouest sous couvert de la forêt et de la nuit. La forêt n’était certes pas dense, mais la flore du sol, accompagnée par une obscurité agencée par le plafond forestier, était assez épaisse pour ralentir la cadence générale du groupe. Pas plus d’une vingtaine de minutes de marche, les feux de Nocha disparurent, et laissèrent place à une obscurité presque totale, le calme de la nature interrompu par le fracas du matériel porté sur le dos des soldats. Le groupe s’arrêta après 4 heures de marche sur les abords d’une clairière, montant aussi rapidement que possible quelques tentes de voyage. Le feu avait été interdit pour cette nuit, une précaution nécessaire suite à un arrivage aussi proche de points de défenses ennemis. La forêt longeait la longue route traversant Caltabello du Nord au Sud, le long de laquelle se situait un fort que le groupe devait contourner pour éviter d'éveiller les soupçons des forces locales.

A l'aube, le 13e continua sa route vers le nord, arrivant autour de midi en lisière de la forêt. Les officiers rejoignirent le groupe une heure plus tard avant de prendre contrôle de chacune de leur section. Une grosse vingtaine de montures avaient été réservées et les attendaient dans les villages. Une fois les destriers acquis, les divisions se regrouperaient à une 4 heures de route à pied au nord. Suivant le sergent Delamotte, le peloton d'Astrid se dirigea vers Rosemolino, un village principalement viticole, puis vers Camparo, un petit village minier, où plusieurs écuries avaient été contactée pour l'achat d'une douzaine de chevaux dans chaque village. Une fois les échanges monétaires réalisés (utilisant une fausse monnaie acquise au travers du travail de reconnaissance de la 1ère Demi-Brigade d'Exploration au courant des mois précédents), le peloton quitta la banlieue pour le point de rencontre, traçant leur chemin en bordure des bois. Le reste de la troupe arriva autour de 17h, avec une heure de retard engendré par un déplacement imprévu d'une caravane marchande entre deux bois.

Au courrant des 4 jours suivants, l'opération d'acquisition fut répétée, équipant graduellement 3 peloton de montures depuis des petits villages moins côtoyés ou plus égarée de la route entre Ponteria et Elvajo. Au matin du 18 Radévard, le capitaine Lamarque ordonne la marche vers le lieu de rendez-vous de la 2e DBE au nord de Ponteria. Un bosquet, éclairé lui aussi par la 1e DBE, avait été identifié comme un point idéal pour la rencontre des forces du 3ème bataillon. Les chevaux furent redistribués de tel sorte à ce que la section de la sous-lieutenant Mauvalieu puisse partir en avance sur le reste du groupe franc, d'une part annonçant à tout autre groupe déjà présent de l'arrivée imminente du 13e, mais aussi en éclaireur. Le reste du groupe franc continua le pas pressé vers le bosquet, les toits de la ville de Ponteria faisant surface à l'horizon. L’approche du point de rendez-vous fut plus lente, redoublant de vigilance pour éviter de croiser des bûcherons, chasseurs ou éclaireurs locaux.

Vers 17h00, le groupe était au complet, et sur place, rejoignant 2 autres groupes francs (le 11e et 14e) déjà arrivés sur place. Les groupes manquant à l’appel les rejoignirent au courant des deux jours suivants, permettant enfin la dispersion des ordres. Le 13e fut assigné à la surveillance d’un pont sur la route entre Oube et Vitolme, un axe majeur de trafic entre le Saint Empire d’Oster et le royaume de Cerdène. L’objectif était simple: surveiller l’activité du pont, comptant les caravanes civiles, marchandes et militaires dans toute direction, et dresser un rapport hebdomadaire qui serait rapporté au campement général, et plus loin, au quartier général au Fort Hérobrine.

