Campagne des immaculés : Différence entre versions
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+ | [[Fichier:Campagne immacules 1.png|400px|vignette|Incendie du saint-siège provoqué par les troupes de la Garde à la fin de la campagne contre l'église de la veine noire]] | ||
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== Le contexte == | == Le contexte == | ||
Dans le courant de la décennie 250 du calendrier érachien naquit un culte particulièrement belliqueux nommé '''église de la veine noire''', dans la région des bas-plateaux. Cette région, située à plusieurs jours de cheval à l'est de Stendel, était connue pour être un point de passage commercial de premier ordre: la région était en effet fort montagneuse et la route qui suivait le fleuve de la veine-noire était une artère marchande fort prisée des caravanes. Malheureusement, l'église qui avait pris le nom de la rivière entreprit de bannir de la région tous ceux qui n'était ni de l'espèce humaine, ni de celle des elfes. De fait, certains commerçants non-humains eurent de plus en plus de mal à traverser la région, et se retrouvaient parfois pris à partie par la branche armée de l'église: les '''paladins immaculés'''. <br> | Dans le courant de la décennie 250 du calendrier érachien naquit un culte particulièrement belliqueux nommé '''église de la veine noire''', dans la région des bas-plateaux. Cette région, située à plusieurs jours de cheval à l'est de Stendel, était connue pour être un point de passage commercial de premier ordre: la région était en effet fort montagneuse et la route qui suivait le fleuve de la veine-noire était une artère marchande fort prisée des caravanes. Malheureusement, l'église qui avait pris le nom de la rivière entreprit de bannir de la région tous ceux qui n'était ni de l'espèce humaine, ni de celle des elfes. De fait, certains commerçants non-humains eurent de plus en plus de mal à traverser la région, et se retrouvaient parfois pris à partie par la branche armée de l'église: les '''paladins immaculés'''. <br> | ||
− | La situation ne cessa de | + | La situation ne cessa de se détériorer, tant et si bien qu'un premier conflit éclata. La région des bas-plateaux fut entièrement fermée, portant un coup d'arrêt au commerce dans le région. La région passa alors sous le contrôle de l'église, qui renforça les rangs de son armée. Les régions voisines ne tardèrent pas à hausser le ton et à faire savoir le mécontentement, mais toutes furent prises de court: l'église déclara la guerre à ses plus proches voisins dans ce qui devait être sa première croisade.<br> |
− | Au début de la décennie 260, l'influence de l'église dépassait donc largement les frontières de la région des bas-plateaux. La majeure partie des duchés et des petits royaumes qui l'entouraient avaient succombé à ses croisades et étaient désormais ses vassaux, et les rangs des paladins immaculés ne cessaient de croitre. La population non-humaine et non-elfe de cette partie du continent fut réduite à l' | + | Au début de la décennie 260, l'influence de l'église dépassait donc largement les frontières de la région des bas-plateaux. La majeure partie des duchés et des petits royaumes qui l'entouraient avaient succombé à ses croisades et étaient désormais ses vassaux, et les rangs des paladins immaculés ne cessaient de croitre. La population non-humaine et non-elfe de cette partie du continent fut réduite à l'exode, quand elle ne souffrait pas directement de massacres: les années passant, les croisades des paladins se firent de plus en plus violentes et sans pitié. Les raids et les exécutions devirent monnaie courante, et l'église de la veine-noire représentait désormais une menace trop importante pour les nations encore indépendantes qui la bordaient directement, à la seule exception de l'empire de Stendel qui était resté tout à fait neutre quant aux conflits de ce lointain voisin. De son coté, sachant pertinemment que l'empire était un adversaire bien trop conséquent pour entrer en conflit avec lui, l'église tâcha de s'en tenir éloignée, du moins pendant un temps.<br> |
== Belligérants == | == Belligérants == | ||
− | '''L'église de la veine noire''' est un culte pro humains et pro elfes fondé par l'archevêque '''Horace Dante Ier''', un ecclésiastique qui considérait les | + | '''L'église de la veine noire''' est un culte pro humains et pro elfes fondé par l'archevêque '''Horace Dante Ier''', un ecclésiastique qui considérait les espèces non humaines et non elfes comme les descendants des monstres qui avaient jadis rendu inhabitable la région des bas-plateaux. Ce dernier fut considéré comme fou par la plupart de ses contemporains.<br> |
− | A sa mort, il fut remplacé par son disciple le plus exalté qui prit le nom de '''Horace II'''. C'est ce dernier qui, souhaitant pousser jusqu'au bout les dogmes de son église, forma l'armée des '''paladins immaculés'''. C'est aussi lui qui | + | A sa mort, il fut remplacé par son disciple le plus exalté qui prit le nom de '''Horace II'''. C'est ce dernier qui, souhaitant pousser jusqu'au bout les dogmes de son église, forma l'armée des '''paladins immaculés'''. C'est aussi lui qui décida le lancement des croisades dans la région des bas plateaux, et qui supervisa les invasions des régions voisines. Il porte la responsabilité des massacres de plusieurs milliers de civils, sur près de quinze ans.<br> |
Les '''Paladins immaculés''' étaient à l'origine des nobles issus de la région des bas plateaux, et qui étaient en quête de gloire et d'aventure. On trouvait parmi eux de nombreux second-fils de familles, qui n'avaient pas hérité du titre de patriarche et qui se retrouvaient souvent sans réelle activité. Le temps passant, les rangs se garnirent également de bourgeois et de paysans, convertis par l'église.<br> | Les '''Paladins immaculés''' étaient à l'origine des nobles issus de la région des bas plateaux, et qui étaient en quête de gloire et d'aventure. On trouvait parmi eux de nombreux second-fils de familles, qui n'avaient pas hérité du titre de patriarche et qui se retrouvaient souvent sans réelle activité. Le temps passant, les rangs se garnirent également de bourgeois et de paysans, convertis par l'église.<br> | ||
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Tous les nobles ne partageaient pas la vision, courte, du roi; mais tous lui étaient fidèles par esprit de corps. Les plus aguerris des généraux, à commencer par le duc '''Von Bonlieux''', sentaient toutefois qu'une catastrophe couvait.<br> | Tous les nobles ne partageaient pas la vision, courte, du roi; mais tous lui étaient fidèles par esprit de corps. Les plus aguerris des généraux, à commencer par le duc '''Von Bonlieux''', sentaient toutefois qu'une catastrophe couvait.<br> | ||
− | Le '''Corps des maréchaux''' est un corps d'armée loyal à l'empire de Stendel et commandé par les Maréchaux [[Pencroff]] et [[Ghideon Zorn]]. Il s'agit d'une force d'élite, rompue aux arts de la guerre les plus récents. Le corps est composé d'une divison d'infanterie et d'une division de cavalerie, ainsi que d'éléments organiques d'artillerie et de génie. La spécificité de ce corps est sa grande mobilité: il est capable de parcourir de grandes distance en un temps particulièrement court, grâce à une gestion du ravitaillement optimisée et par une séparation des troupes en plusieurs colonnes lors des marches permettant de faciliter leur maintien. Les soldats du corps des maréchaux sont connus pour être de fervents impériaux, au point de griser souvent le fanatisme. Le corps est composé de toutes les strates de la société stendelienne, et de toutes les | + | Le '''Corps des maréchaux''' est un corps d'armée loyal à l'empire de Stendel et commandé par les Maréchaux [[Pencroff]] et [[Ghideon Zorn]]. Il s'agit d'une force d'élite, rompue aux arts de la guerre les plus récents. Le corps est composé d'une divison d'infanterie et d'une division de cavalerie, ainsi que d'éléments organiques d'artillerie et de génie. La spécificité de ce corps est sa grande mobilité: il est capable de parcourir de grandes distance en un temps particulièrement court, grâce à une gestion du ravitaillement optimisée et par une séparation des troupes en plusieurs colonnes lors des marches permettant de faciliter leur maintien. Les soldats du corps des maréchaux sont connus pour être de fervents impériaux, au point de griser souvent le fanatisme. Le corps est composé de toutes les strates de la société stendelienne, et de toutes les espèces vivant dans l'empire: Humains, elfes, nains, chimères, peaux-vertes et bien d'autres.<br> |
La '''Garde Volontaire''' est une armée loyaliste ayant prêté allégeance à l'empire de Stendel. Elle fut fondée par le maréchal [[Pencroff]] et est actuellement commandée par le maréchal [[Ghideon Zorn]]. La garde volontaire tire sa force de son organisation et de ses grandes capacités d'accélération logistique. Ses troupes sont professionnelles et aguerries, et se sont illustrées dans de nombreuses campagnes dont elles sont souvent revenues victorieuses. La seule et unique mission de la garde est de protéger les populations civiles impériales. Ce but est poursuivi avec un détermination absolue.<br> | La '''Garde Volontaire''' est une armée loyaliste ayant prêté allégeance à l'empire de Stendel. Elle fut fondée par le maréchal [[Pencroff]] et est actuellement commandée par le maréchal [[Ghideon Zorn]]. La garde volontaire tire sa force de son organisation et de ses grandes capacités d'accélération logistique. Ses troupes sont professionnelles et aguerries, et se sont illustrées dans de nombreuses campagnes dont elles sont souvent revenues victorieuses. La seule et unique mission de la garde est de protéger les populations civiles impériales. Ce but est poursuivi avec un détermination absolue.<br> | ||
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'''Massacre de Lupek''' (casus belli)<br> | '''Massacre de Lupek''' (casus belli)<br> | ||
− | Le 6 | + | Le 6 Holevent de l'an 265, une colonne de cavaliers de l'église de la lumière, qui participait à une campagne de croisade à l'ouest de la région des bas plateaux, se rapprocha dangereusement de la frontière impériale sans être repérée. Si leur objectif n'était pas d'entrer sur le territoire Stendelien, ce qui leur avait été proscrit par le grand évêché, une erreur de route les y conduisit. Les paladins de la veine-noire ne se rendirent compte de leur erreur que lorsqu'ils arrivèrent devant le village de Lupek, bourg principalement peuplé par une communauté de gnomes et de halfelins.<br> |
Ignorant les instructions de l'évêché, et pensant suivre les préceptes de leur culte; les paladins se résolurent à saccager le village. Ils se livrèrent donc au massacre de la population locale et au pillage de leurs biens, sans rencontrer aucune résistance. En effet, le village n'était pas doté de corps de gardes et la patrouille journalière de la garde impériale qui y passait n'était attendue que pour le soir.<br> | Ignorant les instructions de l'évêché, et pensant suivre les préceptes de leur culte; les paladins se résolurent à saccager le village. Ils se livrèrent donc au massacre de la population locale et au pillage de leurs biens, sans rencontrer aucune résistance. En effet, le village n'était pas doté de corps de gardes et la patrouille journalière de la garde impériale qui y passait n'était attendue que pour le soir.<br> | ||
Lorsque les gardes impériaux arrivèrent au village au crépuscule, les assaillants du village avaient déjà disparus, et la population avait été décimée. Dans les décombres d'une maison, les gardes retrouvèrent cependant deux enfants, cachés par leurs parents et qui avaient miraculeusement survécus. Ils furent tous les deux déclarés pupilles de l'empire et évacués.<br> | Lorsque les gardes impériaux arrivèrent au village au crépuscule, les assaillants du village avaient déjà disparus, et la population avait été décimée. Dans les décombres d'une maison, les gardes retrouvèrent cependant deux enfants, cachés par leurs parents et qui avaient miraculeusement survécus. Ils furent tous les deux déclarés pupilles de l'empire et évacués.<br> | ||
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'''Opérations de reconnaissance'''<br> | '''Opérations de reconnaissance'''<br> | ||
− | Après avoir passé la frontière le '''29 Holevent''', le corps entreprit de fouiller méticuleusement toute la région qui bordait le flanc est du territoire de Stendel. Le maréchal Pencroff comprit rapidement que les coupables, n'ayant pas revendiqué leur méfait, avaient sans doute cherché à s'éloigner autant que possible de la frontière. Il ordonna donc à son avant-garde de s'orienter plein-est, en direction de la région des bas plateaux. C'est durant cette marche que l'état-major acquit la certitude | + | Après avoir passé la frontière le '''29 Holevent''', le corps entreprit de fouiller méticuleusement toute la région qui bordait le flanc est du territoire de Stendel. Le maréchal Pencroff comprit rapidement que les coupables, n'ayant pas revendiqué leur méfait, avaient sans doute cherché à s'éloigner autant que possible de la frontière. Il ordonna donc à son avant-garde de s'orienter plein-est, en direction de la région des bas plateaux. C'est durant cette marche que l'état-major acquit la certitude que l'église de la veine-noire était liée au massacre: leurs préceptes étaient en effet connus de tous, et de nombreux civils croisés par les troupes firent part de la récente présence de paladins dans la région et de leur brusque disparition. La destination du corps était donc toute trouvée, et les quatre divisions reçurent l'ordre de marcher en direction des rives de la veine-noire, le fleuve qui donna son nom à l'église et qui longe la vallée des bas-plateaux. <br> |
− | Le '''53 Holevent 265''', alors que l'avant-garde poursuivait ses opérations d'éclairage aux devants du corps, une compagnie du '''régiment de dragons de Filranmel''' fit la rencontre impromptue d'une petite bannière de spadassins de la veine-noire. Le groupe, qui appartenait à l''''Ost des spadassins de la légion d'opale''', avait en effet monté son bivouac en bordure d'un étang, | + | Le '''53 Holevent 265''', alors que l'avant-garde poursuivait ses opérations d'éclairage aux devants du corps, une compagnie du '''régiment de dragons de Filranmel''' fit la rencontre impromptue d'une petite bannière de spadassins de la veine-noire. Le groupe, qui appartenait à l''''Ost des spadassins de la légion d'opale''', avait en effet monté son bivouac en bordure d'un étang, où il tenait l'arrière-garde de la légion d'opale, une des divisions de l'église de la veine-noire. Ne sachant pas si ils avaient affaire à des ennemis, les dragons tentèrent d'approcher le camp, mais déclenchèrent immédiatement un branle-bas de combat général de la part des spadassins. Leur réaction confirma aux dragons qu'il s'agissait bien d'ennemis, et l'assaut fut donné. Les dragons de Filranmel n'eurent que peu de mal à venir à bout de la centaine de fantassins légers, qui avait été surprise au repos et désorganisée. De la bannière, il ne subsista aucun survivant en mesure de donner l'alerte au reste de la légion d'opale, et les dragons trouvèrent dans les bagages d'un des officiers une série d'ordres et de missives qui leur indiqua la position des unités ennemies les plus proches. Quand la fouille des corps fut terminée, la compagnie de dragons se retira pour aller présenter ses découvertes à l'état-major au plus vite: ils savaient que l'avantage était de leur coté et que tant que la disparition des spadassins n'était pas remarquée, ils pouvaient profiter d'un certain effet de surprise.<br> |
'''Bataille du mont-sans-joie'''<br> | '''Bataille du mont-sans-joie'''<br> | ||
− | Le '''55 Holevent 265''', profitant des informations récupérées le | + | Le '''55 Holevent 265''', profitant des informations récupérées le 53 Holevent par les dragons, les troupes du corps des maréchaux entamèrent un mouvement offensif contre la légion d'opale, qui stationnait le long du fleuve de la veine-noire, non loin d'un lieu-dit nommé "Le mont-sans-joie". La légion, qui n'avait pas encore eu vent de la destruction de sa bannière de spadassins, bivouaquait en effet sur la rive, en désordre. Le Maréchal Pencroff ordonna à l'avant-garde du corps et à la première division de se préparer à l'assaut, tandis qu'il lançait la seconde division et l'arrière-garde plein-est, pour déborder la légion d'opale.<br> |
− | Au lever du jour, il fit donner l'assaut sur la rive, prenant de cours les forces adverses, surprises dès le réveil. Les 1er et 2e régiments de tirailleurs-grenadiers se ruèrent à la baïonnette sur les premiers ennemis, qui tombèrent sans opposer la moindre résistance. Puis, formant la ligne, les tirailleurs-grenadiers jetèrent sur le reste de la légion d'opale plusieurs salves meurtrières, qui achevèrent de semer la panique chez l'ennemi. Ces derniers, se retrouvant dans l'incapacité de se former en ordre de bataille, commencèrent à refluer en désordre le long de la rivière, qui les bordait sur la droite. Malheureusement, sur leur gauche, l'artillerie à cheval du maréchal | + | Au lever du jour, il fit donner l'assaut sur la rive, prenant de cours les forces adverses, surprises dès le réveil. Les 1er et 2e régiments de tirailleurs-grenadiers se ruèrent à la baïonnette sur les premiers ennemis, qui tombèrent sans opposer la moindre résistance. Puis, formant la ligne, les tirailleurs-grenadiers jetèrent sur le reste de la légion d'opale plusieurs salves meurtrières, qui achevèrent de semer la panique chez l'ennemi. Ces derniers, se retrouvant dans l'incapacité de se former en ordre de bataille, commencèrent à refluer en désordre le long de la rivière, qui les bordait sur la droite. Malheureusement, sur leur gauche, l'artillerie à cheval du maréchal Pencroff vint se disposer en batterie, et fit tomber sur eux une terrible pluie de métal. Poursuivies la baïonnette dans les reins, décimées par la mousquetade et par la mitraille; les troupes de la légion d'opale fondirent comme la cire d'une bougie à la flamme d'un brasier. En moins d'une heure, tous les spadassins et les anspessades avaient péri. Ne restait alors que la colonne de reconnaissance et les bacheliers, dont une partie avait eu l'occasion d'atteindre les chevaux et avait pris la fuite vers l'est. Malheureusement, ces derniers furent pris en chasse par les dragons de Filranmel et d'Asayaka, ainsi que par le régiment de maréchal-hussards commandé par le général Marceline de Bercheny. Un affrontement de cavalerie s'ensuivit, dans lequel le ban des bacheliers d'opale fut anéanti. Seul un fragment de la colonne inquisitrice d'opale, monté sur de plus vifs destriers, parvint à disparaitre dans l'épaisse forêt qui s'ouvrait à l'est.<br> |
Sur les coups de quinze heures, le maréchal Pencroff rappela ses cavaliers et rassembla la 1ère division. Il ordonna à l'avant-garde de rejoindre la 2e division, déjà partie vers l'est; et fit stopper l'arrière-garde pour que la 1ère division puisse la rattraper. Des documents de diverse importance furent saisis sur les corps des ennemis, dont une partie vint définitivement motiver la campagne: Il y était en effet mentionné que la légion d'opale était à l'origine du massacre de Lupek, et plus précisément la "colonne inquisitrice", dont une partie avait malheureusement pris la fuite. Le corps se remit en marche avant la nuit.<br> | Sur les coups de quinze heures, le maréchal Pencroff rappela ses cavaliers et rassembla la 1ère division. Il ordonna à l'avant-garde de rejoindre la 2e division, déjà partie vers l'est; et fit stopper l'arrière-garde pour que la 1ère division puisse la rattraper. Des documents de diverse importance furent saisis sur les corps des ennemis, dont une partie vint définitivement motiver la campagne: Il y était en effet mentionné que la légion d'opale était à l'origine du massacre de Lupek, et plus précisément la "colonne inquisitrice", dont une partie avait malheureusement pris la fuite. Le corps se remit en marche avant la nuit.<br> | ||
Du coté de l'église de la veine noire, il fallut attendre la tombée de la nuit pour que la nouvelle du massacre remonte à l'archevéché. Une profonde consternation ébranla les évêques, qui venaient de perdre dans ce combat près d'un sixième de leurs forces. Il semblait alors évident que les impériaux avaient compris leur implication dans le massacre de Lupek, et qu'une armée était en marche vers la région des bas-plateaux: l'heure n'était donc plus au repli mais à la contre-attaque. L'archevêque ordonna alors aux légions de granit et de jade de se porter à la rencontre de l'armée adverse, qui devait probablement croiser aux environs du mont-sans-joie.<br> | Du coté de l'église de la veine noire, il fallut attendre la tombée de la nuit pour que la nouvelle du massacre remonte à l'archevéché. Une profonde consternation ébranla les évêques, qui venaient de perdre dans ce combat près d'un sixième de leurs forces. Il semblait alors évident que les impériaux avaient compris leur implication dans le massacre de Lupek, et qu'une armée était en marche vers la région des bas-plateaux: l'heure n'était donc plus au repli mais à la contre-attaque. L'archevêque ordonna alors aux légions de granit et de jade de se porter à la rencontre de l'armée adverse, qui devait probablement croiser aux environs du mont-sans-joie.<br> | ||
