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Le Tombeau

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HRP)

Le Tombeau est une carte aventure d'énigme et d'exploration qui permet de se plonger dans l'histoire de Prava, Une seule ile avec un donjon est présent avec plusieurs secrets cachés.


Le Tombeau

Extrait du livre, les "Yeux Rouges"[1] Branley était un petit enfant de neuf ans, et son rêve le plus fort était de devenir un aventurier, un explorateur, un guerrier. Il idolâtrait Crowley et espérait marcher dans ses pas.

Branley était le pire des chenapans ; sa mère lui courait sans cesse après, délaissant ses tâches pour retrouver son petit dernier. Ce n’était pas sa sœur aînée qui allait l’arrêter : au contraire, c’est elle qui lui fournissait distractions et conseils.

Il a ainsi appris à rester caché le temps que la voie se libère, et surtout il a appris à faire tout ce qui lui plaisait. Un jour, alors que le petit Branley avait fait une bêtise particulièrement alarmante, le chef du village lui-même s’est énervé. C’était pour le moins inhabituel, car voyez-vous, Branley était le fils du chef.

Celui-ci était souvent bien trop occupé pour s’enquérir de son fils, et c’était à sa mère qu’il revenait de l’élever. Mais cette fois-ci, l’enfant était allé trop loin. Il avait profité de l’inattention de sa mère, distraite par son nouveau né, pour s’engouffrer dans le bureau de son père et lui dérober quelques objets lui semblant fort singuliers.

Evidemment, il n’en avait pas compris l’importance et, jouant maladroitement avec le plus fragile d’entre eux, il détruisit un artefact ancien. Sa mère le retrouva enfin, et fut confrontée au tableau décevant de son fils et d’une des reliques les plus sacrées du village, brisée en mille morceaux. D’où l’intervention furieuse de son père.

Haut de ses neuf ans, outré et humilié par cette réprimande publique, Branley a alors décidé de se venger. Son plan était parfait. Il allait accomplir ce que personne n’avait jamais tenté. Trouver le village caché des singes de la montagne et revenir en héros, une troupe de singes pacifiques sur les talons. Son autorité, sa force et son esprit allaient réduire ces animaux à l’obéissance, plaçant les hommes en rois incontestés de la forêt.

Il imaginait déjà la scène : tous les villageois en larmes, hurlant leur adoration et lui donnant maintes récompenses. Le chef s’inclinant devant lui et lui offrant sa place de chef, sa mère s’excusant de s’être mise sur sa route et de lui avoir claqué la joue. Il voyait si bien ce qu’il se passerait qu’il n’a pas hésité une seconde de plus.

Le soir venu, alors que tout le monde dormait, Il a volé une pomme et s’en est allé en suivant son instinct d’aventurier. Il marcha longtemps avant que les bruits de la forêt ne lui agacent les oreilles. Il y était habitué, après tout. Les craquements l’inquiétaient peu, le hululement des chouettes lui donnait envie de siffler en cœur, et la faim ne le taraudait pas encore.

Branley était un enfant très courageux. Pourtant, quand il eut marché plus loin qu’il n’était jamais allé seul et qu’il s’arrêta enfin pour manger sa pomme, des frissons de peur lui escaladèrent l’échine. La nuit était encore forte et la lumière de la lune et des étoiles ne s’engouffrait plus à travers les hautes branches.

Le petit garçon avait marché tout droit, sans prendre garde au chemin emprunté habituellement par les chasseurs du village. Mais Branley était certain de pouvoir retrouver sa maison n’importe quand, aussi il décida de poursuivre sa route. Sans doute n’était-il plus très loin, il avait marché si longtemps ! Et effectivement, alors qu’il contournait un arbre particulièrement large, un caillou tomba à ses pieds.

Branley en trébucha de surprise et s’étala sur le sol. Il se figea en entendant d’étranges sons. Sans se relever, l’enfant leva la tête et les yeux et fouilla les branchages du regard. Il s’était bien adapté à l’obscurité, et le petit se sentit pâlir alors que ce qu’il voyait s’imprégnait bien dans sa rétine. Là où il avait cru ne voir que de simples ombres se trouvaient deux monstres. Deux monstres perchés dans les arbres, un nonchalamment étalé sur une branche haute, l’autre ne s’y retenant que d’une main. Tous deux le regardaient, et Branley aurait pu jurer qu’ils riaient à ses dépends.

Fort de ses résolutions de la journée, l’enfant se releva et s’épousseta. Il prit une grande inspiration et tenta de parler. Malheureusement, l’émotion était trop forte et il se sentit bégayer quelques mots que personne n’aurait pu entendre. Serrant les poings de frustration, Branley ramassa le caillou qui l’avait surpris et le brandit au-dessus de sa tête, dans ce qu’il espérait être une posture menaçante.

Aussitôt, le singe qui se retenait à la branche d’une main se laissa tomber, à deux mètres du petit humain. Comme Branley, l’être se tenait debout. A l’inverse de Branley, il était très grand ; au moins aussi grand que son père. Le singe se baissa et attrapa lui aussi un caillou, reproduisant le geste de l’enfant. Ses dents révélées brillaient dans le noir. Elles semblaient faites pour croquer de la chair fraîche.

Branley avait grandi dans la forêt. Il savait comment faire fuir un sanglier, comment éviter les serpents. Il savait qu’il ne devait pas tourner le dos à un prédateur, ni le provoquer d’une quelconque façon. Mais Branley était ici pour une raison, et il comptait bien atteindre son objectif.

Alors il s’avança et poussa un grand cri guerrier, pensant impressionner la bête. Celle-ci en lâcha son arme et recula d’un pas, les mains levées comme pour le repousser.

Branley était extatique. Il avait gagné ! Fort de sa victoire, il amorça un sourire quand il se sentit quitter le sol. Le deuxième singe, auquel il n’avait prêté aucune attention, s’était glissé derrière lui et l’avait empoigné. Il le soulevait aisément.

Branley paniquait, étranglé par la prise du monstre. Celui face à lui reprit une posture menaçante, et pire encore, moqueuse. Des bêtes sauvages ? Branley allait les vaincre par son intelligence ? Les deux singes l’avaient fait tourner en bourrique ! L’un jouant la peur et le distrayant pendant que l’autre se faufilait dans son dos !

Branley fut emporté par les singes.

A ce jour, nous ignorons encore ce qu’il est advenu de lui. Cependant, les recherches du village ont permis à ses habitants de retrouver une chaussure par ici, un morceau de tissu par là. On dit que ce dernier était recouvert de sang.

Ce qui est certain, c’est que les singes de la montagne sont très intelligents – peut-être autant que les hommes. Ils sont encore moins de simples bêtes sauvages que l’on peut apprivoiser ou vaincre seul. Si Branley avait écouté ses parents, sans doute serait-il encore en vie aujourd’hui.


  1. Par Anneloup Roncin