Le 21 Radévard, le 13e part pour le pont de Sarlant, dispersant les pelotons dans les montagnes pour faire un long détour et éviter le cours du fleuve. Pas plus de 5 jours plus tard (26), le groupe établit un camp d'opérations dans une clairière à 2 lieues au sud de la route, dissimulés par une forêt de pins mais situé à 150m d’altitude, établissant un avantage de surveillance non négligeable. La vallée du Sarlant était globalement boisée, laissant quelques touffes d’hautes herbes et buissons en lisière de la route de grais et de pavés mal ajustés. Le fleuve coupant la vallée était à son plus large proche de 32 mètres, le pont ayant été construit sur un tronçon où l’eau couvrait qu’une grosse vingtaine. Le pont, âgé facilement d’une centaine d’années, était construit solidement sur 3 piles, 4 voûtes soutenant le un tablier usée par le temps et les intempéries. Le sergent-major Lecht prit la première ronde de surveillance avec son peloton, tandis que les 3 autres s'occupèrent de cueillette et de récolte de bois et d’eau. Quelques heures plus tard vint le tour du peloton de Delamotte, et Astrid se dépêcha de se ramener aux côtés de sa troupe. Pendant près de 6 heures, en alternance avec ses compagnons d’escouade, elle était tapissée au sol, dans un buisson, surveillant une route principalement déserte, suivant le passage de quelques caravanes marchandes cerdenaises allant vers l’empire d’Oster. Cette routine, consistant de 6 heures de sommeil, 6 de surveillance, et 12 de maintenance de camps et d’exercice de manoeuvre forestière, devint nouvelle norme pour le groupe franc, le plus d’action que les soldat virent pendant près de quatres semaines étant un train de caravane qui resta coincé à la descente du pont pour cause d’un axe cassé sur un des chariots.

Au matin du 58 Radévard, le peloton d’Astrid fut réveillé en sursaut. Un messager du peloton de la sergente Beersel était arrivé en avance du retour du groupe, annonçant que plusieurs colonnes de feu avaient étés aperçues au-delà de la rive d’Oster, à quelques heures de marche. Motivés d’enfin avoir un d’action le capitaine Lamarque ordonna 2 pelotons de surveillance. Le demi groupe franc n’était même pas arrivé que les éclaireurs-chasseurs pouvaient apercevoir l’arrivée d’une colonne militaire portant les couleurs d’Oster se rendre vers le pont. Se mettant en place aussi vite que possible, Astrid étudia avec une certaine anxiété la cohorte. La colonne comptait 4 bataillons de fusiliers et deux escadrons d’uhlans, marchant au pas pressé. Pour Astrid, c’était la première fois qu’elle voyait ce qui se présentait comme étant une nouvelle forme de danger: un potentiel ennemi, humain qui plus est, et cette réalisation soudaine que la garde ne faisait pas que face à des monstres sans visage lui glaça le dos. Mais le frisson ne dura pas longtemps, son attention soudainement prise par un cavalier passant particulièrement proche de son buisson. La tension fut brève, la colonne continuant son chemin, et au bout d’un quart d’heure, les derniers chevaux avaient passé le groupe. Il était à présent clair que l’Empire d’Oster s’organisait militairement pour une opération, et les journées qui suivirent confirmèrent cette théorie.

Au courant des 2 mois qui suivirent, le groupe franc nota le déplacement de près de 8000 soldats ostériens, les groupes espacés par de deux semaines de marche chacun, passer le pont de la vallée du Sarlant, ainsi qu’une dizaine de coureurs messagers retournant vers l’empire ostérien. Les effectifs furent soigneusement comptés et rapportés par coureur aux camps d’opération à Ponteria, laissant assez de temps au cavalier de rapporter plusieurs extensions d’ordres. La surveillance ce compliqua au bout du troisième groupe quand quelques hussards arrivés en avance du groupe se mirent à inspecter les alentours de la route. Le peloton évita de justesse d’être aperçu par le manque d’attention d’un cavalier ostérien qui ne remarqua pas la botte d’un soldat dépassant d’un faux talus construit quelques jours auparavant. Il était clair que les coureurs portaient des ordres ou des renseignements qui servaient à chaque nouvelle colonne, mais les ordres étant de surveiller le terrain sans s’attaquer aux forces locales, l’interception de ses messages étaient impossible.