− | Bilan de la bataille: '''Victoire et stratégique des impériaux''', destruction de la légion d'opale. Progression du corps des maréchaux vers la région des bas plateaux, en direction de l'est. Envoie de la légion de granit et de jade par l'église de la veine noire pour endiguer la progression impériale.<br> | + | Bilan de la bataille: '''Victoire tactique et stratégique des impériaux''', destruction de la légion d'opale. Progression du corps des maréchaux vers la région des bas plateaux, en direction de l'est. Envoie de la légion de granit et de jade par l'église de la veine noire pour endiguer la progression impériale. L'évêque Otto, commandant de la légion d'opale, est retrouvé blessé et succombe le lendemain de la bataille.<br> |
'''Bataille de Thelore'''<br> | '''Bataille de Thelore'''<br> | ||
− | Le '''3 Agrevent 265''', plus d'une semaine après la bataille du mont-sans-joie et suite à de nombreux mouvements prévisionnels opérés par les deux camps en vue de se rencontrer sur le terrain le plus propice, les légions de granit et de jade finirent par se lancer en direction du corps des maréchaux. Ce mouvement fut décidé après que les meneurs des deux légions eurent estimés que le corps des maréchaux se trouvait en assez fâcheuse posture pour ne pas pouvoir se défendre efficacement à cause du terrain sur lequel il s'était retiré: il n'en était en réalité tout autrement. En effet, il le relief des environs de Thelore semblait peu propice à un large déploiement de forces sur une ligne, il offrait au maréchal Pencroff la possibilité de scinder ses forces en trois, dans des positions ou chaque front serait indépendant des autres. Il pouvait également dissimuler une partie de ses troupes grâce à la complexité des dunes et collines, et avait entrepris de leurrer ses adversaires avec une fausse ligne défensive. Pendant plus de 48 heures, les sapeurs du corps et de nombreux soldats creusèrent des | + | Le '''3 Agrevent 265''', plus d'une semaine après la bataille du mont-sans-joie et suite à de nombreux mouvements prévisionnels opérés par les deux camps en vue de se rencontrer sur le terrain le plus propice, les légions de granit et de jade finirent par se lancer en direction du corps des maréchaux. Ce mouvement fut décidé après que les meneurs des deux légions eurent estimés que le corps des maréchaux se trouvait en assez fâcheuse posture pour ne pas pouvoir se défendre efficacement à cause du terrain sur lequel il s'était retiré: il n'en était en réalité tout autrement. En effet, il le relief des environs de Thelore semblait peu propice à un large déploiement de forces sur une ligne, il offrait au maréchal Pencroff la possibilité de scinder ses forces en trois, dans des positions ou chaque front serait indépendant des autres. Il pouvait également dissimuler une partie de ses troupes grâce à la complexité des dunes et collines, et avait entrepris de leurrer ses adversaires avec une fausse ligne défensive. Pendant plus de 48 heures, les sapeurs du corps et de nombreux soldats creusèrent des tranchées et bâtirent des redoutes où furent mises en batteries une bonne partie des bouches-à-feu du corps, de sorte à ce que l'ennemi, arrivant par l'est, ne croit avoir affaire à un réseau défensif complexe et bien garni: il n'en était rien: mais les canons ne devaient pas le leur laisser deviner avant que l'ennemi ne se soit trop exposé. Une fois les tranchées creusées, ce feux-centre défensif fut tout de même garni par les fantassins du 1er et 2e régiments de tirailleurs-grenadiers et par le régiment de vélites-carabiniers, soit près de 3 000 hommes qui allaient être le pivot du combat. Préventivement, le maréchal fit évacuer les habitants du village de Thelore dont la sécurité ne pouvait être garantie.<br> |
− | Aux environs de neuf heures, les deux légions se présentèrent à l'est du village. Comme prévu, elles entreprirent de se déployer face à ce qu'elles pensèrent être le gros des troupes du maréchal. Toute fois, prudentes, elles ne s'engagèrent pas toutes les deux dans le vallon: la légion de granit pris les devants, tandis que la légion de jade forma un arrière défensif hors de portée des canons. Le maréchal Pencroff, qui suivait ce mouvement depuis les redoutes, ordonna aux artilleurs de laisser la légion s'approcher, avant de débuter leur feu. Dans les tranchées, les vélites-carabiniers et les tirailleurs-grenadiers attendaient, leurs mousquets appuyés sur le parapet, que l'ordre leur soit donné de faire feu. Puis, quand le maréchal estima que l'ennemi s'était assez engagé, il fit donner le feu. La vingtaine de canons, disposés en "grande batterie", fit feu par salves de boulets de 6 à 8 livres sur les rangs ennemis que le terrain avait forcé à adopter un "ordre en profondeur". Chaque boulet eut donc un impact décuplé, certains projectiles emportant parfois plusieurs hommes d'un coup. La légion de granit ne perdit cependant pas pied, et poursuivit son avancée: elle était en effet composée de soldats particulièrement fanatiques, et était menée par un évêque parmi les plus charismatiques de l'église qui s'exposa au devant de ses hommes, embrasant ces derniers par son exemple. Les pertes de la légion furent terribles, mais elle menaça bientôt les tranchées | + | Aux environs de neuf heures, les deux légions se présentèrent à l'est du village. Comme prévu, elles entreprirent de se déployer face à ce qu'elles pensèrent être le gros des troupes du maréchal. Toute fois, prudentes, elles ne s'engagèrent pas toutes les deux dans le vallon: la légion de granit pris les devants, tandis que la légion de jade forma un arrière défensif hors de portée des canons. Le maréchal Pencroff, qui suivait ce mouvement depuis les redoutes, ordonna aux artilleurs de laisser la légion s'approcher, avant de débuter leur feu. Dans les tranchées, les vélites-carabiniers et les tirailleurs-grenadiers attendaient, leurs mousquets appuyés sur le parapet, que l'ordre leur soit donné de faire feu. Puis, quand le maréchal estima que l'ennemi s'était assez engagé, il fit donner le feu. La vingtaine de canons, disposés en "grande batterie", fit feu par salves de boulets de 6 à 8 livres sur les rangs ennemis que le terrain avait forcé à adopter un "ordre en profondeur". Chaque boulet eut donc un impact décuplé, certains projectiles emportant parfois plusieurs hommes d'un coup. La légion de granit ne perdit cependant pas pied, et poursuivit son avancée: elle était en effet composée de soldats particulièrement fanatiques, et était menée par un évêque parmi les plus charismatiques de l'église qui s'exposa au devant de ses hommes, embrasant ces derniers par son exemple. Les pertes de la légion furent terribles, mais elle menaça bientôt les tranchées où les soldats du maréchal la reçurent par une formidable mousquetade. Plusieurs fois, un formidable craquement déchira l'air, alors que les 3 000 mousquets vomissaient à l'unisson un nuage de fumée blanche qui venait s'élever en panaches saccadés dans le ciel. Pendant près d'une heure, les carabiniers et les grenadiers fixèrent l'ennemi sous ce feu terrible, mais ils ne parvinrent pas encore à faire débander cette légion qui se montrait si opiniâtre.<br> |
Voyant que la légion de granit était en difficulté, l'évêque de la légion de jade voulut lui prêter main-forte en lui envoyant une partie de son infanterie en soutien. Malheureusement, ce mouvement avait été attendu par le maréchal, qui dévoila alors ses deux divisions de combat, sa véritable force. Arrivant par le nord et par le sud, la 1e et la 2e division du corps des maréchaux fondirent sur la légion de jade, surprenant celle-ci dans son mouvement vers l'ouest. Grenadiers en tête, flanqués par des escadrons de dragons, les deux divisions se disposèrent en étau autour de la légion de jade, qui ne pouvait plus arrêter son propre mouvement en avant. Dans un ultime sursaut, comprenant que le centre du dispositif du corps des maréchaux n'était en fait qu'une formidable redoute de canons, certes bien défendue, mais néanmoins peu garnie; la légion de jade se jeta à la rencontre de la légion de granit, et se joint à elle pour tenter d'enfoncer les défenses du maréchal. Ce dernier, voyant les deux légions, éprouvées mais encore combatives, se ruer sur sa ligne; ordonna de fixer les baïonnettes et de faire passer les canons à mitraille. La bataille prit alors une intensité terrible: la mousquetade se poursuivit sous le tonnerre assourdissant des canons et le sifflement sinistre des éclats de métal qui se dissipaient dans les rangs ennemis. Puis, au moment suprême ou les deux légions allaient atteindre les tranchées, le feu des canons cessa, et laissa place à un hurlement. Face aux paladins épuisés et suffoquant dans la fumée de la poudre, le régiment de vélites-carabiniers sortit des tranchées, l'arme au bras. Son chef de corps, le lieutenant-colonel Fournier, mena l'assaut sabre en main; le visage noir de poudre. Criant à ses hommes "à la fourchette", il se rua en avant, suivi par ses fantassins. Une clameur terrible s'éleva alors dans le brouillard blanchâtre, tandis que les carabiniers et les paladins s'entretuaient à l'arme blanche. Voyant ce formidable combat, et conscient que cet élan allait emporter la décision de la bataille, le maréchal Pencroff rassembla avec lui les deux régiments de tirailleurs-grenadiers aux cris de "J'irai croiser le fer", une des devises du corps. Soutenu par cette vague vivante, il se jeta dans la mêlée. A l'est, les 1e et 2e divisions continuaient d'entamer la légion de jade par ses flancs, mais la fumée empêchait les grenadiers de viser clairement, et le corps à corps qui s'était engagé induisait un fort risque de tir-ami. Les deux divisions durent donc se cantonner à poursuivre leur encerclement de l'ennemi, mais ce dernier allait encore pouvoir compter sur un atout salutaire...<br> | Voyant que la légion de granit était en difficulté, l'évêque de la légion de jade voulut lui prêter main-forte en lui envoyant une partie de son infanterie en soutien. Malheureusement, ce mouvement avait été attendu par le maréchal, qui dévoila alors ses deux divisions de combat, sa véritable force. Arrivant par le nord et par le sud, la 1e et la 2e division du corps des maréchaux fondirent sur la légion de jade, surprenant celle-ci dans son mouvement vers l'ouest. Grenadiers en tête, flanqués par des escadrons de dragons, les deux divisions se disposèrent en étau autour de la légion de jade, qui ne pouvait plus arrêter son propre mouvement en avant. Dans un ultime sursaut, comprenant que le centre du dispositif du corps des maréchaux n'était en fait qu'une formidable redoute de canons, certes bien défendue, mais néanmoins peu garnie; la légion de jade se jeta à la rencontre de la légion de granit, et se joint à elle pour tenter d'enfoncer les défenses du maréchal. Ce dernier, voyant les deux légions, éprouvées mais encore combatives, se ruer sur sa ligne; ordonna de fixer les baïonnettes et de faire passer les canons à mitraille. La bataille prit alors une intensité terrible: la mousquetade se poursuivit sous le tonnerre assourdissant des canons et le sifflement sinistre des éclats de métal qui se dissipaient dans les rangs ennemis. Puis, au moment suprême ou les deux légions allaient atteindre les tranchées, le feu des canons cessa, et laissa place à un hurlement. Face aux paladins épuisés et suffoquant dans la fumée de la poudre, le régiment de vélites-carabiniers sortit des tranchées, l'arme au bras. Son chef de corps, le lieutenant-colonel Fournier, mena l'assaut sabre en main; le visage noir de poudre. Criant à ses hommes "à la fourchette", il se rua en avant, suivi par ses fantassins. Une clameur terrible s'éleva alors dans le brouillard blanchâtre, tandis que les carabiniers et les paladins s'entretuaient à l'arme blanche. Voyant ce formidable combat, et conscient que cet élan allait emporter la décision de la bataille, le maréchal Pencroff rassembla avec lui les deux régiments de tirailleurs-grenadiers aux cris de "J'irai croiser le fer", une des devises du corps. Soutenu par cette vague vivante, il se jeta dans la mêlée. A l'est, les 1e et 2e divisions continuaient d'entamer la légion de jade par ses flancs, mais la fumée empêchait les grenadiers de viser clairement, et le corps à corps qui s'était engagé induisait un fort risque de tir-ami. Les deux divisions durent donc se cantonner à poursuivre leur encerclement de l'ennemi, mais ce dernier allait encore pouvoir compter sur un atout salutaire...<br> | ||
− | En effet, vers seize heures, une colonne de cavaliers lourds fut signalée à l'est. Prévenus de l'engagement des légions de granit et de jade, et inquiétés par le manque de nouvelles du front, l'archevêché avait détaché l'Ost des chevaliers de la lumière, issu de la légion de l'ouest, pour l'envoyer en renfort. L'arrivée imprévue de cette puissante cavalerie lourde permit aux deux légions, durement ébranlées et partiellement encerclées de percevoir une porte de sortie sur leurs arrières, ou les divisions du maréchal ne pouvaient pas se permettre de tourner le dos à pareille cavalerie. Les grenadiers des maréchaux, comprenant que leur position sur l'arrière des deux légions était compromises, se reportèrent sur le nord et le sud, laissant une brèche à l'est, d'ou étaient venues les deux légions. Celles-ci, dans un ultime effort pour éviter l'anéantissement, rétrogradèrent en hâte. Laissant derrières elles leur infanterie, déjà en prise avec les fantassins du maréchal, les deux légions sauvèrent ainsi leur cavalerie, qui s'était maintenue sur les arrières des légions pour tenter de contenir les grenadiers. galopant au travers du vallon en direction des chevaliers de la lumière, les chevaliers d'opale et de granit se sauvèrent donc, suivis de près par une partie des bacheliers, plus éprouvés en pertes cependant. | + | En effet, vers seize heures, une colonne de cavaliers lourds fut signalée à l'est. Prévenus de l'engagement des légions de granit et de jade, et inquiétés par le manque de nouvelles du front, l'archevêché avait détaché l'Ost des chevaliers de la lumière, issu de la légion de l'ouest, pour l'envoyer en renfort. L'arrivée imprévue de cette puissante cavalerie lourde permit aux deux légions, durement ébranlées et partiellement encerclées de percevoir une porte de sortie sur leurs arrières, ou les divisions du maréchal ne pouvaient pas se permettre de tourner le dos à pareille cavalerie. Les grenadiers des maréchaux, comprenant que leur position sur l'arrière des deux légions était compromises, se reportèrent sur le nord et le sud, laissant une brèche à l'est, d'ou étaient venues les deux légions. Celles-ci, dans un ultime effort pour éviter l'anéantissement, rétrogradèrent en hâte. Laissant derrières elles leur infanterie, déjà en prise avec les fantassins du maréchal, les deux légions sauvèrent ainsi leur cavalerie, qui s'était maintenue sur les arrières des légions pour tenter de contenir les grenadiers. galopant au travers du vallon en direction des chevaliers de la lumière, les chevaliers d'opale et de granit se sauvèrent donc, suivis de près par une partie des bacheliers, plus éprouvés en pertes cependant. La majeure partie de la cavalerie des deux légions échappa ainsi aux combats, mais le maréchal n'avait pas dit son dernier mot. Si ses dragons étaient en effet occupés à achever l'infanterie des paladins, il disposait encore de deux régiments de cavalerie lourde: le régiment de maréchal-cuirassier et le régiment colonel-général de cavalerie. Ces derniers, maintenus en réserve, étaient en effet prêts à combattre: ils furent lancés à travers le vallon par le sud. Contournant les combats d'infanterie qui secouaient encore le champ de bataille, les cavaliers du maréchal se jetèrent à la rencontre des chevaliers et des bacheliers de l'église, qui furent un instant pris de court. Mais dans un élan héroïque, les bacheliers de la légion de jade et de granit firent volte-face, en contre-attaquèrent les cavaliers du maréchal; afin de permettre aux trois ost de chevaliers, soit 3 000 hommes, de quitter le champ de bataille. Evidemment, les bacheliers, qui étaient équipés en cavalerie légère, ne tinrent pas longtemps face à des cuirassier. Mais la disproportion de leur nombre, deux ost de mille homme contre deux régiments de cinq-cents hommes, leur permit de gagner suffisamment de temps pour que les chevaliers ne s'enfuient. Dans le vallon, les combats se terminaient.<br> |
Vers dix-huit heures, l'infanterie des légions de granit et de jade avait été totalement anéantie, et les bacheliers des deux légions avaient également péri sous les assauts des troupes du maréchal. Mais le bilan était également très lourd pour le corps des maréchaux. Si il avait pu dissoudre les deux légions, exception faites des chevaliers, son avant-garde avait été particulièrement éprouvée. Dans l'assaut d'infanterie et les combats qui s'en étaient suivis, le régiment de vélites-carabiniers avait perdu 200 hommes sur les 1 000 de son effectif. Pour sa bravoure à la tête de son unité, le lieutenant-colonel Fournier, qui avait été blessé à la poitrine par un coup de rapière, fut nommé Colonel sur le champ de bataille. Quant aux régiments de tirailleurs-grenadiers, ils avaient perdus chacun près d'un dixième de leurs forces. Les deux divisions, elles, engagées plus tardivement au corps-à-corps, avaient essuyé de moindres pertes et réussi à faire subir de très lourds dégâts à l'ennemi. En somme, le bilan était plus que favorable au maréchal: ses pertes, bien que tragiques, étaient sans commune mesure avec les milliers de cadavres que les légions de granit et de jade avaient laissés derrière elles. La victoire était consommée, mais la fuite de 3 000 chevaliers était tout de même préoccupante. On peut se surprendre d'ailleurs que la cavalerie des deux légions ait été si tardivement engagée, et que la cavalerie lourde se soit même soustraite au combat: de toute la bataille, la cavalerie des deux légions n'avait en effet joué qu'un rôle minime et n'avait presque rien tenté. Ce fait curieux tient sans doute dans la composition des rangs des chevaliers: il s'agit en effet des plus riches paladins, capables de posséder destrier et armure, et donc souvent issus de la noblesse locale. On comprend alors que l'église soit plus frileuse à engager, et surtout à risquer inutilement cette arme, pourtant si stratégiquement avantageuse.<br> | Vers dix-huit heures, l'infanterie des légions de granit et de jade avait été totalement anéantie, et les bacheliers des deux légions avaient également péri sous les assauts des troupes du maréchal. Mais le bilan était également très lourd pour le corps des maréchaux. Si il avait pu dissoudre les deux légions, exception faites des chevaliers, son avant-garde avait été particulièrement éprouvée. Dans l'assaut d'infanterie et les combats qui s'en étaient suivis, le régiment de vélites-carabiniers avait perdu 200 hommes sur les 1 000 de son effectif. Pour sa bravoure à la tête de son unité, le lieutenant-colonel Fournier, qui avait été blessé à la poitrine par un coup de rapière, fut nommé Colonel sur le champ de bataille. Quant aux régiments de tirailleurs-grenadiers, ils avaient perdus chacun près d'un dixième de leurs forces. Les deux divisions, elles, engagées plus tardivement au corps-à-corps, avaient essuyé de moindres pertes et réussi à faire subir de très lourds dégâts à l'ennemi. En somme, le bilan était plus que favorable au maréchal: ses pertes, bien que tragiques, étaient sans commune mesure avec les milliers de cadavres que les légions de granit et de jade avaient laissés derrière elles. La victoire était consommée, mais la fuite de 3 000 chevaliers était tout de même préoccupante. On peut se surprendre d'ailleurs que la cavalerie des deux légions ait été si tardivement engagée, et que la cavalerie lourde se soit même soustraite au combat: de toute la bataille, la cavalerie des deux légions n'avait en effet joué qu'un rôle minime et n'avait presque rien tenté. Ce fait curieux tient sans doute dans la composition des rangs des chevaliers: il s'agit en effet des plus riches paladins, capables de posséder destrier et armure, et donc souvent issus de la noblesse locale. On comprend alors que l'église soit plus frileuse à engager, et surtout à risquer inutilement cette arme, pourtant si stratégiquement avantageuse.<br> | ||
Ligne 104 : | Ligne 107 : | ||
