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Astrid Beaumanoir

6 950 octets ajoutés, 17 janvier 2023 à 19:21
Le 3 Démévent de l’an 309, le général Auxonne annonça que la 2e demi-brigade serait envoyée sur le continent d’'''Oldmont''', au nord des frontières impériales, pour une mission de reconnaissance massive des royaumes de la région. Les rumeurs courraient que de nombreux royaumes auraient décidés de s’alliés pour lancer une attaque contre le Consulat, et les demi-brigades avaient été convoqués pour étudier les lieux. Les groupes francs furent instruits de préparer un minimum de vivres et munitions possible pour une opération prévue de durer plusieurs mois. Au matin du 7 Démévent, le 13e groupe franc part en marche vers le [[Refuge de Pan]], un voyage prévu de durer une grosse semaine, où l’unité fait un stop pendant 2 jours, le temps de recevoir ses ordres définitifs, ainsi que d’assurer son transport de voyage.
 
Si la marche était moins animée que sa dernière sortie, la troupe retenant un sérieux constant auquel Astrid s'était rapidement habituée, elle ne pouvait se retenir de faire voyager ses pensées. Les premières étapes de la route lui étaient trop familières, et elle ne pouvait retenir de sentir son cœur monter dans sa gorge en voyant le pont de Novi menant vers les plaines d’[[Arcande]]. La nuit fut brève, mais la troupe reçut un dernier moment de répis avant la suite du voyage, et Astrid en profita pour rendre visite une fois de plus à l’église locale. A l’aube du lendemain, la troupe reprit son chemin, la marche poussée pour arriver aux abords de la forêt du Lys. Astrid ne put retenir l’angoisse en voyant les haut sapins devant elle, la brume rodant autour des troncs et fondant à la sortie du bois, couvrant les bottes des soldats d’une épaisse couverture nuageuse. Une partie d’elle voulait fuir le plus loin possible, abandonnant toute raison et contrôle de ses émotions. Les douze mois depuis son extirpation des griffes de la brume n’avaient pas réussi à effacer de sa mémoire les visages de ses anciens compagnons. Mais une autre partie d’elle, la nouvelle, imaginait les couleurs que pouvait émettre un brasier de cette ampleur, les étincelles illusoires scintillant dans ses yeux. Elle fut prise par surprise quand son sergent la rappela à l'ordre, la réveillant de sa stupeur, et qu’elle aida les autres troupiers à mettre en place leur tentes.
 
Le sommeil lui vint difficilement, ses pensées fixées sur sa nouvelle envie de mettre le feu à la forêt. Elle fantasmait sur la lumière qui en émanerait, la chaleur exsudée par le brasero, le cris des bestioles y existant qui agoniseraient sous le joug des flammes. Il y avait une certaine beauté dans l’imaginaire de la jeune fille, une scène presque idyllique d’un inferno divin ravageant la terre, les flammes engloutissant les démons de ses cauchemars. Bercée par le craquement d’un feu de camp pas loin de sa couche, elle s'endormit lentement.
 
Un clairon sonna à l’aube, annonçant l’arrivée d’un peloton de fusilier du 7e régiment qui servirait de guide. Le commandant Erazal avait décidé de venir en personne pour l’occasion, saluant la troupe et acquiesçant un léger signe de reconnaissance à Astrid au passage, un petit sourire au coin de ses lèvres. Une fois les tentes démontées, le contingent entra dans le bois. Le silence qu’Astrid avait appris à craindre les enveloppa, seul les pas de la troupe retentissant parmi les grands troncs. Convaincue que le groupe était surveillée, sa paranoïa n’ayant pas cessé depuis le moment qu’elle avait perdu son œil, elle tenait son fusil proche et ferme, prête à tirer au premier signe de danger. Son anxiété ne fut qu’amplifiée lorsque la colonne s’arrêta à un croisement. Au-devant de la troupe, le commandant était entré en discussion avec le capitaine, et l’attente n’était au goût de personne, et les guides du 7e commençaient à s’agiter un peu. Astrid reconnut aussitôt les signes: les regards furtifs d’un côté à l’autre, les mains crispées, les genoux légèrement fléchis… ces soldats avaient vécu une attaque, et ils savaient tout comme elle que rester posé au milieu du territoire ennemi était suicidaire. Mais au plus grand soulagement de l'adolescente, la troupe se remit en marche, prenant le sentier nord. Pas plus d’une heure plus tard, le soleil se montra au travers des branches dénudées, et la troupe sortit de la forêt, indemne. Erazal salua le 13e, et le peloton du 7e se remit en marche dans la brume. Au fond de sa pensée, Astrid se faisait une réflection morbide. Il y avait une grande chance qu’elle ne reverrait jamais aucun de ses guides, et l’idée même de cette réalisation lui donna la chair de poule.
 