Le 49 Pénavard, Astrid était de garde lorsqu'une section de cavalerie ostérienne s’arrêta sur sur la rive cerdenaise du pont aux petites heures du matin. L’arrivée des cavaliers était prévue, un nouveau contingent de soldats étant attendu de passer au courant de la journée suivante. Ce qui n’était par contre pas attendu était le comportement quelque peu laxiste des dragons, qui, une fois descendus de leurs montures, se mirent à étudier le paysage tel des touristes. Aux yeux de la jeune fille, le manque de décorum militaire les rendait moins dangereux, si pas presque amicaux. Quelques-uns se mirent à jeter des pierres sur l’eau, tandis que d’autres se dégourdirent les jambes ou passèrent par le bosquet derrière un arbre.

C’est là qu’Astrid réalisa avec horreur que son voisin de surveillance avait laissé son tricorne derrière lui, pas loin d’un arbre, mais à l’air libre. Elle se rua dessus pour essayer de le cacher au plus vite, mais ce moment de distraction fut assez pour qu’un cavalier ostérien, au milieu de re-boutonner son pantalon, les remarque tous deux. Un silence glauque s’installa pendant quelques instant, avant que l’ostérien ne réalise ce qui se passait, et dégaina un pistolet à silex qu’il dirigea sur le compagnon d’Astrid, l'élimination sur le coup. Le tir raisonna dans la forêt, l’alarme sonnée, et les dragons tout comme les chasseurs-éclaireurs se mirent en marche. Astrid se rua sur le dragon, jetant tout son poids sur son bras, le déboitant d’un coup vicieux, avant de se replier et de monter la colline derrière elle, cherchant sa monture.

Les ostériens, ayant entendu le tir, se dépechèrent sur leurs chevaux, avant de galoper à la poursuite de leur collègue blessé, pendant qu’autour d’eux le peloton d’Astrid se réveilla à son tour, sonnant la retraite. Astrid n'aperçu que quelques-uns de ses compagnons se diriger vers leurs montures, quelques-unes ayant déjà été détachée pour la retraite. Elle ne regardait pas derrière elle, le regard fixé sur la route d'échappatoire établi lors des manœuvres préparatives. Elle entendait le bruit de plomb siffler à côté de ses oreilles, le craquement sourd de bois fendu sous la force des projectiles, le galop des montures la pourchassant. L’ennemi la suivait de près, mais elle avait l’avantage de la reconnaissance du terrain, et évitant une nouvelle courte volée de balles, et réussit à perdre ses assaillants dans la forêt. Continuant sa fuite et suivant le protocole, elle prit un sentier de détour, retrouvant au passage une dizaine de ses camarades de pelotons. Ils retournèrent ensemble au camp d’opération, réalisant aussitôt que leur groupe était les seuls qui était revenu. Manquant à l’appel était la moitié du peloton, incluant le caporal-chef Mariolle. Confirmés morts étaient 2 soldats, les autres supposés capturés. Le capitaine Lamarque ordonna les préparations pour un replis dès l’aube, espérant ne laisser aucune trace de leur passage sur le terrain.

Le brasero du Sarlant, un feu qui continua pendant 3 jours.

Néanmoins, nombreux du pelotons Delamotte restaient avec un goût amer, ne voulant pas partir en laissant leur camarades pour mort. Contre les ordres du capitaine, le Sergent Louvin, accompagné d’une poignée de chasseurs du peloton Delamotte et de son propre contingent, se mirent en route pendant la nuit vers le pont. Astrid, belligérante qu’elle était, ne pouvait se retenir de joindre l’action. Les Ostériens avaient installé un camp à l’embouchure du pont, et les gardes repérèrent rapidement les leurs ligotés à des poteaux installés rapidement. Ils remarquèrent aussi qu’une batterie d'artillerie légère avait rejoint la section de cavalerie, et les rondes de surveillance étaient particulièrement nombreuses. Mais la nuit était sombre, la lune cachée derrière les nuages, et le terrain avantageait le groupe d’Astrid. Les chasseurs firent le tour de la colline d’observation, laissant les chevaux sous la tutelle de quelques gardes pendant que le gros du groupe remonta le fleuve à pied, prenant de revers le camp osterien. L’arrière du camp, installé partiellement sur le pont, avait été choisi comme lieu de stockage pour les chariots de charge de poudre, les prisonniers retenus plus au nord. Avant que Louvin ne puisse même dire quoi que ce soit, la jeune fille se mit volontaire pour créer une distraction, une idée pyromane lui étant venue en tête.