Quand la nuit tomba sur Thelore, le maréchal rappela ses troupes et ordonna que l'on se prépare à marcher vers l'est. Les blessés les plus graves furent laissés aux habitants de Thelore, dont les propriétés avaient été protégées et qui acceptèrent volontiers de prêter main forte. Cette générosité de la population locale fut récompensée: avec ses blessés, le maréchal laissa une forte somme en pièces d'or, s'assurant ainsi du bon traitement de ses soldats que l'on reviendrait chercher après la campagne. Le colonel Fournier, blessé, fut désigné pour gérer cette garnison de blessés jusqu'au retour du corps; il laissa donc le commandement de son régiment au commandant Kelerman. Dès le surlendemain, le corps reprit sa marche. De leur coté, les chevaliers de la lumière, de granit et de jade se rassemblèrent en une colonne de 3 000 hommes, qui entama une retraite vers l'est, avant de pouvoir retenter un mouvement offensif.<br> | Quand la nuit tomba sur Thelore, le maréchal rappela ses troupes et ordonna que l'on se prépare à marcher vers l'est. Les blessés les plus graves furent laissés aux habitants de Thelore, dont les propriétés avaient été protégées et qui acceptèrent volontiers de prêter main forte. Cette générosité de la population locale fut récompensée: avec ses blessés, le maréchal laissa une forte somme en pièces d'or, s'assurant ainsi du bon traitement de ses soldats que l'on reviendrait chercher après la campagne. Le colonel Fournier, blessé, fut désigné pour gérer cette garnison de blessés jusqu'au retour du corps; il laissa donc le commandement de son régiment au commandant Kelerman. Dès le surlendemain, le corps reprit sa marche. De leur coté, les chevaliers de la lumière, de granit et de jade se rassemblèrent en une colonne de 3 000 hommes, qui entama une retraite vers l'est, avant de pouvoir retenter un mouvement offensif.<br> | ||
− | Bilan de la bataille: '''Victoire tactique et stratégique des impériaux''', destruction des légions de jade et de granit exception faite de leurs chevaliers. Création d'une "Colonne" de chevaliers de l'église de 3 000 hommes à partir des restes des deux légions détruites.<br> | + | Bilan de la bataille: '''Victoire tactique et stratégique des impériaux''', destruction des légions de jade et de granit exception faite de leurs chevaliers. Création d'une "Colonne" de chevaliers de l'église de 3 000 hommes à partir des restes des deux légions détruites. Les évêques Rudyas et Basilus, qui commandaient les deux légions, sont retrouvés morts sur le champ de bataille.<br> |
'''Bataille des moissons'''<br> | '''Bataille des moissons'''<br> | ||
− | Le '''22 Agrevent 265''', un nouvel affrontement d'envergure eut lieu entre le corps des maréchaux et les paladins de la veine-noire. En effet l'église, à la nouvelle de la destruction de ses dernières légions nomades, avait rassemblé ses deux dernières légions, les légions de l'est et de l'ouest, qui étaient vouées à la protection du territoire des bas-plateaux. A ces deux cohortes étaient venus se joindre les 3 000 chevaliers, formant ainsi une formidable ligne de défense qui était venue se ranger en ordre de bataille dans une plaine bordant la veine-noire. La précédente défaite essuyée par l'église à Thelore avait apprise à ses meneurs à se méfier des reliefs; ils avaient donc choisi, pour affronter une nouvelle fois les troupes du maréchal Pencroff, un terrain aussi plat que possible, et qui avait l'avantage d'être bordé sur le flanc sud par le fleuve.<br> | + | Le '''22 Agrevent 265''', un nouvel affrontement d'envergure eut lieu entre le corps des maréchaux et les paladins de la veine-noire. En effet l'église, à la nouvelle de la destruction de ses dernières légions nomades, avait rassemblé ses deux dernières légions, les légions de l'est et de l'ouest, qui étaient vouées à la protection du territoire des bas-plateaux. A ces deux cohortes étaient venus se joindre les 3 000 chevaliers survivants, formant ainsi une formidable ligne de défense qui était venue se ranger en ordre de bataille dans une plaine bordant la veine-noire. La précédente défaite essuyée par l'église à Thelore avait apprise à ses meneurs à se méfier des reliefs; ils avaient donc choisi, pour affronter une nouvelle fois les troupes du maréchal Pencroff, un terrain aussi plat que possible, et qui avait l'avantage d'être bordé sur le flanc sud par le fleuve.<br> |
− | Le maréchal Pencroff, que les éclaireurs avaient renseigné sur la disposition des deux légions ennemies, avait | + | Le maréchal Pencroff, que les éclaireurs avaient renseigné sur la disposition des deux légions ennemies, avait ralenti sa marche pour laisser son ennemi se déployer. Il savait qu'une fois les deux légions disposées en ordre de bataille, il aurait l'avantage de l'initiative par le mouvement de ses divisions Il pourrait alors lancer une attaque de front avec l'une de ses divisions, tandis que l'autre tenterait un contournement par le nord, en cherchant à rompre l'aile droite de l'ennemi pour la replier sur son centre et, si la chance le permettait, pousser le centre jusqu'à ce qu'il soit dos à la rivière.<br> |
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− | + | Vers six heures du matin, les 1e et 2e division du corps des maréchaux, appuyées par l'artillerie du corps, se présentèrent donc par l'ouest, face à la ligne de défense ennemie. Ces deux divisions n'étaient alors composées que des deux régiments d'impérial-grenadier, des deux régiments de fusiliers-grenadiers et du régiment de vélites-carabiniers; soutenus par les deux régiments de cavalerie lourde du corps, pour un total de 5 000 fantassins et 1 000 cavaliers. La cavalerie organique des deux divisions, à savoir les régiments de dragons d'asayaka et de threa-thaesi, avait été soustraite à ses unités d'origine pour renforcer la division d'avant-garde, à qui avait été confié la tâche d'opérer le débordement par le nord avec les deux régiments de tirailleurs-grenadiers, les deux régiments de hussards du corps et le régiment de dragons de Filranmel; formant une colonne de 2 000 fantassins pour 2 500 cavaliers. L'avant-garde, qui devait n'entrer en jeu qu'une fois le combat engagé et l'ennemi fixé, se tenait alors en retrait sur le flanc gauche du corps des maréchaux. Le Maréchal Pencroff, qui tenait cette fois à accompagner l'effort qui se voulait décisif au nord, se joignit avec ses mousquetaires à la brigade de hussards, dont il confia le commandement au colonel Armand d'Hubert.<br> | |
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− | + | Vers huit heures, les deux divisions d'infanterie du maréchal se lancèrent en avant, en direction des lignes défensives des légions de l'église, qui s'étaient mises à couvert derrière des redoutes de terre. Ayant eu l'occasion de constater avec amertume l’infériorité de son infanterie, taillée pour le combat au corps à corps, contre celle du corps des maréchaux; l'église avait fait le choix de ne pas exposer tout de suite ses fantassins. Elle comptait également sur les 4 000 chevaliers et 2 000 bacheliers que comptaient ses rangs depuis le ralliement des 3 000 chevaliers rescapés de Thelore, et ces derniers étaient bien déterminés à combattre durant cette journée pour venger l'affront qui leur avait été fait lors de leur dernier combat. Le maréchal Pencroff s'attendait également à ce que les légions de l'église fassent usage de sa nombreuse et puissante cavalerie lourde, raison pour laquelle il avait laissé les régiments de maréchal-cuirassiers et de colonel-général-cavalerie en appui de son infanterie. Mais il savait également que ses fantassins allaient avoir un avantage de taille sur leurs adversaires si ces derniers n'accompagnaient pas leurs cavaliers par un appui d'infanterie suffisant, et il comptait sur l'égo des chevaliers, humiliés par leur fuite du champ de bataille précédent, pour motiver ces derniers à des mouvements inconsidérés. En cette matière, il semble qu'il avait vu particulièrement juste.<br> | |
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− | + | Quand les divisions d'infanterie du maréchal, disposées en lignes par bataillons, arrivèrent au centre de la plaine, au milieu de ce qui semblait être des champs de blé fraichement labouré; la ligne de défense des légions sembla s'ouvrir, laissant en son centre une large brèche aux allures de couloir. Cinq-cents mètres séparaient encore les deux armées, mais le sol commença à trembler. Comme l'avait anticipé le maréchal, l'église s'était décidée à utiliser à son avantage ses troupes les plus puissantes et les plus fanatiques; et près de 6 000 cavaliers, dont 4 000 hommes en armure, vinrent former un véritable mur de centaures devant les 5 000 fantassins et 1 000 cavaliers du maréchal. A la vue de ces lignes de cavaliers, les fantassins ressérèrent leur étreinte autour de leur mousquets. Les lignes s'arrêtèrent brutalement, au centre des champs, complètement à découvert. Les fantassins du maréchal formaient alors deux lignes disposées l'une derrière l'autre: la première était formée des deux régiments d'impérial-grenadiers et du régiment de vélites-carabinier; et la seconde des deux régiments de fusiliers-grenadiers. Brutalement, ces deux lignes se scindèrent en deux lignes chacune: un bataillon de chaque régiment s'avança, tandis que l'autre rétrograda, de manière à ce que deux lignes en dents-de-scie furet formées. Les chevaliers et les bacheliers de l'église ne comprirent pas ce mouvement, que la distance et leur point de vue ne permettait pas de bien figurer. Ils saisirent cependant que les fantassins du maréchal adoptaient là leur poste de combat et qu'ils ne comptaient pas se rapprocher d'avantage: l'heure était venue de charger.<br> | |
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+ | Il était alors neuf heures. Les chevaliers, l'épée au poing, se disposèrent sur deux lignes de deux ost chacune, chaque ost étant replié sur deux rangs de manière à ce que le front soit composé de 1 000 cavaliers. Derrière les chevaliers, les deux osts de bacheliers se disposèrent de manière à le suivre de près pour sabrer les fantassins ayant échappé aux quatre premiers rangs de l'attaque. Puis, quand tout fut en place, l'évêque louis le grand, un des plus fervents meneurs de l'église, vint se poster au devant des chevaliers. D'un geste de main, ce dernier lança les 6 000 cavaliers au pas, en avant, à l'assaut des lignes du corps des maréchaux.<br> | ||
+ | Cependant les fantassins du maréchal, voyant la cavalerie ennemie avancer vers eux, ne se démontèrent pas. Au contraire, comme si ils avaient attendus ce signal, ils se mirent en mouvement. Comme un seul homme, chaque bataillon, les uns autour de leur colonel et les autres autour d'un commandant, formèrent des carrés d'infanterie: formation fixe composée de quatre lignes de fantassins, par compagnies, se tournant le dos pour faire front sur tous les cotés. Cette formation, éprouvée par les campagnes de la garde volontaire, avait en effet spécialement été pensée pour prémunir les unités d'infanterie contre les assauts de forces montées. Les chevaliers de l'église, dont la plupart étaient nobles et ne portaient les armes que depuis la création des paladins immaculés, ne connaissaient que peu de choses aux arts militaires et ne comprirent pas ce mouvement: il allait leur en couter.<br> | ||
+ | Quand les chevaliers ne furent plus qu'à cent mètres des carrés d'infanterie des maréchaux, ils se lancèrent au galop de charge. Plusieurs salves de mousquets claquèrent en direction des chevaliers, dont une poignée s'écroula avant d'être piétinée par les autres cavaliers. Enfin, les chevaliers arrivèrent à hauteur des carrés, qu'ils submergèrent immédiatement, pénétrant dans les interstices qui s'ouvraient entre chaque carré, et s'enfonçant dans les lignes du corps des maréchaux.<br> | ||
+ | Malheureusement pour les chevaliers, leur mouvement avait justement été prévu et le piège se referma sur eux. Engagés entre les carrés qui étaient disposés en damier, les chevaliers se retrouvèrent rapidement empêtrés dans les lignes des fantassins, qui restaient immobiles. Pire, ces mêmes fantassins, brandissant leurs baïonnettes de manière à faire de chaque carré une sorte de hérisson, semblaient intouchables. Les chevaux se refusèrent en effet à s'approcher trop près de ces murs de lames, et les chevaliers, ralentis voir immobilisés par la masse, étaient des cibles faciles pour l'infanterie qui les arquebusaient sans discontinuer. Les coups de mousquets claquèrent de toutes les directions, chaque carré faisant feu de ses quatre faces sur les chevaliers ou sur leurs montures, qui ne pouvaient plus reculer. Ces derniers, qui ne disposaient pas d'armes à la portée suffisante pour atteindre les soldats dans les carrés, ne pouvaient rien faire pour se prémunir des feux mortels qui pleuvaient sur eux; et juchés sur leurs hautes montures, ils faisaient des cibles de choix, particulièrement immanquables. Certains chevaliers, par chance et par hardiesse, parvinrent à pénétrer les carrés en poussant leurs montures à bout. Mais arrivés au centre de la formation, ils se retrouvaient encerclés par les quatre murs de fantassins, qui les abattaient immédiatement. Le général Bondaulde, qui commandait habituellement la brigade d'imperial-grenadiers et qui tenait le premier rang des lignes des maréchaux, sabra à lui seul près de huit chevaliers, et éventra quatre chevaux.<br> | ||
+ | Témoins de ce carnage, les 2 000 bacheliers, qui se trouvaient derrière les chevaliers, se détournèrent pour tenter un contournement par le nord des lignes. Mais, alors qu'ils entreprenaient ce contournement pour tenter de faire céder les carrés, ils rencontrèrent les deux régiments de cavalerie de réserve des maréchaux, qui se ruèrent sur eux. Un violent combat de cavalerie se déclencha au nord des carrés d'infanterie, durant lequel les cuirassiers et les grenadiers-à-cheval se rendirent maitres des bacheliers, qui durent battre en retraite l'épée dans les reins. Voyant leurs ennemis prendre la fuite, le régiment de maréchal-cuirassiers se lança en effet à leur poursuite, tandis que le régiment de colonel-général-cavalerie se portait au devant des carrés, pour empêcher la retraite des chevaliers.<br> | ||
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+ | Vers dix heures, constatant l'échec cuisant de leur mouvement de cavalerie et le risque de leur annihilation, les deux légions se décidèrent à quitter leurs redoutes pour appuyer leur charge par leurs unités d'infanterie. malheureusement, à l'instant ou ils quittèrent leurs abris, les deux régiments de tirailleurs-grenadiers, qui avaient contourné par le nord, apparurent sur leur flanc. Pire, les trois régiments de dragons du maréchal suivaient ce mouvement et menaçaient l'infanterie des légions, qui étaient déployées vers l'ouest et se trouvaient en plein mouvement. Les tirailleurs-grenadiers, déployés sur quatre lignes de bataillons, entamèrent une progression par roulement, tirant une salve et avançant tour à tour. Ce mouvement, effectué sur un flanc des lignes des légions, fixa la droite de leur ligne, alors que le flanc gauche qui se trouvait du coté du fleuve poursuivait son avancée. L'évêque Ulysse, comprenant qu'il fallait immédiatement cesser la marche en avant au risque d'être complètement flanqués; fit passer l'ordre de s'arrêter sur toute la ligne, et ordonna à toute l'infanterie de la légion de l'ouest, sur le flanc droit, de se déployer face aux tirailleurs du maréchal. Il ordonna ensuite à la légion de l'est de se replier sur les redoutes, avant que les 1 500 dragons du maréchal ne lui coupent la voie. Ce mouvement inégal des deux légions, l'une se fixant vers le nord et l'autre rétrogradant vers l'est, créa une brèche entre leurs deux lignes.<br> | ||
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+ | Vers onze heures, le maréchal Pencroff, qui venait de déboucher derrière les tirailleurs avec ses deux régiments de hussards, remarqua la brèche et fit mouvement vers elle, tout en ordonnant aux dragons de se placer au centre de la plaine, pour empêcher définitivement toute retraite des chevaliers et des bacheliers pris dans le piège des carrés d'infanterie. Puis, approchant de la brèche, il lança ses hussards au galop pour forcer le passage, et se positionner entre les deux légions. Il n'avait alors que 1 000 cavaliers avec lui, mais savait que l'ennemi, dont les lignes étaient au bord de la rupture, céderait si la communication entre ses deux légions venait à être rompue. En effet, quand ils virent les hussards du maréchal se ruer vers la brèche, les évêques des deux légions perdirent le contrôle de leurs lignes. Les anspessades rouges, des fantassins légers qui tenaient tant bien que mal le rôle de chainon entre les deux légions, furent violemment prises à partie par les hussards et partiellement massacrés. Une partie d'entre eux fut prise de panique et se débanda, entrainant avec elle toute la légion de l'ouest, qui subissait depuis plus d'une heure déjà le feu des tirailleurs-grenadiers. Toute la légion de l'ouest reflua donc en désordre vers l'arrière des lignes de l'église, à l'est, laissant la légion de l'est isolée au bord du fleuve de la veine noire. Cette dernière légion, constatant la retraite de son alliée, n'eut d'autre choix que de rétrograder, en bon ordre cette fois, tenue par l'évêque Ulysse. constatant ce mouvement, le Maréchal ordonna aux tirailleurs-grenadiers de venir se ranger dans la plaine, aux cotés des dragons, et d'y former le carré. Les chevaliers et les bacheliers des légions étaient définitivement perdus et privés du soutien de leurs troupes, et le maréchal se rapprocha à plusieurs reprises des fuyards avec ses hussards, pour les empêcher de se reformer. Cependant, considérant que l'infanterie des deux légions était encore bien trop nombreuse et que ses propres lignes étaient immobilisées, il ne put se résoudre à poursuivre, et laissa s'échapper les anspessades et spadassins qui ne demandèrent pas leur reste.<br> | ||
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+ | Vers midi, alors que le soleil arrivait à son zenith, il ne restait dans la plaine que le corps des maréchaux et les derniers chevaliers, condamnés à une perte inévitable au milieu des carrés d'infanterie. Les bacheliers, eux, avaient tous été massacrés par les régiments de cavalerie de réserve du corps, qui n'avait en retour essuyé que peu de pertes. Plusieurs chevaliers, leur monture tuée, réussirent à s'extraire à pieds des carrés d'infanterie et tentèrent de fuir, mais furent abattus par les dragons, qui riaient de voir ces paladins couverts de boue tenter de s'enfuir à toutes jambes. De plus, les ordres du maréchal étaient formels: les soldats de l'église de la veine-noire n'avaient pas accordé la moindre pitié aux habitants de Lupek, aucune pitié ne leur serait donc accordée en retour.<br> | ||
+ | Ralliant les dragons, le maréchal ordonna au régiment de vélites-hussards de suivre, à distance raisonnable, les deux légions en fuite pour connaitre leurs mouvements. Enfin, menant son cheval près des carrés, il assista à la chute des derniers paladins.<br> | ||
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+ | Vers quatorze heures, la bataille était définitivement gagnée. Les champs de la plaine étaient couverts de cadavres, dont une large proportions de paladins immaculés. Le corps des maréchaux eut tout de même à souffrir de lourdes pertes, près de 500 tués et blessés; mais son tribut était bien moindre que celui des deux légions de l'église qui avaient perdu leurs 6 000 cavaliers, soit presque toute leur cavalerie, et près de 500 fantassins. Le combat s'étant largement déroulé au corps-à-corps, le maréchal avait pu économiser ses ressources d'artillerie: il avait en effet hésité à accompagner l'infanterie de batterie d'artilleries mais avait renoncé devant le risque de voir ses canons détruits par les chevaliers, et leurs équipages anéantis.<br> | ||
+ | En somme, la victoire était consommée mais, immobilisé dans la plaine par l'affrontement qui s'y était déroulé durant toute la bataille, le maréchal n'avait pu poursuivre efficacement l'infanterie de l'église qui se repliait désormais à marche forcée et qui lui avait échappé. Privées de cavalerie, les troupes de la veine noire ne représentaient plus qu'un danger relatif, et elles semblaient tenter de regagner le fief de l'église. Le corps des maréchaux ne se lança donc pas à leur suite, mais passa la nuit sur le champ de bataille à se réorganiser et à traiter ses blessés, confiant aux hussards la charge de suivre les mouvements ennemis.<br> | ||
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+ | Bilan de la bataille: '''Victoire tactique et stratégique des impériaux''', lourdes pertes des deux cotés mais repli des légions de l'est et de l'ouest. Destruction presque entière de la cavalerie de l'église.<br> | ||
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+ | '''Interlude'''<br> | ||
+ | Dans les jours qui suivirent la bataille des moissons, il n'y eut aucun mouvement offensif de la part des belligérants, qui profitèrent de ce temps mort pour panser leurs plaies et se réorganiser.<br> | ||
+ | Du coté de l'église de la veine-noire, la perte de la cavalerie, et plus particulièrement de la cavalerie lourde majoritairement composée de jeunes nobles; avait eu des conséquences tragiques tant sur le moral des troupes que sur les capacités offensives de l'armée. Privée de ses éléments les plus fanatiques et les plus prestigieux, l'église se retrouvait également fort limitée dans les capacités de reconnaissance, et était donc particulièrement vulnérable. Elle n'eut d'autre choix que de faire replier les restes des légions de l'est et de l'ouest vers le saint-siège pour en préparer la défense, tout en cherchant une solution d'urgence pour endiguer la progression du corps des maréchaux.<br> | ||
+ | Cette solution se présenta, à leur grand regret, au travers du trésor de guerre accumulé par l'église au gré des pillages. En effet, ces richesses allaient leur permettre de se faire un allié: le royaume de Fersen, qui se trouvait au nord de la région des bas plateaux.<br> | ||