Le 13e continua sa marche, jusqu'à faire escale aux abords du '''Fort Argos''', le quartier général de la [[Brigade des chasseurs de démons]], où le groupe fut accueilli sans fanfare par un capitaine impérial stationné sur place. Le repas du soir était plus généreux que d’habitude, les chasseurs généreusement cédant quelques fûts de vin '''provençal''' (un cuvé du [[Domaine de Rousset]]), et ce ne fut pas de refus pour les soldats. Le vin coulant à flot et la panse remplie de pain de soupe, la sociabilité du groupe augmenta considérablement, et Astrid se permit de flotter entre différents cercles sociaux, découvrant un peu les différents intérêts de ses compagnons de marche. Si elle n’était pas particulièrement intéressée par les jeux de cartes ou de dés, elle réussit à s’intégrer dans un groupe d’une grosse dizaine de jeunes soldats qui, sous la supervision d’un lieutenant des chasseurs de démons, s'apprêtaient à visiter le Fort Argos. Dans les confins des archives de la forteresse, une série de crâne et d’os avaient soigneusement été disposée dans des vitrines, trophées acquis lors d’une variété de [[Première guerre démoniaque|batailles]] contre les forces démoniaques. Le lieutenant racontait fièrement les épopées de la bataille de '''Freedland''' et les batailles d’'''Arkole''', pendant qu’Astrid étudiait un crâne intitulé "crâne de Lune démoniaque”. Elle ne put s'empêcher de frissonner au regard de l’os, l’idée même qu’une créature venant d’un autre monde la rappelant de la brume. Néanmoins, cet inconfort était accompagné d’une certaine chaleur, un rappel que l’Empire, après tout, luttait ardemment contre les aberrations de tout genre, y compris celles qui n'étaient pas de ce monde.
 
Au matin du 10 Démévent, le groupe-franc reprit la route. Les tambours et les clairons avaient été sortis, annonçant leur arrivée dans la banlieue ouest de Stendel, une démonstration de fanfare qu’Astrid n’avait pas encore vu hors des confins du fort Herobrine. Les habitants vinrent à leur rencontre, s'alignant sur les bords de route pour voir, certains ébahis, la troupe défiler sur les pavés impériaux. Certains s'étaient mit spectateurs depuis leur balcons, d’autres retenaient leurs enfants d’entraver la marche de la colonne. Ce qu’Astrid ne comprenait pas, c’était les étoiles dans les yeux des garçons, âgés de pas plus de 8 ou 9 ans, à la vue de la garde passer. Elle se dit que peut-être cette incompréhension venait des circonstances de son arrivée dans la garde, ou de son enfance passée loin du cœur de l’Empire. Au loin, elle aperçut les tours de Stendel, capitale de l’Empire. C’était le plus proche qu’elle avait été du siège impérial, n’en ayant qu’entendu des histoires dans sa jeunesse ou au feu de camp des volontaires. Mais la troupe prit la route de l’ouest, s’éloignant lentement des murailles, et s’installa en bordure de la banlieue pour la nuit.
(suite en cours de rédaction™)
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