Astrid, accompagnée de deux autres gardes, se faufila vers les charges de poudre, récupérant autant de paquets que possible sans éveiller les soupçons des artilleurs dormant dans des tentes installés à quelques mètres. Les tassant contre une des piles du pont, elle s’empressa d’y mettre le feu, avant de courir vers le sud. Pas plus d’une minute plus tard, un tonnerre raisonna dans la vallée, la poudre explosant violemment, suivit par le fracas d’un tronçon du pont qui s'effondra sous le choc. Cette distraction fut le moment opportun pour Louvin de s’infiltrer dans le camp avec les autres volontaires, libérant les 7 gardes ayant survécu à l'embuscade initiale. Passant par la forêt, le peloton et les prisonniers rescapés réussirent à s'échapper dans l’obscurité, laissant pour unique trace de leur passage un brasero qui luit dans les yeux de la jeune fille, les ostériens sonnant l’alarme et essayant tant bien que mal d'éteindre le feu et d’étudier les dégâts.

Le groupe retourna quelques heures avant l’aube, accueilli par un capitaine Lamarque furieux de l’initiative de Louvin, mais réalisant les résultats se retenu de le dégrader sur le champ. Le reste du camp avait été nettoyé, les troupes prêtes à reprendre la route vers leur point de retrait dans les montagnes. Le groupe franc se mit en route autour de 6h, les troubleurs laissant leurs chevaux aux autres pour continuer à pied comme punition pour leur désobéissance. Astrid était fatiguée, le sommeil lui manquant gravement suite aux évènements de la veille, ses pensées fixées sur la lueur ardente du pont englouti par les flammes, une image berçant sa conscience au rythme de la marche.

Fuite d'Astrid à dos d'un cheval ostérien.

Mais son rêve s’arrêta aussitôt, le son de tir venant de leurs arrières la réveillant aussitôt. Un groupe de dragons Ostériens les avaient repérés et galopaient dans leur direction. Les cavaliers du groupe franc se mirent à fuir au galop, Louvin et les autres soldats à pied courant vers un passage rocheux entre les arbres, espérant perdre de les assaillants. Mais cette fois-ci le groupe avait vraiment été pris par surprise, et la déroute fut presque instantanée. Autour d’elle, les gardes qui tombent raides au sol se multiplient rapidement, et de la trentaine de chasseurs ne resta plus qu’une poignée. Astrid se jetta contre un tronc, échappant de justesse un coup de sabre dans le dos, le cavalier l’attaquant continuant sa charge. Erreur qu’il ne répètera pas, car dès son dos tourné vers la jeune fille, une balle atterrit entre ses omoplates, le cavalier lâchant les brides des sa montures et tombant au sol à une dizaine de mètres du chasseur.

Astrid n’avait pas le temps de réfléchir à ce qu’elle venait de faire. Si elle l’avait eu, elle aurait réalisé qu’elle venait de tuer un homme. Son premier tir contre un véritable ennemi lui était venu presque trop naturellement, au point qu’elle questionnait ses propres réflexes de survie. Elle aurait pu peser le pour et le contre de sa situation, de l’acte qu’elle venait de commettre, et des potentielles répercussions. Mais ce temps de réflexion était un luxe qu’elle n’avait pas, et dès que sa cible était tombée, elle courra vers le cheval en détresse, montant la bête et continuant la charge, dans l’espoir de retrouver le reste du groupe franc. Fonçant dans les bois, elles entendaient le bruit de chevaux en panique, de tirs aléatoires, et le cris d’hommes et de femmes en panique. Mais au travers du brouhaha général, elle entendit le son d’un clairon, deux notes lui indiquant la direction à prendre. Croisant un autre survivant à pied, elle l’empoigna sur sa route et le fit monter derrière elle, le duo continuant leur route par le sud-est.