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+ | Le Royaume de Fersen, pays directement voisin des territoires de l'église de la veine-noire, se trouvait en effet dans une fâcheuse posture économique depuis plusieurs années, du fait de mauvaises récoltes et d'un commerce mal organisé. La pression populaire avait longtemps fait planer sur le royaume la menace d'une insurrection, que la création de l'église de la veine noire avait heureusement résorbée en désignant aux habitants en colère un coupable tout désigné à leurs malheurs au travers de ses ennemis de l'église. De nombreux jeunes nobles du royaume de Fersen s'éteint alors engagés aux cotés des paladins immaculés, tandis que les pillages successifs de l'église avaient permis de compenser les mauvaises récoltes du royaume grâce à un partenariat commercial salutaire. Les relations entre l'église et le royaume étaient donc favorables, mais le roi de Fersen n'avait cependant jamais annoncé d'alliance avec ses voisins.<br> | ||
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+ | Après ses récentes défaites, l'église se tourna naturellement vers le royaume de Fersen, qui tenta de gagner du temps, ne souhaitant pas s'engager dans un conflit armé alors que la paix sociale du royaume était encore précaire. Devant les hésitations de son voisin, l'église eut donc recourt à son trésor de guerre, et proposa au roi de Fersen une conséquente compensation en échange de son entrée en guerre à ses cotés. Une somme faramineuse, à la hauteur du désespoir de l'église, fut engagée et eut raison des réticences du roi de Fersen: L'alliance fut signée, l'armée du royaume de Fersen allait prêter main forte à l'église de la veine noire.<br> | ||
+ | La nouvelle fut accueillie par de vives acclamations dans le camp de l'église, qui voyait de ce renfort de dernière minute l'occasion de vaincre les troupes du maréchal Pencroff, que l'on savait éreintées par les batailles et les marches. Malgré la cascade de défaites que l'église avait essuyée, le moral remonta donc en flèche, et les émissaires du royaume de Fersen furent accueillis en héros, quand ces derniers vinrent au saint siège annoncer l'arrivée imminente de leurs légions par les montagnes du nord.<br> | ||
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+ | Du coté du corps des maréchaux, la situation était différente. N'ayant pu poursuivre les légions de l'est et de l'ouest qui avaient fui le front, il avait rassemblé ses divisions au bord du fleuve ou s'était déroulée la bataille des moissons. Puis, une fois ses blessés traités ou évacués et ses effectifs réorganisés, ce qui avait pris plusieurs jours, il lança ses divisions en direction du saint-siège; mais sans s'y précipiter. Effectivement, ses avants étaient toujours éclairés par le régiment de vélites-hussards qui fournissait à l'état-major d'abondants renseignements sur les positions de l'ennemi et sur leur situation: le maréchal Pencroff apprit donc rapidement la formulation d'une alliance entre le royaume de Fersen et l'église de la veine-noire. L'heure n'était pas à la précipitation, et le maréchal, bien que certain de la qualité supérieure de ses troupes, ne souhaitait pas s'engager à plus d'un contre deux dans une nouvelle campagne. Ses troupes restèrent donc hors de portée, et surtout de vue, du fief de l'église; et il se résolut à demander du renfort afin d'égaliser le rapport de force et de s'assurer une victoire moins coûteuse en vies.<br> | ||
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+ | Naturellement, la maréchal se tourna vers la '''Garde Volontaire''', qui avait été mise en alerte après le massacre de Lupek et attendait l'ordre de se mettre en marche. Le maréchal Ghideon Zorn, qui était resté en capitale pour préparer ce nouveau contingent, avait en effet formé un corps d'armée provisoire dont il avait donné le commandement au général '''Wendy Marvel'''. Quand la demande de renfort du maréchal Pencroff parvint au maréchal Zorn, ce dernier ordonna donc au corps provisoire de se mettre en marche; et décida de rejoindre le maréchal pencroff sur la zone d'opérations. Arrivant de la capitale de Stendel et accompagné de son seul état-major, il devança le corps de la garde volontaire et arriva au contact du corps des maréchaux le 51 Agrevent. Les deux maréchaux prirent alors chacun le commandement d'une division du corps, en attendant le renfort imminent de la garde volontaire.<br> | ||
'''Bataille de Passeroche'''<br> | '''Bataille de Passeroche'''<br> | ||
− | ''' | + | Le '''54 Agrevent 265''', Quelques jours avant l'arrivée des renforts de la garde volontaire, les éclaireurs du régiment de vélites-hussards alertèrent l'état-major du corps des maréchaux le l'imminence de l'arrivée de troupes du royaume de Fersen par les montagnes du nord. Cette arrivée impromptue de renforts ennemis n'ébranla pas les maréchaux, mais ceux-ci se retrouvèrent dans la situation désagréable de devoir gérer deux fronts: les restes de l'armée de l'église qui gravitaient à l'est autour du saint-siège et cette nouvelle armée qui allait déboucher par les montagnes du nord.<br> |
− | Le '''56 Agrevent 265''', | + | Les deux maréchaux n'allaient donc avoir d'autre choix que de se séparer en deux divisions, la 1ère division faisant face aux troupes de l'église et la 2e allant à la rencontre les forces du royaume de Fersen.<br> |
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+ | D'après les renseignements des vélites-hussards, les forces du royaume de Fersen, qui semblaient être une avant-garde, étaient composées d'un peu plus de 5 000 hommes. Pour rejoindre le théatre des opérations, ces troupes allaient devoir emprunter un passage étroit situé dans les montagnes, nommé "'''Col de Passeroche'''". Cette route étroite, bordée de montagnes, allait être un atout de taille pour la 2e division des maréchaux, dont le maréchal Zorn avait pris le commandement. Ce dernier, qui ordonna immédiatement à ses troupes de gagner le col à marche forcée, comptait en effet arriver à l'issue du col avant ses ennemis pour leur barrer la route alors que ces derniers seraient encore engagés entre les reliefs; ce qui les empêcherait de se déployer entièrement, facilitant l'emploi de l'artillerie.<br> | ||
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+ | Le '''56 Agrevent 265''', vers 6 heures du matin et après deux longues journées de marche, la 2e division du corps des maréchaux, commandée par le maréchal Ghideon Zorn, se présenta à la sortie du col de passeroche.<br> | ||
+ | Visiblement en avance sur son adversaire, que les hussards annonçaient encore à une demi-journée de marche; le maréchal Zorn eut alors tout le loisir de déployer ses forces, et notamment ses 10 canons d'artillerie à cheval. Il forma alors un véritable entonnoir garni de soldats, et disposa ses canons de manière à dispenser des feux suivant un axe de tir concave en direction du col. Il n'avait alors que 2 000 fantassins et 1000 cavaliers, contre les 5 à 6 000 fantassins et 1000 cavaliers de la légion ennemie qui s'approchait, mais comptait sur l'avantage qui lui conférait le terrain et son artillerie, ainsi que sur le renfort du bataillon de l'avant-garde, qui devait le rejoindre dans la journée avec près de 2000 fantassins supplémentaires.<br> | ||
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+ | Vers midi, comme l'avaient prévu les éclaireurs, la colonne ennemie fut signalée. Il s'agissait alors de la légion du duc Von Bonlieux, qui servait d'avant-garde aux armées du royaume de Fersen. Du coté du maréchal Zorn, les troupes étaient en position et prêtes à faire contact avec l'ennemi; et n'attendaient plus que le signal du feu. Derrière des redoutes de terre, construites par les sapeurs du corps, les canons étaient mis en batterie et les artilleurs tenaient leurs pièces. Le duc von Bonlieux était un vétéran, et bien que moins aguerri que les maréchaux; il avait anticipé le déploiement de ses adversaires et la précarité de sa situation si il venait à déboucher depuis le col sur une ligne complètement déployée, à plus forte raison si ses adversaires avaient avec eux quelque artillerie. Quand ses propres éclaireurs l'avertirent de la présence du dispositif du maréchal Zorn, il n'en fut pas surpris et ne s'en alarma pas, mais il fit arrêter ses troupes avant qu'elles n'entrent dans le champ d'action de l'artillerie du maréchal. Sa position était pour le moins inextricable, car le relief du col le forçait à rester déployé en colonnes sur la route, et il ne pouvait engager un nombre conséquent d'hommes sans que ceux-ci ne soient jetés en pâture à la mitraille. Fort heureusement, il disposait dans sa légion d'une cohorte de, jagers; des soldats d'infanterie légère qu'il pouvait envoyer en contournement sur le flanc de la montagne, pour tenter de flanquer la ligne du maréchal Zorn.<br> | ||
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+ | Vers 13 heures, le duc von bonlieux envoya donc un bataillon de 500 jagers à flanc de montagne, déployés en ordre relâché, pour tenter de prendre l'aile droite du maréchal. Les jagers, qui étaient presque tous des montagnards aguerris, se faufilèrent sans mal entre les roches, malgré les dénivelés. Ils purent alors prendre assez de hauteur pour ne pas être menacés par les canons de la ligne adverse, et réussirent à s'approcher assez pour débuter leur attaque. Ils étaient alors dotés d'arcs, qui leur permettaient de se dissimuler derrière les rochers pour tirer, faisant ainsi pleuvoir leurs flèches sur les rangs du maréchal Zorn sans avoir à se dévoiler et s'exposer à une riposte. Alors qu'ils se mettaient en place, une première volée de flèches fut tirée sur l'aile droite, et vint trouver les rangs du 2e régiment de fusiliers-grenadiers. Le maréchal Zorn, qui avait observé ce mouvement, envoya alors deux compagnies de sapeurs pour déloger ses assaillants. Les sapeurs, qui n'étaient que 200 contre les 500 Jagers, ne s'en jetèrent pas moins sur le flanc de la montagne, hache au poing. Les jagers, voyant arriver sur eux cette improbable contre-attaque, tinrent d'abord leur position grâce à leurs arcs. Mais les pertes infligées ne ralentirent pas les sapeurs, qui gravirent la pente de plus belle,s'approchant dangereusement de leurs cibles. Les soldats du duc, pourtant supérieurs en nombre, furent un instant décontenancés. Leur armement léger, composé d'un arc et d'un glaive, devait leur permettre de tenir leur position au corps à corps. Mais l'arrivée au contact des sapeurs leur donna une toute autre impression: les coups de hache et de mousquetons abolirent toute résistance sur la route des sapeurs, et la panique gagna les jagers. Nombre d'entre eux tentèrent cependant de tenir le flanc de montagne avec une bravoure qui doit être soulignée, mais le reste de la troupe céda sous la pression. Vers 14 heures, le flanc de la montagne était tenu par les sapeurs du maréchal, qui devaient ne plus en bouger de la bataille.<br> | ||
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+ | Constatant l'échec de son contournement, il ne restait plus au duc von bonlieux qu'à attaquer de front, ce qu'il savait malheureusement être une option tragique en terme de pertes. Il décida alors de jouer son va-tout, en employant pour son premier assaut le moins d'hommes possible et en tentant un coup de force: submerger la première ligne du maréchal Zorn par une attaque éclair qui se déroulerait au corps-à-corps, de manière à empêcher le maréchal d'utiliser ses canons. Pour cela, le duc fit appeler sa cavalerie, qui était composée en tout d'un millier de ulhans, des lanciers. Les cavaliers du duc prirent donc position en tête de colonne et se préparèrent à charger.<br> | ||
+ | Voyant cela, le maréchal Zorn ordonna que seuls ses canons des ailes droites et gauche ne se chargent à mitraille, et que les canons de son centre ne se taisent. Comme dit précédemment, les canons du maréchal étaient disposés en arc-de cercle autour du débouché du col, et ceux des flancs pouvaient donc tirer à mitraille sur des ennemis en approche, en tir croisé, sans risquer de toucher la première ligne de défense. Aussi efficace que cela puisse être, le maréchal n'en était pas moins privé de ses 4 canons du centre, qu'il fit reculer de la première ligne pour ne pas risquer de les perdre lorsque l’ennemi entrerait au contact.<br> | ||
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+ | Vers 15 heures, les ulhans du duc se lancèrent au galop vers la ligne du maréchal Zorn, qui était tenue par le 2e régiment imperial-grenadiers. En plus de ce mouvement, le duc lança son 2e bataillon de jagers sur la montagne, pour en déloger les sapeurs du maréchal. Alors qu'un corps-à-corps sanglant se tenait sur le relief, les ulhans franchirent rapidement la distance qui les séparaient des défenses. Mais, avant qu'ils ne puissent entrer au contact, une salve de mousquetade décima le premier rang des cavaliers. Immédiatement après cette salve, les trois canons de l'aile droite et les trois canons de l'aile gauche entreprirent un feu de barrage à mitraille, qui acheva de dévaster la tête de colonne des ulhans. Ces derniers, qui ne manquaient cependant ni de bravoure ni de hardiesse, poursuivirent leur attaque sous le déluge de feu, conscients qu'il leur suffisait d'occuper le centre pour ouvrir la voie à leur propre infanterie.<br> | ||
+ | S'obstinant à charger, les lanciers arrivèrent enfin au contact des grenadiers du maréchal. Ces derniers, aguerris à toutes les luttes, ne se démontèrent pas et repoussèrent les cavaliers à coups de mousquet et de baïonnettes. Une lutte sans mercie sur le centre de la ligne défensive s'engagea alors, tandis que les canons continuaient de déverser leur mitraille sur l'arrière de la colonne des ulhans. Le combat resta incertain pendant près de trente minutes, durant lesquelles le duc hésita à envoyer son infanterie. Puis, voyant que ses cavaliers occupaient à eux seuls deux régiments d'infanterie, il se risqua à un assaut général, et jeta ses 4000 fantassins en avant, ordonnant à ses troupes de prendre les batteries de canons en priorité. Voyant l'infanterie du duc se lancer au contact, le maréchal Zorn ordonna aux deux bataillons de fusiliers-grenadiers, qui tenaient les ailes, de défendre les canons coûte que coûte. Il envoya ensuite sur son centre le régiment de dragons du threa-thaesi, afin de soulager les grenadiers. Enfin, il ordonna à ses hussards, sa dernière réserve, de se tenir prêts à se porter sur le flanc droit ou le flanc gauche.<br> | ||
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+ | Vers 16 heures, la bataille battait son plein. Le duc von bonlieux avait alors engagé toute sa légion dans un bond en avant, que le maréchal Zorn s’efforçait de contenir malgré son infériorité numérique. Le centre de la ligne de front était englouti sous une mêlée générale de fantassins et de cavaliers, tandis que les ailes tenaient tant bien que mal par le feu de leurs canons, défendus par les fusiliers-grenadiers qui s'accrochèrent à leurs batteries comme si il s'était agi du d'une citadelle. Un brouillard grisâtre se leva sur le champ de bataille, alors que l'odeur de poudre se faisait de plus en plus insupportable. Aux pieds des défenseurs, les corps des plus malchanceux s'amoncelaient en redoutes de chair, d'ou s'échappaient les cris des blessés. Le maréchal Zorn, qui savait que son centre ne devait pas chanceler, se rua dans la mêlée, sabre en main. Il eut alors cette phrase restée célèbre: "'''Tous ceux qui en tuent moins que moi retourneront dans la ligne, faites moi voir ce que savent faire des vrais grenadiers !'''". <br> | ||
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+ | Enfin, vers 17 heures, un événement très attendu par le maréchal vint changer le cours de la bataille. Derrière sa ligne, à marche forcée, l'avant-garde du corps des maréchaux arrivait en renfort avec 2000 fantassins des régiments de tirailleurs-grenadiers et 500 cavaliers du régiment de Filranmel-dragons. Le rapport de force changea brutalement, et les soldats du duc von bonlieux furent sévèrement ébranlés, tandis que les soldats du maréchal Zorn redoublèrent de bravoure. Immédiatement après leur arrivée, les deux régiments de tirailleurs-grenadiers furent envoyés sur les ailes de la ligne du maréchal, pour les dépasser et encercler les troupes du duc von Bonlieux. Ce dernier, comprenant que toute retraite allait lui être coupée, ordonna alors le repli sur toute la ligne. Mais cet ordre, arrivant alors que ses troupes étaient en mauvaise posture, signa le début de la déroute. Les soldats du duc jetèrent leurs armes en prirent la fuite en direction du col de passeroche, abandonnant tout derrière eux. La panique s'ajouta à ce mouvement, accentuée par la fureur des grenadiers du maréchal, qui voulurent se jeter dans la poursuite. Mais le maréchal Zorn, conscient que ses troupes avaient connu de lourdes pertes, s'y refusa. Il fit reformer la ligne, et ordonna à son régiment de hussards, restés en réserve, de poursuivre les ennemis en déroute jusqu'à ce que ces derniers soient suffisamment dispersés pour ne plus présenter de menace immédiate.<br> | ||
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+ | Vers 18 heures, la victoire du maréchal Zorn était consommée: En une après-midi, la légion du duc von bonlieux avait été vaincue et mise en déroute, laissant derrière elle près de la moitié de ses effectifs hors-combat, dont tous ses lanciers. Les hussards du maréchal Zorn maintinrent leur mouvement de poursuite jusqu'à la tombée de la nuit avant de regagner leur division, mais ils ne purent malheureusement pas capturer le duc von bonlieux, qu'on savait blessé mais qui avait réussi à prendre la fuite.<br> | ||
+ | Bien que la victoire fut sienne, le maréchal Zorn ne pouvait cependant que constater les dégâts subis par sa division dans ce combat à un contre deux, mais il avait accompli sa mission: le col de passeroche était resté inviolé et l'arrivée de l'armée de fersen dans la région des bas-plateaux allait être retardée, sans doute assez pour permettre eu corps de la garde volontaire d'arriver en renfort.<br> | ||
+ | Annonçant la nouvelle au maréchal Pencroff par coursier, le maréchal Zorn entreprit alors de prendre ses quartiers quelques jours à l'embouchure de passeroche, le temps de soigner ou de faire évacuer ses blessés. Il fit également enterrer ses morts et ceux du royaume de fersen, à qui il fit également rendre les honneurs militaires pour leur opiniâtreté. <br> | ||
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+ | Bilan de la bataille: '''Victoire tactique et stratégique des impériaux''', lourdes pertes des deux cotés mais déroute totale de la légion du duc von Bonlieux.<br> | ||
'''Bataille de Grimegarre'''<br> | '''Bataille de Grimegarre'''<br> | ||
− | + | Le '''57 Agrevent 265''', soit le lendemain de la bataille de passeroche, les troupes de la 1ère division du corps des maréchaux, commandées par le maréchal Pencroff, connurent également leur lot d'action. En effet, ayant eu vent de l'arrivée des troupes du royaume de Fersen par le nord, et de la séparation du corps des maréchaux en deux divisions, les troupes de l'église de la veine noire se décidèrent à lancer un nouveau mouvement offensif. L'objectif de l'archevêque, qui organisa personnellement la manœuvre, était de concentrer les restes des légions de l'est et de l'ouest en une seule masse de fantassins, supportée par '''l'ost des chevaliers de l’archevêque''', sa réserve de cavalerie d'élite formée des plus hautes figures des paladins immaculés, jusqu'alors restés en retrait dans le saint-siège. L'archevêque comptait alors engager ses meilleurs éléments, et attaquer la 1ère division du corps des maréchaux resté en position dans la région des bas plateaux, l'empêchant ainsi de rejoindre la 2e division pour la renforcer et espérant même profiter de l’infériorité numérique des forces du maréchal pour les déborder et les anéantir, isolant ainsi la 2e division le long des montagnes du nord entre les troupes de l'église et celles du royaume de Fersen, avant l'arrivée du corps de la garde volontaire que les espions de l'église avaient repérés en approche par l'ouest à quelques jours de marche.<br> | |
− | Le '''57 Agrevent 265''', la | + | En somme, l'objectif était de détruire la 1ère division pendant qu'elle était isolée, pour prendre la 2e division en étau et la détruire également avant l'arrivée de la garde volontaire.<br> |
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+ | Les légions de l'est et de l'ouest furent donc rassemblées en une '''légion du châtiment''' à laquelle vinrent se joindre quelque 1500 "volontaires", portant ses effectifs à 7000 fantassins et 1500 cavaliers. De son coté, la 1ère division des maréchaux, accompagnée de la réserve du corps, comptait 3000 fantassins pour 2000 cavaliers. Malgré son infériorité numérique, le maréchal Pencroff pouvait toutefois compter sur un avantage de taille: trois batteries d'artillerie complètes, dont deux batteries d'artillerie à pieds dotées de canons de 8 à 12 livres. En tout, le maréchal Pencroff disposait donc de 26 pièces de canon.<br> | ||
+ | De plus, ayant anticipé la précarité de sa position une fois séparé de la 2e division du corps, le maréchal Pencroff avait décidé de s'établir au nord du saint-siège, se plaçant ainsi entre la 2e division et la capitale de l'église de la veine-noire. Il pouvait alors protéger les arrières du maréchal Zorn, tout en continuant à faire face aux troupes immaculées; s'offrant même le luxe de laisser l'ouest du saint-siège aux troupes de la garde volontaire lorsque celles-ci arriveraient. Enfin, avant que la légion du châtiment ne se présente face à ses troupes, il avait eu le temps de prendre position sur une hauteur fort avantageuse, ou il avait pu creuser des redoutes pour son artillerie. En somme, bien que moitié moins nombreuse que la légion du châtiment, la 1ère division des maréchaux était tout à fait en capacité de se défendre.<br> | ||
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+ | Vers 10 heures du matin, quand les troupes de l'église de la veine-noire investirent la plaine qui débouchait sur la colline ou étaient situées les troupes du maréchal; elles trouvèrent donc face à elles une véritable citadelle de terre et d'hommes, bardée de canons. Des pics avaient été plantés au pied de la colline, et deux lignes de fusiliers-grenadiers et d'imperial-grenadiers attendaient de pied ferme sur les pentes, couverts par non moins que 4 régiments de cavalerie. L'évêque Basilus, qui commandait la légion, ordonna alors à toutes ses troupes de faire halte, ne sachant comment prendre la colline. Il craignait également qu'un assaut mal préparé ne se termine en déroute générale, attendu que les restes des légions et l'est et de l'ouest, qui formaient le gros de ses effectifs, avaient déjà été fort malmenés durant les premières batailles et que le moral était loin d'être au beau fixe, malgré l'annonce de l'arrivée de l'armée de fersen qui avait un temps redonné espoir aux troupes.<br> | ||
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+ | Vers midi, la situation n'avait guère évolué, mais les soldats commençaient à s'impatienter. La pression augmenta sur l'évêque Basilus lorsque, dans les rangs, une rumeur se mit à circuler à propos de son manque de courage. Les troupes semblaient en effet ne pas comprendre les hésitations de leur chef, et les plus fanatiques voyaient dans ce temps perdu une insulte à leurs préceptes d'anéantissement total de leurs ennemis. Craignant d'être accusé de lâcheté devant l'archevêque, Basilus se résolut à faire mouvement, mais avec prudence. Voulant d'abord jauger les capacités défensives des troupes du maréchal Pencroff, il n'envoya dans un premier temps quelques 2 000 hommes, dont la plupart étaient des "volontaires", en fait des paysans et citadins enrôlés de force. Ces 2000 hommes se déployèrent donc en de larges lignes, laissant près de deux à trois mètres d'écart entre chaque homme de manière à se prémunir au mieux des dommages de l'artillerie. Puis, une fois déployés, ces premières lignes d'assaut se ruèrent vers la colline, l'épée au poing.<br> | ||
+ | Parler de massacre pour décrire ce qu'il se passa ensuite serait une litote. Quand les troupes d'assaut arrivèrent dans le champ de tir des canons, les 26 bouches-à-feu du maréchal Pencroff firent tomber sur elles un véritable déluge de boulets. Des gerbes de terres se levaient entre les soldats de la veine-noire, dont certains étaient emportés par des projectiles comme des épis de blé emportés par une faux. Face à eux, la colline vomissaient des volutes de fumée blanche comme si elle était entrée en éruption; et les canons tonnaient sans discontinuer, battant dans l'air une sinistre mesure. Malgré ce chaos, de nombreux hommes échappèrent pourtant aux boulets et parvinrent à atteindre le pied de la montagne, mais ils y découvrirent un nouveau cauchemar: les artilleurs du maréchal chargèrent les premiers rangs de canons à mitraille.<br> | ||
+ | Dans un bruit de tonnerre, les canons vomirent sur les assaillants de véritables nuages d'éclats de métal, formant devant la pièce une large zone conique dans laquelle rien ne pouvait survivre. Chaque coup de canon était accompagné d'une gerbe d'étincelles et de flammes, qui donnaient au pied de la colline l'allure d'un brasier. Des 2000 hommes que l'évêque Basilus avait envoyé, tous périrent dans la plaine en moins d'une heure.<br> | ||
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+ | Vers 13 heures, constatant l'échec de son attaque, l’évêque Basilus ordonna à ses troupes de se replier hors de portée de l'artillerie, et de se déployer face à la division du maréchal Pencroff. Une fois ses troupes déployées, il ordonna à ses unités de tenir leur rang, afin de forcer la division du maréchal à rester également déployée en ordre de bataille. En effet, les impériaux étaient alors sous la menace d'être débordés si ils tentaient de quitter leur position, ils ne pouvaient donc pas se retirer pour aller prêter assistance à la division Zorn si cette dernière se trouvait en difficulté. Une sorte de siège s'organisa donc, des deux cotés des lignes de front. Il n'y eut cependant plus de mouvements offensifs durant plusieurs jours.<br> | ||
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+ | Le 9 Tercevent, une nouvelle arriva dans les deux camps et vint changer la donne. Le corps de la garde volontaire, commandé par la générale '''Wendy Marvel''', avait été repéré dans la région des bas plateaux et se dirigeait à marche forcée vers la division Pencroff pour la dégager. Craignant d'être pris en tenaille entre la division Zorn et les divisions de la garde volontaire, l'évêque Basilus ordonna un repli général de sa ligne qui fut exécuté le 10 Tercevent. Sa légion, qui ne possédait qu'un ost de cavalerie lourde impropre à la reconnaissance, était en effet vulnérable à une attaque générale impromptue. Il se replia donc en direction de la sainte-cité, siège de l'église de la veine noire.<br> | ||
+ | Apprenant l'arrivée de la garde volontaire, le maréchal Pencroff anticipa le mouvement de l'évêque, et fit préparer le départ de sa division. Quand la légion de l'évêque Basilus se retira, et ne présenta plus de menace pour sa division, le maréchal fit immédiatement dégarnir la position et ordonna la marche forcée vers la 1ère division du corps des maréchaux, toujours postée près du col de passeroche. Il envoya également un messager trouver la générale Wendy, à qui il ordonna de prendre la direction du saint-siège, qu'il savait affaibli.<br> | ||
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+ | Bilan de la bataille: '''Victoire tactique des impériaux''', Repli de la légion du châtiment mais immobilisation de la division Pencroff pendant près de 10 jours. Arrivée de la garde volontaire sur le théâtre d'opération.<br> | ||
'''Bataille de Haltebois'''<br> | '''Bataille de Haltebois'''<br> | ||
− | ''' | + | Le '''11 Tercevent 265''', un messager du maréchal Pencroff vint informer la générale Wendy Marvel que le siège sur sa division était levé et que la légion du châtiment, dirigée par l'évêque Basilus, était en repli vers le saint-siège. Il ordonna alors à la générale de se lancer dans la poursuite des troupes de l'église et d'assiéger leur fief, tandis que sa propre division et lui-même se rendaient à Passeroche pour effectuer la jonction avec la 1ère division des maréchaux.<br> |
− | Le '''12 Tercevent | + | Sur cet ordre, la générale Wendy Marvel ordonna à son corps d'armée composé de deux divisions renforcées et d'une avant et arrière garde, de prendre la direction du saint-siège.<br> |
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+ | Le '''12 Tercevent''', la légion du châtiment de l'évêque Basilus entra dans la sainte-cité. Malgré les tentatives de l'église de faire taire l'échec de sa mission, le bruit courut rapidement en ville que la division du maréchal Pencroff avait échappé à la légion du châtiment en lui infligeant de lourdes pertes. Pire, les colonnes de la générale Wendy furent aperçues par des paysans qui vinrent sonner l'alerte au saint siège. Un mouvement de panique s'empara de la population, qui se rua sur les routes corps et biens. De plus, l'annonce de la mort de plus de 2000 citoyens enrôlés de force fit naître au sein de la population un fort sentiment de défiance envers l'archevêque et les dignitaires de l'église, qui n'en finissaient visiblement pas de leur mentir et d'être défaits dans leurs entreprises militaires.<br> | ||
+ | Furieux, l'archevêque Horace II accusa l'évêque Basilus de lâcheté, afin d'en faire un bouc-émissaire mais également pour s'être replié et avoir indirectement causé la panique qui s'emparait de la population. Sans autre forme de procès, Basilus fut assassiné par son maître devant les derniers membres du clergé. De fait, tous les évêques de l'église de la veine noire étaient morts, et il ne restait plus autour de l'archevêque que des prêtres et prêtres supérieurs.<br> | ||
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+ | Bien que la situation ne commençât à lui échapper, l'archevêque disposait encore dans l’enceinte de la capitale de troupes importantes. Certes, ses légions les plus mobiles étaient anéanties et il lui était désormais interdit d'entreprendre de s'éloigner du saint-siège, mais il éspérait au moins pouvoir anéantir le corps d'armée de la garde volontaire qui allait se présenter à lui. Dans cette optique, il confia la légion du châtiment au prêtre-supérieur Melios, qui faisait figure d'éxalté même parmi les plus fervents des prêtres. Faisant miroiter à ce dernier une nomination d'évêque une fois la crise passée, il lui ordonna de conduire la légion hors des murs et de se porter à la rencontre de leurs nouveaux adversaires. Conscient cependant que la légion du châtiment seule ne suffirait pas, et pour empêcher l’exode de ses derniers avec leurs familles, l'archevêque fit mobiliser de force presque tous les hommes valides disponibles au saint-siège. Il savait qu'ainsi, leurs femmes n'oseraient pas quitter la ville sans leur maris et que l'hémorragie populaire qui avait atteint la ville serait au moins temporairement endiguée. Envoyer les civils à la guerre était également un moyen de les punir pour leur manque de foi, ce qu'il déguisa à peine.<br> | ||
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+ | Le '''13 Tercevent''', la légion du châtiment quitta la ville par la grande porte. Arrivée deux jours plus tôt avec seulement 5000 fantassins et 1500 cavaliers survivants, la mobilisation de masse au sein de la population du saint siège avait porté les effectifs de la légion à près de 10 000 fantassins pour 1500 cavaliers. Ce doublement des effectifs se soldait malheureusement par leur piètre qualité et leur manque d'équipement: certains furent contraints de partir avec une hache pour seule arme et sans réelle armure.<br> | ||
+ | Face à la légion du châtiment, le corps d'armée de la garde volontaire, commandé par la générale [[Wendy Marvel]], alignait plus de 20 000 hommes dont près de 3000 cavaliers. Si dans ce contexte, une tentative de confrontation de la part de l'église semble insensé, il est nécessaire de rappeler que jusqu'alors, l'église n'avait eu affaire qu'au corps des maréchaux, qui ne comptait que 10 000 soldats répartis en deux groupes de 4 à 5 000. Notons également, à leur décharge, que les unités de la garde volontaire ne marchent pas groupées mais se séparent en divisions, ce qui rend difficile la collecte de renseignements sur leur position et surtout l'évaluation de leur nombre exact. Il est donc raisonnable de penser que privés de cavalerie légère pour assurer la reconnaissance et ne se fiant qu'à des témoignages incomplets de paysans pour évaluer la force qui arrivait vers le saint-siège, l'archevêque et son état-major ait pu penser n'avoir face à lui qu'une nouvelle division de 5 000 hommes, voir un nouveau corps de 10 000 hommes tout au plus. Ces mauvais renseignements et cette sous-estimation des forces adverses allait, sans surprise, s'avérer catastrophique.<br> | ||
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+ | Le '''14 Tercevent 265''', après avoir marché plein ouest en direction de la dernière position connue des unités de la garde volontaire, la légion du châtiment arriva enfin en vue de son adversaire. En effet, dans une grande plaine ou ces derniers avaient bivouaqué la veille, les troupes de l'avant-garde du corps de la générale Wendy semblaient les attendre de pied ferme. il n'y avait alors face à la légion qu'un faible nombre de soldats, 2000 fantassins et 300 cavaliers accompagnés de quelques canons, ce qui conforta le prêtre Mélios dans l'idée que ce renfort impérial n'était que peu conséquent. Il ignorait encore qu'il n'avait en face de lui qu'une avant-garde, et que le reste des troupes avait passé la nuit à deux autres points situés à moins d'une heure de marche, sous couverts d'un sous-bois. Immédiatement après avoir repéré les troupes de l'église, l'avant-garde fit envoyer des messagers aux autres unités de la garde pour les faire converger vers elle. Puis, jugeant la plaine peu favorable à une défense et souhaitant se rapprocher au plus vite de ses renforts, le général commandant l'avant-garde ordonna le repli en bon ordre et au pas redoublé. Il espérait ainsi entraîner la légion sur un terrain qui serait plus favorable à la garde tout en les laissant prendre confiance: il ne crut pas si bien faire. Voyant cette petite troupe rétrograder, le prêtre Melios ordonna qu'on la poursuive, pensant avoir face à lui le gros des renforts adverses. Il se jetait, en réalité, dans la gueule du loup.<br> | ||
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+ | Alertée par les messagers, la générale Wendy décida de faire immédiatement converger ses deux division et son arrière-garde sur une cuvette naturelle qui se trouvait sur la route de repli de son avant-garde. Pressée par le temps, elle parvint tout de même à dissimuler ses deux divisions de part et d'autres du relief dans lequel allait s'engager la légion du châtiment, tout en faisant disposer son artillerie, nombreuse, en grandes batteries situées sur les hauteurs. Son plan était simple: Laisser l'avant-garde s'engager jusqu'au fond du relief jusqu'à ce que la légion du châtiment ne se trouvât au centre de ce dernier, puis leur couper la retraite par un rapide mouvement de sa réserve de cavalerie sur leurs arrières alors que les deux divisions devaient les prendre à partie par les deux flancs à la fois.<br> | ||
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+ | Vers quatorze heures, un nuage de poussière annonça l'arrivée de l'avant-garde, sur les talons de laquelle se tenait toute la légion du châtiment, en masse. Hilare, la générale wendy ne put que constater leur faible nombre et le massacre qui les attendaient; aussi se laissa-t-elle dire à son aide de camp: "C'est bien dommage, il n'y en aura pas assez pour tout le monde. Nous nous rattraperons dans leur capitale !".<br> | ||
+ | Trente minutes plus tard, l'avant-garde s'engagea dans la cuvette, avertie par messager du plan de leur générale. La légion du châtiment leur emboîta le pas, presque goguenarde, ayant l'impression de poursuivre une proie blessée. Malheureusement, la boutade fut de courte durée. Au son d'un clairon, l'avant-garde s'arrêta net à quelques foulées du pied de la colline qui refermait la cuvette. Puis, alors que le 2e régiment d'infanterie légère se retournait pour se déployer, les fantassins du 1er régiment étrangers de tirailleurs firent volte-face devant la légion et débutèrent immédiatement leurs manœuvres en fourrageurs. Décontenancé par ce retournement soudain, le prêtre Melios ordonna, sous le feu des tirailleurs, de faire déployer ses anspessades et ses spadassins. Mais alors que son infanterie se mit en mouvement pour écraser l'avant-garde qui lui faisait face, deux énormes masses de soldats apparurent sur les hauteurs entourant la cuvette. Outre les nombreux fantassins de la garde qui venaient de se découvrir, le prêtre et ses officiers aperçurent rapidement plusieurs batteries de canons qui s’avancèrent pour se mettre en position. Comprenant qu'il était tombé dans un piège, il ordonna le repli immédiat de sa légion, mais fut pris de vitesse par la réserve de cavalerie de la garde, commandée par le général [[Darkalne]], qui descendit des hauteurs en une longue colonne de cuirassiers et de dragons avant de se mettre en travers de la route. La légion du châtiment était cernée, dépassée de très loin par le nombre d'un ennemi qui tenait les hauteurs. En quelques minutes, les prédateurs étaient devenus des proies.<br> | ||
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+ | Puis, aux ordres de la générale Wendy, les deux divisions de la garde et son artillerie entamèrent le massacre de la légion. Les Trois batteries de canons firent pleuvoir dans la cuvette un déluge de plomb, complété par une gigantesque mousquetade entretenue par pas moins de douze régiments d'infanterie. Les tirs furent si concentrés et si intenses que certaines compagnies durent être ravitaillées sur la ligne, alors qu'un épais panache de fumée blanche s'élevait de la cuvette comme s'il s'était agi de quelque cratère volcanique. Frappant dans la masse compacte de fantassins ennemis, les boulets arrachaient des groupes entiers d'anspessades et de spadassins, dont les corps en lambeaux pleuvaient sur leurs camarades paniqués. Dans la fournaise, ils ne purent pas tenter la moindre contre-attaque, et l'idée ne leur en vint même pas. Assaillis sur trois cotés, écrasés par le feu et le nombre, ils furent anéantis dans un fracas épouvantables de coups de tonnerre et de cris de blessés.<br> | ||
+ | Pris de panique, le prêtre Melios resta prostré sur son cheval pendant de longues minutes, avant que sa monture ne soit tuée sous lui. Il tomba au milieu des morts et des mourants, et fut réduit à se cacher sous un parapet de corps sans vie. Ayant perdu leur chef et conscients que la bataille était perdue d'avance, les chevaliers de l'archevêque, les derniers cavaliers de la légion, tentèrent le tout pour le tout. Voyant que leur voie de repli n'était gardée que par des cavaliers à peine plus nombreux qu'eux, notons qu'ils étaient 1500 contre les 2000 cuirassiers et dragons du général Drakalne; ils décidèrent de forcer le passage. Montés sur de solides destriers et équipés d'armures intégrales, ils espéraient en effet pourvoir bousculer les cavaliers de la garde et prendre la fuite. Lanciers en tête, ils s’élancèrent donc dans le couloir qui les conduisait vers la sortie de ce piège mortel.<br> | ||
+ | Le choc des cavaliers fut terrible, mais les deux régiments de cuirassiers du général Darkalne absorbèrent seuls le premier assaut. Malheureusement pour les chevaliers, les cavaliers de la garde maîtrisaient les manœuvres de groupe et étaient d'une discipline de fer, ayant été formés par le général [[Jihair]]. Ils reçurent donc la charge de front, formant une double ligne parfaitement droite, chaque cavalier se tenant au botte-à-botte avec son voisin. Les chevaliers, eux, pris par la panique et manquant visiblement plus de discipline que de courage, chargèrent en ordre distendu, ce qui atténua grandement l'impact de leur assaut. Pire, les chevaliers qui réussirent à passer le premier rang de cuirassier étaient accueillis par le second, et ceux qui survivaient au second rang étaient reçus par les dragons. Enfin, comme pour achever les malheureux chevaliers, la générale Wendy ordonna à la compagnie de grenadiers du 6e régiment d'infanterie de ligne de se porter à l'aide des cuirassiers. Les grenadiers attaquèrent donc les chevaliers immobilisés par leur flanc, finissant la besogne à coups de mousquet. Des 1500 chevaliers, tous furent anéantis en moins d'une heure, alors que le général Darkalne ne perdit qu'une centaine de cavaliers.<br> | ||
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+ | Vers dix-sept heures, la bataille était terminée. En moins d'une demi-journée, tant par un heureux concours de circonstances que par sa supériorité numérique et tactique, le corps de la garde avait anéanti la légion du châtiment en ne subissant de son coté que de très légères pertes. Ordonnant que l'on conduise ses blessés dans un village voisin et que l'on enterre les morts de la garde, la générale Wendy donna également pour instruction de laisser les blessés ennemis à leur sort. Déclarant à son état-major que "les corbeaux et les vautours sont les seuls chirurgiens que ces chiens méritent", elle fit monter le bivouac de son corps d'armée à un kilomètre du champ de bataille, afin que ses soldats n'aient pas à entendre les gémissements des bléssés ennemis. Consciente que plus rien ne lui barrait la route de la sainte-cité, elle décida cependant de ne pas s'y précipiter afin de laisser à la population civile quelques jours pour prendre la fuite. De fait, le corps de la garde ne se remit en marche que le 20 Tercevent.<br> | ||
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+ | Bilan de la bataille: '''Victoire tactique et stratégique des impériaux''', Destruction de la légion du châtiment, début du siège de la sainte-cité.<br> | ||
'''Siège de la sainte-cité'''<br> | '''Siège de la sainte-cité'''<br> | ||