Deux heures plus tard, le duo était seul dans la forêt, en déroute mais pas perdu. Le coéquipier d’Astrid, un jeune homme du nom de Quentin Lavignac, était blessé à la côte ayant été renversé par un ostérien, mais était assez conscient que pour pouvoir lire une carte et se servir d’un compas. Guidés par le soleil au travers des arbres, ils retrouvèrent le fleuve, qu’ils longèrent pendant deux jours avant d’arriver au soir d’un troisième jour de voyage au quartier d’opérations aux abords de Ponteria. Présent au camp étaient le 6e, 12e et 17e groupes francs, ainsi que les survivants du 13e. Parmi ces derniers, le capitaine Lamarque, blessé par une balle au ventre, Louvin, un bras piétiné par un cheval, Delamotte et Beersel légèrement entaillés aux bras mais sans trop de blessures, et une grosse cinquantaine d’autres chasseurs de tout rang confondu. Le 13e avait survécu, mais les effectifs avaient été réduits de moitié, une perte qu’Astrid ne pouvait s'empêcher de comparer à son expédition dans la brume.

Pendant quelques semaines, l’activité du camp est assez disparate. L’arrivée et le départ de plusieurs des groupes francs, ainsi que le va et vient de nombreux coureurs messagers, rend le suivi des effectifs difficile pour Astrid, n’ayant elle même peu de vue sur les nouvelles qui arrivent. Le 13e était stationné en réserve, soutenant l’infrastructure du camp. Après considération, Lamarque annula toute punition sur les troubleurs, et recommanda Astrid pour son ingéniosité, les rapports venant de groupes francs situés plus à l’Ouest de Oube annonçant un retard considérable entre les différents convois militaires et civils se dirigeant plus loin vers les ports de Cerdène.

Mais un après-midi, le ton globalement calme du quartier d’opération changea. Des rumeurs se mirent à courir qu’un messager venant de l’Empire était arrivé au matin, et que les capitaines présents avaient été coincés dans la tente de commandement pendant plusieurs heures. Vers 19h, le commandant du 4ème bataillon d’exploration, Jules Tanchet, annonça d’un ton mélangeant une certaine angoisse mais excitation, que le 1er Consul avait annoncé la guerre contre une coalition de forces sur Oldmont.

Caporal

Début Nérévard, pas plus d’une semaine après l’annonce du début du conflit (qui sera plus tard connu sous le nom de la Guerre de la Seconde Coalition), le capitaine Lamarque lui tendit une lettre signée par lieutenant-colonel Roisselet la promouvant au grade de caporal[9], accompagnée d’une paire de galons, qu’elle s’empressa de coudre les manches de sa veste. Si ce n’était que pour un instant, la jeune fille sentait une certaine fierté, voyant le regard légèrement incrédule mais approbateur d’une dizaine de soldats autour d’elle, notamment Lavignac. Mais les festivités furent brèves, un clairon sonnant le rassemblement pour les nouveaux ordres.

Guerre de la 2ème Coalition

en cours de rédaction, coming soon™

Aspirante

Ecole Militaire

en cours de rédaction, coming soon™

Stage

en cours de rédaction, coming soon™

Faits d'Armes Notoires

Distinctions et Décorations

Croix du Sang Versé

Brume du Lys - Mérolia 309

sans-cadre

Croix de Guerre

Seconde Coalition - 310-311

sans-cadre

  • Croix de Guerre avec agrafe "2e Coalition" (an 311)
    • Citation à l'ordre du Régiment (an 310)

Armoiries

Emblem de la Famille Mauxbaton-Beaumanoir.png

Liens et Références

Note: Astrid Beaumanoir est un personnage interprété par Xadrow.