− | + | Le '''22 Tercevent 265''', après avoir patienté plusieurs jours aux abords de haltebois et s'être finalement mise en marche le 20, la générale Wendy arriva aux abords de la sainte-cité, capitale de la région des bas-plateaux et fief de l'église de la veine noire. L'arrivée de ses troupes, repérée depuis les remparts de la ville, sema un vent de terreur au sein de la population, de même qu'une profonde consternation. En effet: pour combattre le corps d'armée de la garde, l'archevêque Horace avait fait mobiliser tous les hommes en âge de se battre au sein de la légion du châtiment; hors l'arrivée des troupes de la garde ne pouvait que signifier la perte de cette légion. Ainsi, de nombreuses familles comprirent qu'elles avaient perdu leurs maris, leurs pères ou leurs fils; et sombrèrent dans un désarroi total, qui ne tarda pas à se changer en rage. Avant même que le corps de la garde n'arrive, les rues de la sainte-cité devinrent le théatre d'émeutes, que durent contenir tant bien que mal les anspessades de l'archevêque. Pendant que la foule, faite de femmes et de vieillards, descendait dans les rues, l'archevêque s'enferma dans le château de la seigneurie, devenu son poste de commandement. Il en fit barricade les entrées et toutes les fenêtres, et s'enferma avec les quelques 2000 spadassins de l'archevêque. En comptant les spadassins et les anspessades, la garnison de la sainte-cité ne comptait plus que 4000 hommes en armes, aguerris certes, mais accaparés par la gestion de la foule en colère.<br> | |
− | Le '''22 Tercevent 265''', | + | |
− | + | Un autre problème de taille se présenta à l'archevêque. Avant la bataille de Haltebois, il avait estimé les renforts de la garde volontaire à près de 10 000 hommes, soit autant que le corps des maréchaux. hors, alors que le corps de la garde s'avançait vers la capitale; il apprit rapidement de ses sentinelles postées sur les murailles que les forces adverses comptaient en réalité près du double de soldats, soit près de 20 000 hommes. De plus, la garde semblait équipée d'une nombreuse artillerie, arme qui manquait presque entièrement aux forces de l'église. Les murailles de la capitale étaient bien équipées de canons de près de 24 livres, mais ces derniers étaient inclus dans les murailles et il était impossible d'en faire dégarnir une portion inutilisée pour concentrer les pièces sur un seul pan, manœuvre que les épais créneaux de pierre aurait de toutes manières interdit.<br> | |
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+ | Le '''23 Tercevent 265''', le corps de la garde volontaire s'était déployé en ordre de siège autour de la ville, et commençait à creuser des tranchées et des redoutes pour abriter ses soldats et mettre en batterie ses pièces de canons. Les travaux de la garde furent scrutés avec inquiétude par les sentinelles de l'église, qui tentèrent quelques salves de canon depuis les murailles. Mais, hors de portée de ces lourdes pièces et habilement protégés par le relief, les troupes de la garde n'en subirent aucune pertes.<br> | ||
+ | La première conséquence du siège fut que la capitale fut privée de ravitaillement. Si des réserves avaient bien été amassées et si la population locale avait été décimée par l'exode et les pertes de la bataille de Haltebois, il s'avéra rapidement que la ville ne pourrait tout de même pas tenir un siège de plus de deux semaines. Pire encore: la ville tenait son eau potable d'une rivière satellite de la veine-noire qui passait sous ses murs pour la traverser; mais les sentinelles rapportèrent avec effroi que des unités de la garde volontaire semblaient s'afférer en amont du cours d'eau pour y construire un barrage, avant de détourner le lit de la rivière. Encore une fois, la panique s'empara des habitants, sans que les soldats de la garnison ne purent mes contrôler.<br> | ||
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+ | Le '''30 Tercevent 265''', la générale Wendy acheva son plan d'attaque, qui devait plus tard lui permettre de prendre la ville. Pour diverses raisons, ce plan n'allait pas nécessiter l'intervention de la réserve de cavalerie de la garde, notamment du fait de l'étroitesse des rues et de la nécessité d'escalader des gravats pour entrer dans l'enceinte fortifiée. Elle décida donc, sachant le corps des maréchaux très entamé et isolé, d'envoyer le général [[Darkalne]] et ses 2000 cavaliers accompagnés de son avant-garde, renforcer les unités des maréchaux. Ces derniers, après s'être rejoints au village de Maringo, semblaient y attendre un prochain mouvement du royaume de Fersen, dont le premier assaut avait été repoussé mais que l'on savait encore disposer de nombreuses troupes.<br> | ||
+ | Le '''32 Tercevent''', après quelques derniers préparatifs relatifs au siège de la sainte-cité, le général Darkalne prit la tête de cette division mixte, se mit en marche vers Maringo.<br> | ||
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+ | Pendant les 9 jours qui suivirent le départ du général Darkalne, il ne se passa plus rein de significatif auprès de la sainte-cité, assiégée, autour de laquelle la générale Wendy s'afférait à resserrer son étreinte.<br> | ||
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+ | Bilan de la manœuvre: '''status-quo tactique et stratégique des impériaux''', début du siège de la sainte-cité.<br> | ||
'''Bataille de Maringo'''<br> | '''Bataille de Maringo'''<br> | ||
− | ''' | + | Le '''35 Tercevent 265''', au matin, une patrouille de hussards partie sonder le col de passeroche rapporta l'arrivée imminente de troupes du royaume de Fersen. Posté à quelques kilomètres du col, au village de Maringo ou les maréchaux l'avaient regroupé, le corps se mit immédiatement en alerte.<br> |
− | + | Vers neuf heures, l'avant-garde du corps des maréchaux s'élança en direction du col, accompagnée de la première division du maréchal Pencroff. A ce moment de la journée, nul ne sait combien d'ennemis sont en approche, aussi le maréchal Pencroff se tient-il prêt à rétrograder en cas de surnombre. Il est près de dix heures lorsque l'avant-garde et la première division arrivent à l'embouchure du col. Malheureusement, le maréchal s’aperçoit alors qu'il a été pris de vitesse par une unité de près de 1000 cavaliers de Fersen, qui défendent la route et les environs directs du col. Arrêtant ses troupes, le maréchal Pencroff prend un instant pour réfléchir à un moyen de les déloger en utilisant ses deux régiments de dragons,mais des bruits de tambours en provenance du défilé rocheux lui indiquent l'arrivée imminente de fantassins ennemis: il semble alors évident qu'il n'aura pas le temps de déployer ses unités et son artillerie pour tenir l'embouchure du col. Qu'à cela ne tienne, sa division n'est pas isolée comme l'avait été celle du maréchal Zorn lors de la bataille de Passeroche quelques jours plus tôt, aussi n'est-il pas capital de tenir coute-que-coute la sortie des montagnes. Le maréchal Pencroff décide donc de se replier sur le village de Maringo dans lequel le maréchal Zorn organise déjà la défense de la zone, et ou des mesures ont déjà été prises pour les artilleurs. Avant de quitter les abords de Passeroche, le maréchal Pencroff ordonne tout de même à deux compagnies du régiment de maréchal-hussards de couvrir sa retraite et de compter les unités ennemies en route.<br> | |
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− | + | Rétrogradant donc vers Maringo, qu'il atteint vers onze heures, le maréchal Pencroff est informé par ses cavaliers que les troupes ennemies se sont lancées à sa poursuite, et qu'elles sont fortes d'environ une légion ennemi. On soupçonne alors que les restes de la légion Bonlieux se soient ralliés à une nouvelle légion, et que les deux colonnes aient fait bloc pour forcer le passage. D'après les premières observations, ce sont près de 8000 hommes qui seraient en marche en direction de maringo.<br> | |
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+ | Vers midi, le maréchal Pencroff et le maréchal Zorn achevèrent de réorganiser les défenses du village en prenant en compte les deux divisions, l'avant-garde et l'arrière-garde. Réduit lui-même à près de 8000 combattants du fait des pertes subies dans les batailles précédentes, le corps allait donc affronter une force égale en nombre, mais il disposait pour lui de l'avantage du terrain. Les canons du corps avaient été mis en batterie derrière des redoutes de terre, un hopital de campagne avait été installé dans l'enceinte du village pour traiter au plus vite les blessés et des voies rapides de ravitaillement avaient été préparées de sorte à ce que toutes les unités soient réapprovisionnées le plus rapidement possible dans le feu. Chaque rue du village avait été barricadée, et les soldats attendaient de se battre de pied ferme.<br> | ||
+ | Vers treize heures cependant, une nouvelle inquiétante arriva à l'état-major des maréchaux. Après que les 8000 hommes des legions de Fersen eurent achevé de se redéployer à la sortie du col, ces derniers furent rejoints par une formation compacte et massive d'environ 2 à 3000 miliciens armés d'arquebuses. Ce renfort, impromptu, laissait entendre que les forces du royaume de Fersen se portaient à près de 11 000 hommes, bien que l'on put douter de la qualité de cette milice.<br> | ||
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+ | Vers quatorze heures, les troupes du royaume de Fersen arrivèrent en vue du village de maringo. Immédiatement, elles se déployèrent en ordre profond, et entamèrent un contournement du village derrière un repli de terrain qui les mettaient à l'abri des canons postés en direction de la route du col. Ils purent, ainsi, se rapprocher du village, sur un axe d'attaque qui avait heureusement été prévu par les maréchaux. Puis, prenant possession d'une colline dont le plateau surplombait légèrement le village à une distance de près de quatre-cent-mètres; ils entreprirent de mettre en batterie leur artillerie.<br> | ||
+ | Le royaume de Fersen disposait, au cours de cette bataille, d'un ensemble de seize canons d'un calibre approchant les 10 livres. Le duc Von Wurmseer, qui commandait la légion qui avait passé le col, fit alors disposer ses bouches-à-feu en grandes batteries et ordonna le bombardement du village.<br> | ||
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+ | Ce bombardement, qui visait l'entrée du village, était en réalité du tir de barrage visant à empêcher le corps des maréchaux de se déployer sur ce flanc du village. Le duc Von Wurmseer éspérait ainsi couvrir le mouvement du duc Von Bonlieux, survivant de Passeroche, qui l'avait rejoint avec les restes de sa légion. En effet, ce dernier avant massé ses troupes sur l'aile gauche de la légion Wurmseer et se préparait à prendre d'assaut le village à la tête de près de 6000 hommes issus de sa légion et de la milice. En parallèle de ces préparatifs, le duc von Wurmsser fit déployer sa propre légion en ligne, et renforça son aile droite à l'aide de sa cavalerie forte de près de 1000 dragons. Avec cette cavalerie, l'aile droite de l'armée de Fersen était donc l'aile faible, tandis que l'aile gauche tenue par Bonlieux devait être l'aile forte sur laquelle s'appuierait le mouvement.<br> | ||
+ | De leur position dans le village, très exposée à l'artillerie, les maréchaux ne pouvaient pas voir les colonnes avec lesquelles le duc von Bonlieux se préparait à donner l'assaut sur le village. Ils pouvaient, en revanche, deviner leur présence par l'appui de la seule cavalerie ennemie sur la droite de ses lignes et le fait que l'aile gauche ennemie aboutissait sur un défilé en forme de couloir fondant vers le village.<br> | ||
+ | Anticipant l'assaut sur le point précis ou débouchait l'aile gauche ennemie, les maréchaux ordonnèrent immédiatement aux deux régiments de fusiliers-grenadiers de s'y rendre pour en verrouiller l'accès à tout pris. Puisque ce point de la défense du village était le plus menacé, ils y envoyèrent en réserve les deux régiments d'impérial-grenadiers, les deux meilleurs régiments d'infanterie à leur disposition. Outre les grenadiers d'élite, ils firent démonter les 1500 dragons du corps, qui vinrent se porter en renfort des fusiliers-grenadiers; portant ainsi l'effectif de ce point à 3500 hommes de front et 2000 grenadiers en réserve. Puis, pour faire face à l'aile droite ennemie qui était son aile faible et de laquelle on n'attendait que peu de mouvements, les maréchaux déployèrent les deux régiments de tirailleurs-grenadiers appuyés par le régiment de vélites-carabiniers, pour un effectif total de 3000 hommes.<br> | ||
+ | Quant à la cavalerie du corps, les 1500 dragons ayant été réquisitionnés pour combattre à pieds, il ne restait plus que 1000 cavaliers lourds des régiments de maréchal-cuirassier et colonel-général-cavalerie ainsi que les 1000 hussards du corps. La cavalerie loure fut stationnée sur l'arrière du dispositif, prête à se porter à l'aide des fusiliers-grenadiers sur le point chaud ou à assister les tirailleurs-grenadiers en cas de mouvement sur l'aile droite ennemie. Les hussards, eux, furent réunis sur l'arrière du village, prêts à tenter une sortie à la première occasion.<br> | ||
+ | Pour ce combat, qui s'annonçait musclé, le maréchal Zorn décida de commander en personne les unités de fusiliers-grenadiers qui allaient vraisemblablement recevoir le premier coup d'estoc du duc von Bonlieux. Le maréchal Pencroff, de son coté, décida de se tenir près des tirailleurs-grenadiers et de ses hussards, attendant une fenêtre pour envoyer sa cavalerie ou pour renforcer ses fantassins.<br> | ||
+ | Enfin, l'artillerie du corps fut retirée des extérieurs directs du village et disposée dans les rues, chargée à mitraille, notamment sur les lignes des fusiliers-grenadiers. Quelques batteries furent disposées près des tirailleurs-grenadiers pour appuyer leur défense, et une batterie d'artillerie à cheval fut gardée en réserve pour tenter, si une opportunité s'ouvrait, de détruire les canons de Fersen.<br> | ||
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+ | Vers quinze heures, alors que le bombardement ennemi battait son plein, le duc von bonlieux passa à l'assaut sur le village. Marchant en tête de sa colonne aux cotés de sa cohorte de pionniers, il se rua sur les murets qui encadraient la bourgade et derrière lesquels se tenaient les soldats des 1er et 2e régiments de fusiliers-grenadiers. Immédiatement après que les troupes ennemies eurent quitté le relief qui les abritaient, les colonnes furent accueillies par une mousquetade nourrie. Par salve, dans un premier temps, les soldats du corps fauchèrent les premiers rangs adverses, qui n'en reculèrent pas pour autant. Menées par le duc, les pionniers, qui étaient tous de solides combattants aguerris et formés au travail de sape en première ligne, chargèrent avec rage. En quelques minutes, malgré les pertes effroyables que subissait leur cohorte, ils se rapprochèrent des murets de pierre. Poussés par les 5 à 6000 hommes qui les suivaient en colonne, ils s'écoulaient comme un torrent vers les défenseurs du village, qui répondirent par le feu-à-volonté. Le champ de bataille se noya rapidement dans un brouillard blanc que vomissait les mousquets, alors que les premiers coups de pioche dans les murs se faisaient entendre. Au milieu de ses hommes, le maréchal Zorn ramassa un mousquet sur le corps sans vie d'un fusilier, et se joignit à la ligne. Plusieurs fois, sa garde rapprochée tenta de le faire revenir en arrière, sans succès. Derrière les combats, rangés fébrilement en bataillons, les soldats d'élite des régiments d'Impérial-grenadiers attendaient d'entrer dans la fournaise.<br> | ||
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+ | De son coté, le maréchal Pencroff ne resta pas oisif. Quand le duc von Bonlieux débuta son attaque sur le village, il sut que l'aile gauche ennemie était au contact du maréchal Zorn et de ses régiments. Sachant cette aile ennemie fixée, il savait qu'il lui suffisait de pousser sur l'aile droite pour la faire fléchir, puis rompre. Malheureusement, il ne disposait pour cela que de 3000 fantassins et 1000 hussards à opposer aux 4000 fantassins et 1000 cavaliers du duc von Wurmseer. Si il savait que les soldats d'élite du corps des maréchaux pourraient facilement vaincre à 1 contre 2 et qu'il pouvait théoriquement affronter la légion Wurmseer sans problèmes, il ne pouvait cependant pas raisonnablement dégarnir sa propre aile pour mener un assaut total, sans réserve suffisantes. Il se résolut donc à faire mouvement vers l'aile droite ennemie pour faire feu sur ses lignes sans tenter le contact dans un premier temps, de sorte à prendre l'initiative sur elle et endiguer un éventuel bond en avant de sa part. Cela l'obligeait, en revanche, à utiliser ses trois régiments d'infanterie, mais allait sans doute soulager le maréchal Zorn.<br> | ||
+ | Evidemment, il restait également en réserve les 1000 cuirassiers de la cavalerie lourde; mais les maréchaux avaient convenu de ne les utiliser qu'en dernier recours, au cas ou l'aile du maréchal Zorn ou du maréchal Pencroff serait enfoncée. Il était donc exclu de les employer pour appuyer une manœuvre hors du village, à plus forte raison sur les collines ou l'artillerie de Fersen était encore déployée. Car ce qui genait le plus le maréchal Pencroff, ce n'était pas tant la présence de soldats en surnombre, que ses propre hommes dépassaient de loin; mais la présence de canons en grande concentration sur la colline. Attaquer de front pareille batterie serait suicidaire, il fallait tenir depuis les murs du village.<br> | ||
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+ | Vers seize heures, grâce à la défense acharnée du maréchal Zorn et des fusiliers-grenadiers, l'assaut du duc von Bonlieux semblait patiner. Mais malgré leur tenacité, les troupes des maréchaux ne purent que constater l'état de destruction avancé des murets de pierre qui, criblés de balles et de coups de pioche, ne demandaient plus qu'à céder. Le moral restait cependant au beau fixe, encouragé par la présence des maréchaux; et il semblait évident que les troupes de Fersen avaient jusqu'alors subi près du double des pertes du corps. La plaine qui bordait le village était couverte des corps des pionniers et des lansquenets du duc von Bonlieux, et leurs attaques se faisaient de plus en plus lentes; bien que l'on put craindre que la rupture prochaine du mur ne ranime leur rage. Du coté du maréchal Pencroff, la ligne droite ennemie et sa ligne se livraient une guerre d'attrition méthodique. Les soldats des deux camps, à couverts derrière les murs du village et derrière le talus qui le bordait, s'arquebusaient à tout va. Le maréchal lui-même, ayant saisi un mousquet sur un mort, tirait sur tous ceux qui passaient à sa portée, arguant qu'il offrirait un sabre d'honneur à tous ceux qui touchaient une tête. Les coups de feu claquaient de part et d'autre, emportant des malheureux dans les deux camps, bien que la légion Wurmseer eut à souffrir des plus nombreuses pertes. En effet, il faut noter que l'aile du maréchal Pencroff était composée de deux régiments de tirailleurs-grenadiers et d'un régiment de vélites-carabiniers; qui avaient tous la réputation de recruter parmi les meilleurs tireurs du corps. Outre ces fins-tireurs, le maréchal était aussi appuyé par 200 mousquetaires qui, ayant démonté, faisaient la démonstration de leurs talents d'adresse.<br> | ||
+ | |||
+ | Vers dix-sept heures, les combats s'éternisaient encore lorsque le mur d'enceinte du village qui abritait les troupes du maréchal Zorn céda enfin, dévoilant les lignes de ce dernier et les privant d'un couvert fort salutaire. Voyant que les défenses du village étaient amoindries, le duc von Bonlieux jeta toutes ses forces en avant, au contact des fusiliers-grenadiers. Près de 5000 hommes se ruèrent alors au corps à corps contre les 3000 hommes valides restant pour le défendre. Immédiatement, voyant l'entrée du village prise d'assaut, le maréchal Zorn fit donner les régiments d'Impérial-grenadiers, qui se joignirent à la bataille l'arme au bras. Une violente confrontation à la baïonnette, à l'épée et à la hache s'engagea alors, tandis que l'aile gauche de fersen et l'aile du maréchal Zorn s'écharpaient de front. La lutte, sur laquelle le maréchal Zorn et ses grenadiers avaient l'avantage, était toutefois extrêmement violente et mobilisa toutes les ressources de l'aile. Voyant le combat s'engager sur sa droite, le maréchal Pencroff ordonna aux cuirassiers de se porter en arrière des lignes du maréchal Zorn, prêts à charger au pas dans les rues du village pour dégager repousser l'ennemi. Sa propre aile, entièrement déployée face à la légion von Wurmseer, ne pouvait apporter d'autre secours, tiraillant elle-même à 3000 contre 5000; et il ne pouvait risquer de contournement avec ses seuls hussards, attendu que les flancs de l'ennemi étaient couverts par près de 1000 cavaliers lourds de Fersen.<br> | ||
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+ | Sur toute la ligne, la lutte était totale mais le corps des maréchaux, plus aguerri et mieux formé, conservait indéniablement l'avantage. Mais le maréchal Pencroff et le maréchal Zorn comprirent rapidement que cet engagement total de deux légions entières n'était pas un risque inconsidéré, et que les troupes de Fersen avaient encore un atour dans leur manche. La confirmation de leurs craintes arriva vers dix-sept heures trente lorsque, arrivant par la route de Passeroche, une troisième légion fut annoncée.<br> | ||
+ | Il s'agissait alors de la légion Alvichi, forte de 5000 hommes, et qui avait progressé à cinq heures de marche derrière la légion Wurmseer. Le plan de l'armée de Fersen devint clair: la légion Wurmseer et les restes de la légion Bonlieux devaient fixer le corps des maréchaux et l'engager intégralement, le temps qu'une 3e légion ne vienne leur prêter assistance pour porter le coup de grâce. A présent, le panache de fumée de la légion alvichi était visible depuis tout le champ de bataille, et il semblait clair qu'il serait au contact du corps des maréchaux avant le crépuscule. Engagé sur toute la ligne et déjà dépassé par le nombre, le corps des maréchaux courrait le risque d'être flanqué ou pris à revers, et n'avait plus le luxe de se redéployer. Sa seule réserve était alors composée des 1000 hussards et des 1000 cuirassiers qui pouvaient encore quitter les arrières du maréchal Zorn; mais aucun appui d'infanterie n'était à espérer.<br> | ||
+ | |||
+ | Malgré cette terrible annonce d'un renfort ennemi, le moral des soldats du corps ne baissa pas, et l'annonce de cette complication soudaine sembla même pousser les hommes dans leurs derniers retranchements. Du coté des forces de Fersen en revanche, les deux ducs comme leurs hommes poussèrent un profond soupir de soulagement, et se virent déjà vainqueurs, éprouvés mais victorieux. Sur le champ de bataille, le maréchal Zorn continuait de se démener dans la mêlée, entouré à présent de ses grognards dont chacun continuait à se battre avec la force de dix hommes. Le maréchal Pencroff, de son coté, laissa le commandement de son aile à la générale Marceline, sa major-générale, pour prendre le commandement de la cavalerie.<br> | ||
+ | Priant pour que le centre tienne, il s'entoura de ses mousquetaires et de ses hussards, et ordonna aux cuirassiers de rester dans le village en ultime réserve. Il se prépara alors, bien que la manœuvre fut d'un effroyable danger, à se jeter avec ses cavaliers sur le flanc de l'aile droite adverse. Il savait que cette aile était couverte par 1000 cavaliers lourds et par une artillerie bien positionnée ainsi que par de nombreux fantassins; mais il gageait qu'une percée sur cette aile, appuyée à propos par les cuirassiers ou par une avance soudaine de son infanterie, pourrait permettre de rompre la ligne de l'armée de Fersen avant que la 3e légion ennemie ne se porte en renfort et n'engage le combat. Les cavaliers se regroupèrent alors en trois lignes, qui devaient se séparer à la sortie du village pour se déployer en ordre relâché et tâcher ainsi d'éviter au mieux les coups de l'artillerie. Une charge en désordre aurait sans doute moins d'impact lors du contact avec les cavaliers et les fantassins ennemis, mais le maréchal comptait sur l'inégalable bravoure de ses soldats pour emporter la décision ou périr couverts de gloire.<br> | ||
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+ | Mais alors que, vers dix-huit heures, le maréchal Pencroff s'apprêtait à charger de front et le maréchal Zorn se démenait pour tenir l'entrée du village; une nouvelle leur arriva et changea diamétralement le rapport de force des combats. Sur l'arrière du village, dissimulés jusqu'alors par le relief accidenté de la région, la division de cavalerie du général Darkalne se présenta dans la plaine. Arrivant par le sud-ouest, c'est à dire par l'arrière droite des maréchaux, le général et ses 2000 cuirassiers et dragons dévalaient la pente d'une colline au trot, sonnant au clairon l'appel aux armes.<br> | ||
+ | Immédiatement, soulagé par ce soudain renfort et reconnaissant avec émotion les étendards de la garde volontaire, le maréchal Pencroff fit envoyer un officier d'ordonnance pour instruire le général Darkalne de ses ordres:<br> | ||
+ | "Vous aurez à coeur, mon général, de porter vos cavaliers sur notre flanc gauche, à l'est; pour y faire face à la cavalerie de la légion qui nous y incommode. Vous poursuivrez ensuite l'assaut sur toute leur aile, que je vous serais gré de briser. J'aurais l'honneur d'appuyer votre mouvement, mais puisque vous arrivez je vous laisse l'honneur de la charge; avec mes salutations."<br> | ||
+ | |||
+ | Quelques minutes plus tard, la division Darkalne se porta à l'arrière-gauche du village, qu'elle dépassa par l'Est. Elle fut rejointe par le maréchal, qui la laissa passer pour conduire ses hussards plein Est et contourner au large, dans l'espoir de prendre le centre ennemi par ses arrières.<br> | ||
Ligne 383 : | Ligne 522 : | ||
- Cohorte de landwehr du vicomte Von Vogeslag<br> | - Cohorte de landwehr du vicomte Von Vogeslag<br> | ||
- Cohorte de landwehr du baron Von Lusygnan<br> | - Cohorte de landwehr du baron Von Lusygnan<br> | ||
− | - Cohorte de jagers du baron | + | - Cohorte de jagers du baron Von Rupercht<br> |
− | - Cavalcade des ulhans du comte | + | - Cavalcade des ulhans du comte Von Rischoffen<br> |
'''Légion du duc de Wurmseer'''<br> | '''Légion du duc de Wurmseer'''<br> | ||
− | - Cohorte des spadassins du comte | + | - Cohorte des spadassins du comte Von Andreas<br> |
− | - Cohorte de landwehr du baron | + | - Cohorte de landwehr du baron Von Shliffen<br> |
− | - Cohorte de landwehr du baron | + | - Cohorte de landwehr du baron Von Gerisht<br> |
− | - Cohorte de jagers du vicomte | + | - Cohorte de jagers du vicomte Von Nassau<br> |
− | - Cavalcade des dragons du comte | + | - Cavalcade des dragons du comte Von Lieberman<br> |
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+ | [[Catégorie:Garde Volontaire]] |
Version actuelle datée du 19 août 2022 à 23:40
Campagne des immaculés | |
Dénomination | "La croisade damnée" |
---|---|
Description | La campagne des immaculés est un conflit ayant opposé des forces loyalistes de Stendel à l'église de la veine noire et à ses vassaux. |
Lieux | Région des bas-plateaux, royaume de Fersen. |
Periode | De Holevent de l'an 265 à Fifrelune de l'an 266 du Calendrier Erachien |
Belligérants | Corps des Maréchaux et Garde Volontaire, église de la veine noire, Royaume de Fersen. |
Commandants | Pencroff, Ghideon Zorn, Wendy Marvel, Suljii, Darkalne |
Alignement | Impérial, Eglise immaculée |
Forces en présence | Corps des maréchaux: environs 10 000 Garde Volontaire: 20 000 |
Issue | Victoire tactique et stratégique des impériaux |
Batailles | Massacre de Lupek Bataille du mont-sans-joie |
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Introduction
Le contexte
Dans le courant de la décennie 250 du calendrier érachien naquit un culte particulièrement belliqueux nommé église de la veine noire, dans la région des bas-plateaux. Cette région, située à plusieurs jours de cheval à l'est de Stendel, était connue pour être un point de passage commercial de premier ordre: la région était en effet fort montagneuse et la route qui suivait le fleuve de la veine-noire était une artère marchande fort prisée des caravanes. Malheureusement, l'église qui avait pris le nom de la rivière entreprit de bannir de la région tous ceux qui n'était ni de l'espèce humaine, ni de celle des elfes. De fait, certains commerçants non-humains eurent de plus en plus de mal à traverser la région, et se retrouvaient parfois pris à partie par la branche armée de l'église: les paladins immaculés.
La situation ne cessa de se détériorer, tant et si bien qu'un premier conflit éclata. La région des bas-plateaux fut entièrement fermée, portant un coup d'arrêt au commerce dans le région. La région passa alors sous le contrôle de l'église, qui renforça les rangs de son armée. Les régions voisines ne tardèrent pas à hausser le ton et à faire savoir le mécontentement, mais toutes furent prises de court: l'église déclara la guerre à ses plus proches voisins dans ce qui devait être sa première croisade.
Au début de la décennie 260, l'influence de l'église dépassait donc largement les frontières de la région des bas-plateaux. La majeure partie des duchés et des petits royaumes qui l'entouraient avaient succombé à ses croisades et étaient désormais ses vassaux, et les rangs des paladins immaculés ne cessaient de croitre. La population non-humaine et non-elfe de cette partie du continent fut réduite à l'exode, quand elle ne souffrait pas directement de massacres: les années passant, les croisades des paladins se firent de plus en plus violentes et sans pitié. Les raids et les exécutions devirent monnaie courante, et l'église de la veine-noire représentait désormais une menace trop importante pour les nations encore indépendantes qui la bordaient directement, à la seule exception de l'empire de Stendel qui était resté tout à fait neutre quant aux conflits de ce lointain voisin. De son coté, sachant pertinemment que l'empire était un adversaire bien trop conséquent pour entrer en conflit avec lui, l'église tâcha de s'en tenir éloignée, du moins pendant un temps.
Belligérants
L'église de la veine noire est un culte pro humains et pro elfes fondé par l'archevêque Horace Dante Ier, un ecclésiastique qui considérait les espèces non humaines et non elfes comme les descendants des monstres qui avaient jadis rendu inhabitable la région des bas-plateaux. Ce dernier fut considéré comme fou par la plupart de ses contemporains.
A sa mort, il fut remplacé par son disciple le plus exalté qui prit le nom de Horace II. C'est ce dernier qui, souhaitant pousser jusqu'au bout les dogmes de son église, forma l'armée des paladins immaculés. C'est aussi lui qui décida le lancement des croisades dans la région des bas plateaux, et qui supervisa les invasions des régions voisines. Il porte la responsabilité des massacres de plusieurs milliers de civils, sur près de quinze ans.
Les Paladins immaculés étaient à l'origine des nobles issus de la région des bas plateaux, et qui étaient en quête de gloire et d'aventure. On trouvait parmi eux de nombreux second-fils de familles, qui n'avaient pas hérité du titre de patriarche et qui se retrouvaient souvent sans réelle activité. Le temps passant, les rangs se garnirent également de bourgeois et de paysans, convertis par l'église.
Le Royaume de Fersen est un des plus gros voisins directs de la région des bas-plateaux. Il est dirigé par le roi Francesco Ier, nouvellement monté sur le trône et malheureusement peu qualifié pour la régence d'un pays. Pendant la décennie qui précéda la campagne, le royaume de Fersen dût faire face à une série de mauvaises récoltes qui firent monter un vent de révolte dans les campagnes: le roi avait d'urgence besoin de moyens et d'un bouc émissaire. L'église la veine noire vint lui apporter ces deux éléments sur un plateau. Le roi, corrompu à l'aide du trésor de l'église, accepta de monter sa population, principalement humaine, contre la portion non-humaine minoritaire. Il mit également son armée de près de 30 000 hommes au service de l'église.
L'armée du royaume de Fersen était de bonne facture, bien équipée et formée de bons soldats. Elle comptait sur une nombreuse cavalerie, montée sur de rapides chevaux élevés en plaine. L'armée était commandée par un Archiduc, en qualité de Général, et ce dernier était assisté par des ducs faisant fonction de lieutenants-généraux. Les régiments de l'armée étaient commandés par des comtes, vicomtes et barons.
Tous les nobles ne partageaient pas la vision, courte, du roi; mais tous lui étaient fidèles par esprit de corps. Les plus aguerris des généraux, à commencer par le duc Von Bonlieux, sentaient toutefois qu'une catastrophe couvait.
Le Corps des maréchaux est un corps d'armée loyal à l'empire de Stendel et commandé par les Maréchaux Pencroff et Ghideon Zorn. Il s'agit d'une force d'élite, rompue aux arts de la guerre les plus récents. Le corps est composé d'une divison d'infanterie et d'une division de cavalerie, ainsi que d'éléments organiques d'artillerie et de génie. La spécificité de ce corps est sa grande mobilité: il est capable de parcourir de grandes distance en un temps particulièrement court, grâce à une gestion du ravitaillement optimisée et par une séparation des troupes en plusieurs colonnes lors des marches permettant de faciliter leur maintien. Les soldats du corps des maréchaux sont connus pour être de fervents impériaux, au point de griser souvent le fanatisme. Le corps est composé de toutes les strates de la société stendelienne, et de toutes les espèces vivant dans l'empire: Humains, elfes, nains, chimères, peaux-vertes et bien d'autres.
La Garde Volontaire est une armée loyaliste ayant prêté allégeance à l'empire de Stendel. Elle fut fondée par le maréchal Pencroff et est actuellement commandée par le maréchal Ghideon Zorn. La garde volontaire tire sa force de son organisation et de ses grandes capacités d'accélération logistique. Ses troupes sont professionnelles et aguerries, et se sont illustrées dans de nombreuses campagnes dont elles sont souvent revenues victorieuses. La seule et unique mission de la garde est de protéger les populations civiles impériales. Ce but est poursuivi avec un détermination absolue.
Déroulement
Origine du conflit
Massacre de Lupek (casus belli)
Le 6 Holevent de l'an 265, une colonne de cavaliers de l'église de la lumière, qui participait à une campagne de croisade à l'ouest de la région des bas plateaux, se rapprocha dangereusement de la frontière impériale sans être repérée. Si leur objectif n'était pas d'entrer sur le territoire Stendelien, ce qui leur avait été proscrit par le grand évêché, une erreur de route les y conduisit. Les paladins de la veine-noire ne se rendirent compte de leur erreur que lorsqu'ils arrivèrent devant le village de Lupek, bourg principalement peuplé par une communauté de gnomes et de halfelins.
Ignorant les instructions de l'évêché, et pensant suivre les préceptes de leur culte; les paladins se résolurent à saccager le village. Ils se livrèrent donc au massacre de la population locale et au pillage de leurs biens, sans rencontrer aucune résistance. En effet, le village n'était pas doté de corps de gardes et la patrouille journalière de la garde impériale qui y passait n'était attendue que pour le soir.
Lorsque les gardes impériaux arrivèrent au village au crépuscule, les assaillants du village avaient déjà disparus, et la population avait été décimée. Dans les décombres d'une maison, les gardes retrouvèrent cependant deux enfants, cachés par leurs parents et qui avaient miraculeusement survécus. Ils furent tous les deux déclarés pupilles de l'empire et évacués.
Quand la nouvelle du massacre arriva en capitale, elle fut reçue avec une profonde consternation, qui se transforma rapidement en colère. A ce moment des évènements, les coupables du massacre n'avaient pas été clairement identifiés, et l'église de la veine noire s'était bien gardée de revendiquer l'attaque après que l'archevêque en ait eu vent. Au contraire, l'église ordonna à ses paladins de s'éloigner le plus possible de la frontière Stendelienne, dans l'espoir de ne pas être démasqués et d'éviter une guerre non-préparée contre l'empire de Stendel.
En réaction au massacre et dans le double objectif de venger les sujets impériaux massacrés et d'abolir définitivement la menace qui croisait vraisemblablement aux frontières impériales, le Maréchal Pencroff ordonna le départ du Corps des Maréchaux, dont il prit le commandement. Il confia au Maréchal Ghideon Zorn la tâche de former un corps d'armée de la Garde Volontaire au cas ou un renfort serait nécessaire.
Au matin du 15 Holevent, un peu moins de dix jours après le massacre, le corps des maréchaux se mit en marche en direction de la frontières Est de Stendel.
Après deux semaines de marche, le 28 Holevent, le corps des maréchaux arriva au village de Lupek. Le maréchal Pencroff fit passer ses troupes par le village, en colonne, afin que chaque homme témoigne de la désolation des lieux qui portaient encore les stigmates de l'attaque. Puis, pendant que les régiments passaient par le village, le maréchal et son état-major vinrent se recueillir sur les tombes des habitants en présence de quelques membres des familles qui s'étaient précipitées au village à l'annonce du drame. Une brève cérémonie fut célébrée, durant laquelle le maréchal fit le serment de venger au centuple chaque goutte de sang versée.
Le lendemain, 29 Holevent, le corps des maréchaux quittait le village pour se projeter hors des frontières. Il se sépara alors en trois groupes: Une avant-garde, une aile droite, une aile gauche et une arrière-garde; chaque groupe étant de la taille d'une division. L'avant-garde se projeta rapidement plein-est, tandis que les deus ailes se répartirent vers le nord-est et le sud-est. l'arrière-garde suivait avec l'artillerie de campagne et les bagages du corps d'armée. Chaque groupe devait se tenir à moins de 6 heures de marche de son plus proche voisin, afin de pouvoir s'entre-appuyer en cas de rencontre avec une force ennemie. La campagne venait de commencer.
Campagne de la veine noire
Opérations de reconnaissance
Après avoir passé la frontière le 29 Holevent, le corps entreprit de fouiller méticuleusement toute la région qui bordait le flanc est du territoire de Stendel. Le maréchal Pencroff comprit rapidement que les coupables, n'ayant pas revendiqué leur méfait, avaient sans doute cherché à s'éloigner autant que possible de la frontière. Il ordonna donc à son avant-garde de s'orienter plein-est, en direction de la région des bas plateaux. C'est durant cette marche que l'état-major acquit la certitude que l'église de la veine-noire était liée au massacre: leurs préceptes étaient en effet connus de tous, et de nombreux civils croisés par les troupes firent part de la récente présence de paladins dans la région et de leur brusque disparition. La destination du corps était donc toute trouvée, et les quatre divisions reçurent l'ordre de marcher en direction des rives de la veine-noire, le fleuve qui donna son nom à l'église et qui longe la vallée des bas-plateaux.
Le 53 Holevent 265, alors que l'avant-garde poursuivait ses opérations d'éclairage aux devants du corps, une compagnie du régiment de dragons de Filranmel fit la rencontre impromptue d'une petite bannière de spadassins de la veine-noire. Le groupe, qui appartenait à l'Ost des spadassins de la légion d'opale, avait en effet monté son bivouac en bordure d'un étang, où il tenait l'arrière-garde de la légion d'opale, une des divisions de l'église de la veine-noire. Ne sachant pas si ils avaient affaire à des ennemis, les dragons tentèrent d'approcher le camp, mais déclenchèrent immédiatement un branle-bas de combat général de la part des spadassins. Leur réaction confirma aux dragons qu'il s'agissait bien d'ennemis, et l'assaut fut donné. Les dragons de Filranmel n'eurent que peu de mal à venir à bout de la centaine de fantassins légers, qui avait été surprise au repos et désorganisée. De la bannière, il ne subsista aucun survivant en mesure de donner l'alerte au reste de la légion d'opale, et les dragons trouvèrent dans les bagages d'un des officiers une série d'ordres et de missives qui leur indiqua la position des unités ennemies les plus proches. Quand la fouille des corps fut terminée, la compagnie de dragons se retira pour aller présenter ses découvertes à l'état-major au plus vite: ils savaient que l'avantage était de leur coté et que tant que la disparition des spadassins n'était pas remarquée, ils pouvaient profiter d'un certain effet de surprise.
Bataille du mont-sans-joie
Le 55 Holevent 265, profitant des informations récupérées le 53 Holevent par les dragons, les troupes du corps des maréchaux entamèrent un mouvement offensif contre la légion d'opale, qui stationnait le long du fleuve de la veine-noire, non loin d'un lieu-dit nommé "Le mont-sans-joie". La légion, qui n'avait pas encore eu vent de la destruction de sa bannière de spadassins, bivouaquait en effet sur la rive, en désordre. Le Maréchal Pencroff ordonna à l'avant-garde du corps et à la première division de se préparer à l'assaut, tandis qu'il lançait la seconde division et l'arrière-garde plein-est, pour déborder la légion d'opale.
Au lever du jour, il fit donner l'assaut sur la rive, prenant de cours les forces adverses, surprises dès le réveil. Les 1er et 2e régiments de tirailleurs-grenadiers se ruèrent à la baïonnette sur les premiers ennemis, qui tombèrent sans opposer la moindre résistance. Puis, formant la ligne, les tirailleurs-grenadiers jetèrent sur le reste de la légion d'opale plusieurs salves meurtrières, qui achevèrent de semer la panique chez l'ennemi. Ces derniers, se retrouvant dans l'incapacité de se former en ordre de bataille, commencèrent à refluer en désordre le long de la rivière, qui les bordait sur la droite. Malheureusement, sur leur gauche, l'artillerie à cheval du maréchal Pencroff vint se disposer en batterie, et fit tomber sur eux une terrible pluie de métal. Poursuivies la baïonnette dans les reins, décimées par la mousquetade et par la mitraille; les troupes de la légion d'opale fondirent comme la cire d'une bougie à la flamme d'un brasier. En moins d'une heure, tous les spadassins et les anspessades avaient péri. Ne restait alors que la colonne de reconnaissance et les bacheliers, dont une partie avait eu l'occasion d'atteindre les chevaux et avait pris la fuite vers l'est. Malheureusement, ces derniers furent pris en chasse par les dragons de Filranmel et d'Asayaka, ainsi que par le régiment de maréchal-hussards commandé par le général Marceline de Bercheny. Un affrontement de cavalerie s'ensuivit, dans lequel le ban des bacheliers d'opale fut anéanti. Seul un fragment de la colonne inquisitrice d'opale, monté sur de plus vifs destriers, parvint à disparaitre dans l'épaisse forêt qui s'ouvrait à l'est.
Sur les coups de quinze heures, le maréchal Pencroff rappela ses cavaliers et rassembla la 1ère division. Il ordonna à l'avant-garde de rejoindre la 2e division, déjà partie vers l'est; et fit stopper l'arrière-garde pour que la 1ère division puisse la rattraper. Des documents de diverse importance furent saisis sur les corps des ennemis, dont une partie vint définitivement motiver la campagne: Il y était en effet mentionné que la légion d'opale était à l'origine du massacre de Lupek, et plus précisément la "colonne inquisitrice", dont une partie avait malheureusement pris la fuite. Le corps se remit en marche avant la nuit.
Du coté de l'église de la veine noire, il fallut attendre la tombée de la nuit pour que la nouvelle du massacre remonte à l'archevéché. Une profonde consternation ébranla les évêques, qui venaient de perdre dans ce combat près d'un sixième de leurs forces. Il semblait alors évident que les impériaux avaient compris leur implication dans le massacre de Lupek, et qu'une armée était en marche vers la région des bas-plateaux: l'heure n'était donc plus au repli mais à la contre-attaque. L'archevêque ordonna alors aux légions de granit et de jade de se porter à la rencontre de l'armée adverse, qui devait probablement croiser aux environs du mont-sans-joie.
Bilan de la bataille: Victoire tactique et stratégique des impériaux, destruction de la légion d'opale. Progression du corps des maréchaux vers la région des bas plateaux, en direction de l'est. Envoie de la légion de granit et de jade par l'église de la veine noire pour endiguer la progression impériale. L'évêque Otto, commandant de la légion d'opale, est retrouvé blessé et succombe le lendemain de la bataille.
Bataille de Thelore
Le 3 Agrevent 265, plus d'une semaine après la bataille du mont-sans-joie et suite à de nombreux mouvements prévisionnels opérés par les deux camps en vue de se rencontrer sur le terrain le plus propice, les légions de granit et de jade finirent par se lancer en direction du corps des maréchaux. Ce mouvement fut décidé après que les meneurs des deux légions eurent estimés que le corps des maréchaux se trouvait en assez fâcheuse posture pour ne pas pouvoir se défendre efficacement à cause du terrain sur lequel il s'était retiré: il n'en était en réalité tout autrement. En effet, il le relief des environs de Thelore semblait peu propice à un large déploiement de forces sur une ligne, il offrait au maréchal Pencroff la possibilité de scinder ses forces en trois, dans des positions ou chaque front serait indépendant des autres. Il pouvait également dissimuler une partie de ses troupes grâce à la complexité des dunes et collines, et avait entrepris de leurrer ses adversaires avec une fausse ligne défensive. Pendant plus de 48 heures, les sapeurs du corps et de nombreux soldats creusèrent des tranchées et bâtirent des redoutes où furent mises en batteries une bonne partie des bouches-à-feu du corps, de sorte à ce que l'ennemi, arrivant par l'est, ne croit avoir affaire à un réseau défensif complexe et bien garni: il n'en était rien: mais les canons ne devaient pas le leur laisser deviner avant que l'ennemi ne se soit trop exposé. Une fois les tranchées creusées, ce feux-centre défensif fut tout de même garni par les fantassins du 1er et 2e régiments de tirailleurs-grenadiers et par le régiment de vélites-carabiniers, soit près de 3 000 hommes qui allaient être le pivot du combat. Préventivement, le maréchal fit évacuer les habitants du village de Thelore dont la sécurité ne pouvait être garantie.
Aux environs de neuf heures, les deux légions se présentèrent à l'est du village. Comme prévu, elles entreprirent de se déployer face à ce qu'elles pensèrent être le gros des troupes du maréchal. Toute fois, prudentes, elles ne s'engagèrent pas toutes les deux dans le vallon: la légion de granit pris les devants, tandis que la légion de jade forma un arrière défensif hors de portée des canons. Le maréchal Pencroff, qui suivait ce mouvement depuis les redoutes, ordonna aux artilleurs de laisser la légion s'approcher, avant de débuter leur feu. Dans les tranchées, les vélites-carabiniers et les tirailleurs-grenadiers attendaient, leurs mousquets appuyés sur le parapet, que l'ordre leur soit donné de faire feu. Puis, quand le maréchal estima que l'ennemi s'était assez engagé, il fit donner le feu. La vingtaine de canons, disposés en "grande batterie", fit feu par salves de boulets de 6 à 8 livres sur les rangs ennemis que le terrain avait forcé à adopter un "ordre en profondeur". Chaque boulet eut donc un impact décuplé, certains projectiles emportant parfois plusieurs hommes d'un coup. La légion de granit ne perdit cependant pas pied, et poursuivit son avancée: elle était en effet composée de soldats particulièrement fanatiques, et était menée par un évêque parmi les plus charismatiques de l'église qui s'exposa au devant de ses hommes, embrasant ces derniers par son exemple. Les pertes de la légion furent terribles, mais elle menaça bientôt les tranchées où les soldats du maréchal la reçurent par une formidable mousquetade. Plusieurs fois, un formidable craquement déchira l'air, alors que les 3 000 mousquets vomissaient à l'unisson un nuage de fumée blanche qui venait s'élever en panaches saccadés dans le ciel. Pendant près d'une heure, les carabiniers et les grenadiers fixèrent l'ennemi sous ce feu terrible, mais ils ne parvinrent pas encore à faire débander cette légion qui se montrait si opiniâtre.
Voyant que la légion de granit était en difficulté, l'évêque de la légion de jade voulut lui prêter main-forte en lui envoyant une partie de son infanterie en soutien. Malheureusement, ce mouvement avait été attendu par le maréchal, qui dévoila alors ses deux divisions de combat, sa véritable force. Arrivant par le nord et par le sud, la 1e et la 2e division du corps des maréchaux fondirent sur la légion de jade, surprenant celle-ci dans son mouvement vers l'ouest. Grenadiers en tête, flanqués par des escadrons de dragons, les deux divisions se disposèrent en étau autour de la légion de jade, qui ne pouvait plus arrêter son propre mouvement en avant. Dans un ultime sursaut, comprenant que le centre du dispositif du corps des maréchaux n'était en fait qu'une formidable redoute de canons, certes bien défendue, mais néanmoins peu garnie; la légion de jade se jeta à la rencontre de la légion de granit, et se joint à elle pour tenter d'enfoncer les défenses du maréchal. Ce dernier, voyant les deux légions, éprouvées mais encore combatives, se ruer sur sa ligne; ordonna de fixer les baïonnettes et de faire passer les canons à mitraille. La bataille prit alors une intensité terrible: la mousquetade se poursuivit sous le tonnerre assourdissant des canons et le sifflement sinistre des éclats de métal qui se dissipaient dans les rangs ennemis. Puis, au moment suprême ou les deux légions allaient atteindre les tranchées, le feu des canons cessa, et laissa place à un hurlement. Face aux paladins épuisés et suffoquant dans la fumée de la poudre, le régiment de vélites-carabiniers sortit des tranchées, l'arme au bras. Son chef de corps, le lieutenant-colonel Fournier, mena l'assaut sabre en main; le visage noir de poudre. Criant à ses hommes "à la fourchette", il se rua en avant, suivi par ses fantassins. Une clameur terrible s'éleva alors dans le brouillard blanchâtre, tandis que les carabiniers et les paladins s'entretuaient à l'arme blanche. Voyant ce formidable combat, et conscient que cet élan allait emporter la décision de la bataille, le maréchal Pencroff rassembla avec lui les deux régiments de tirailleurs-grenadiers aux cris de "J'irai croiser le fer", une des devises du corps. Soutenu par cette vague vivante, il se jeta dans la mêlée. A l'est, les 1e et 2e divisions continuaient d'entamer la légion de jade par ses flancs, mais la fumée empêchait les grenadiers de viser clairement, et le corps à corps qui s'était engagé induisait un fort risque de tir-ami. Les deux divisions durent donc se cantonner à poursuivre leur encerclement de l'ennemi, mais ce dernier allait encore pouvoir compter sur un atout salutaire...
En effet, vers seize heures, une colonne de cavaliers lourds fut signalée à l'est. Prévenus de l'engagement des légions de granit et de jade, et inquiétés par le manque de nouvelles du front, l'archevêché avait détaché l'Ost des chevaliers de la lumière, issu de la légion de l'ouest, pour l'envoyer en renfort. L'arrivée imprévue de cette puissante cavalerie lourde permit aux deux légions, durement ébranlées et partiellement encerclées de percevoir une porte de sortie sur leurs arrières, ou les divisions du maréchal ne pouvaient pas se permettre de tourner le dos à pareille cavalerie. Les grenadiers des maréchaux, comprenant que leur position sur l'arrière des deux légions était compromises, se reportèrent sur le nord et le sud, laissant une brèche à l'est, d'ou étaient venues les deux légions. Celles-ci, dans un ultime effort pour éviter l'anéantissement, rétrogradèrent en hâte. Laissant derrières elles leur infanterie, déjà en prise avec les fantassins du maréchal, les deux légions sauvèrent ainsi leur cavalerie, qui s'était maintenue sur les arrières des légions pour tenter de contenir les grenadiers. galopant au travers du vallon en direction des chevaliers de la lumière, les chevaliers d'opale et de granit se sauvèrent donc, suivis de près par une partie des bacheliers, plus éprouvés en pertes cependant. La majeure partie de la cavalerie des deux légions échappa ainsi aux combats, mais le maréchal n'avait pas dit son dernier mot. Si ses dragons étaient en effet occupés à achever l'infanterie des paladins, il disposait encore de deux régiments de cavalerie lourde: le régiment de maréchal-cuirassier et le régiment colonel-général de cavalerie. Ces derniers, maintenus en réserve, étaient en effet prêts à combattre: ils furent lancés à travers le vallon par le sud. Contournant les combats d'infanterie qui secouaient encore le champ de bataille, les cavaliers du maréchal se jetèrent à la rencontre des chevaliers et des bacheliers de l'église, qui furent un instant pris de court. Mais dans un élan héroïque, les bacheliers de la légion de jade et de granit firent volte-face, en contre-attaquèrent les cavaliers du maréchal; afin de permettre aux trois ost de chevaliers, soit 3 000 hommes, de quitter le champ de bataille. Evidemment, les bacheliers, qui étaient équipés en cavalerie légère, ne tinrent pas longtemps face à des cuirassier. Mais la disproportion de leur nombre, deux ost de mille homme contre deux régiments de cinq-cents hommes, leur permit de gagner suffisamment de temps pour que les chevaliers ne s'enfuient. Dans le vallon, les combats se terminaient.
Vers dix-huit heures, l'infanterie des légions de granit et de jade avait été totalement anéantie, et les bacheliers des deux légions avaient également péri sous les assauts des troupes du maréchal. Mais le bilan était également très lourd pour le corps des maréchaux. Si il avait pu dissoudre les deux légions, exception faites des chevaliers, son avant-garde avait été particulièrement éprouvée. Dans l'assaut d'infanterie et les combats qui s'en étaient suivis, le régiment de vélites-carabiniers avait perdu 200 hommes sur les 1 000 de son effectif. Pour sa bravoure à la tête de son unité, le lieutenant-colonel Fournier, qui avait été blessé à la poitrine par un coup de rapière, fut nommé Colonel sur le champ de bataille. Quant aux régiments de tirailleurs-grenadiers, ils avaient perdus chacun près d'un dixième de leurs forces. Les deux divisions, elles, engagées plus tardivement au corps-à-corps, avaient essuyé de moindres pertes et réussi à faire subir de très lourds dégâts à l'ennemi. En somme, le bilan était plus que favorable au maréchal: ses pertes, bien que tragiques, étaient sans commune mesure avec les milliers de cadavres que les légions de granit et de jade avaient laissés derrière elles. La victoire était consommée, mais la fuite de 3 000 chevaliers était tout de même préoccupante. On peut se surprendre d'ailleurs que la cavalerie des deux légions ait été si tardivement engagée, et que la cavalerie lourde se soit même soustraite au combat: de toute la bataille, la cavalerie des deux légions n'avait en effet joué qu'un rôle minime et n'avait presque rien tenté. Ce fait curieux tient sans doute dans la composition des rangs des chevaliers: il s'agit en effet des plus riches paladins, capables de posséder destrier et armure, et donc souvent issus de la noblesse locale. On comprend alors que l'église soit plus frileuse à engager, et surtout à risquer inutilement cette arme, pourtant si stratégiquement avantageuse.
Quand la nuit tomba sur Thelore, le maréchal rappela ses troupes et ordonna que l'on se prépare à marcher vers l'est. Les blessés les plus graves furent laissés aux habitants de Thelore, dont les propriétés avaient été protégées et qui acceptèrent volontiers de prêter main forte. Cette générosité de la population locale fut récompensée: avec ses blessés, le maréchal laissa une forte somme en pièces d'or, s'assurant ainsi du bon traitement de ses soldats que l'on reviendrait chercher après la campagne. Le colonel Fournier, blessé, fut désigné pour gérer cette garnison de blessés jusqu'au retour du corps; il laissa donc le commandement de son régiment au commandant Kelerman. Dès le surlendemain, le corps reprit sa marche. De leur coté, les chevaliers de la lumière, de granit et de jade se rassemblèrent en une colonne de 3 000 hommes, qui entama une retraite vers l'est, avant de pouvoir retenter un mouvement offensif.
Bilan de la bataille: Victoire tactique et stratégique des impériaux, destruction des légions de jade et de granit exception faite de leurs chevaliers. Création d'une "Colonne" de chevaliers de l'église de 3 000 hommes à partir des restes des deux légions détruites. Les évêques Rudyas et Basilus, qui commandaient les deux légions, sont retrouvés morts sur le champ de bataille.
Bataille des moissons
Le 22 Agrevent 265, un nouvel affrontement d'envergure eut lieu entre le corps des maréchaux et les paladins de la veine-noire. En effet l'église, à la nouvelle de la destruction de ses dernières légions nomades, avait rassemblé ses deux dernières légions, les légions de l'est et de l'ouest, qui étaient vouées à la protection du territoire des bas-plateaux. A ces deux cohortes étaient venus se joindre les 3 000 chevaliers survivants, formant ainsi une formidable ligne de défense qui était venue se ranger en ordre de bataille dans une plaine bordant la veine-noire. La précédente défaite essuyée par l'église à Thelore avait apprise à ses meneurs à se méfier des reliefs; ils avaient donc choisi, pour affronter une nouvelle fois les troupes du maréchal Pencroff, un terrain aussi plat que possible, et qui avait l'avantage d'être bordé sur le flanc sud par le fleuve.
Le maréchal Pencroff, que les éclaireurs avaient renseigné sur la disposition des deux légions ennemies, avait ralenti sa marche pour laisser son ennemi se déployer. Il savait qu'une fois les deux légions disposées en ordre de bataille, il aurait l'avantage de l'initiative par le mouvement de ses divisions Il pourrait alors lancer une attaque de front avec l'une de ses divisions, tandis que l'autre tenterait un contournement par le nord, en cherchant à rompre l'aile droite de l'ennemi pour la replier sur son centre et, si la chance le permettait, pousser le centre jusqu'à ce qu'il soit dos à la rivière.
Vers six heures du matin, les 1e et 2e division du corps des maréchaux, appuyées par l'artillerie du corps, se présentèrent donc par l'ouest, face à la ligne de défense ennemie. Ces deux divisions n'étaient alors composées que des deux régiments d'impérial-grenadier, des deux régiments de fusiliers-grenadiers et du régiment de vélites-carabiniers; soutenus par les deux régiments de cavalerie lourde du corps, pour un total de 5 000 fantassins et 1 000 cavaliers. La cavalerie organique des deux divisions, à savoir les régiments de dragons d'asayaka et de threa-thaesi, avait été soustraite à ses unités d'origine pour renforcer la division d'avant-garde, à qui avait été confié la tâche d'opérer le débordement par le nord avec les deux régiments de tirailleurs-grenadiers, les deux régiments de hussards du corps et le régiment de dragons de Filranmel; formant une colonne de 2 000 fantassins pour 2 500 cavaliers. L'avant-garde, qui devait n'entrer en jeu qu'une fois le combat engagé et l'ennemi fixé, se tenait alors en retrait sur le flanc gauche du corps des maréchaux. Le Maréchal Pencroff, qui tenait cette fois à accompagner l'effort qui se voulait décisif au nord, se joignit avec ses mousquetaires à la brigade de hussards, dont il confia le commandement au colonel Armand d'Hubert.
Vers huit heures, les deux divisions d'infanterie du maréchal se lancèrent en avant, en direction des lignes défensives des légions de l'église, qui s'étaient mises à couvert derrière des redoutes de terre. Ayant eu l'occasion de constater avec amertume l’infériorité de son infanterie, taillée pour le combat au corps à corps, contre celle du corps des maréchaux; l'église avait fait le choix de ne pas exposer tout de suite ses fantassins. Elle comptait également sur les 4 000 chevaliers et 2 000 bacheliers que comptaient ses rangs depuis le ralliement des 3 000 chevaliers rescapés de Thelore, et ces derniers étaient bien déterminés à combattre durant cette journée pour venger l'affront qui leur avait été fait lors de leur dernier combat. Le maréchal Pencroff s'attendait également à ce que les légions de l'église fassent usage de sa nombreuse et puissante cavalerie lourde, raison pour laquelle il avait laissé les régiments de maréchal-cuirassiers et de colonel-général-cavalerie en appui de son infanterie. Mais il savait également que ses fantassins allaient avoir un avantage de taille sur leurs adversaires si ces derniers n'accompagnaient pas leurs cavaliers par un appui d'infanterie suffisant, et il comptait sur l'égo des chevaliers, humiliés par leur fuite du champ de bataille précédent, pour motiver ces derniers à des mouvements inconsidérés. En cette matière, il semble qu'il avait vu particulièrement juste.
Quand les divisions d'infanterie du maréchal, disposées en lignes par bataillons, arrivèrent au centre de la plaine, au milieu de ce qui semblait être des champs de blé fraichement labouré; la ligne de défense des légions sembla s'ouvrir, laissant en son centre une large brèche aux allures de couloir. Cinq-cents mètres séparaient encore les deux armées, mais le sol commença à trembler. Comme l'avait anticipé le maréchal, l'église s'était décidée à utiliser à son avantage ses troupes les plus puissantes et les plus fanatiques; et près de 6 000 cavaliers, dont 4 000 hommes en armure, vinrent former un véritable mur de centaures devant les 5 000 fantassins et 1 000 cavaliers du maréchal. A la vue de ces lignes de cavaliers, les fantassins ressérèrent leur étreinte autour de leur mousquets. Les lignes s'arrêtèrent brutalement, au centre des champs, complètement à découvert. Les fantassins du maréchal formaient alors deux lignes disposées l'une derrière l'autre: la première était formée des deux régiments d'impérial-grenadiers et du régiment de vélites-carabinier; et la seconde des deux régiments de fusiliers-grenadiers. Brutalement, ces deux lignes se scindèrent en deux lignes chacune: un bataillon de chaque régiment s'avança, tandis que l'autre rétrograda, de manière à ce que deux lignes en dents-de-scie furet formées. Les chevaliers et les bacheliers de l'église ne comprirent pas ce mouvement, que la distance et leur point de vue ne permettait pas de bien figurer. Ils saisirent cependant que les fantassins du maréchal adoptaient là leur poste de combat et qu'ils ne comptaient pas se rapprocher d'avantage: l'heure était venue de charger.
Il était alors neuf heures. Les chevaliers, l'épée au poing, se disposèrent sur deux lignes de deux ost chacune, chaque ost étant replié sur deux rangs de manière à ce que le front soit composé de 1 000 cavaliers. Derrière les chevaliers, les deux osts de bacheliers se disposèrent de manière à le suivre de près pour sabrer les fantassins ayant échappé aux quatre premiers rangs de l'attaque. Puis, quand tout fut en place, l'évêque louis le grand, un des plus fervents meneurs de l'église, vint se poster au devant des chevaliers. D'un geste de main, ce dernier lança les 6 000 cavaliers au pas, en avant, à l'assaut des lignes du corps des maréchaux.
Cependant les fantassins du maréchal, voyant la cavalerie ennemie avancer vers eux, ne se démontèrent pas. Au contraire, comme si ils avaient attendus ce signal, ils se mirent en mouvement. Comme un seul homme, chaque bataillon, les uns autour de leur colonel et les autres autour d'un commandant, formèrent des carrés d'infanterie: formation fixe composée de quatre lignes de fantassins, par compagnies, se tournant le dos pour faire front sur tous les cotés. Cette formation, éprouvée par les campagnes de la garde volontaire, avait en effet spécialement été pensée pour prémunir les unités d'infanterie contre les assauts de forces montées. Les chevaliers de l'église, dont la plupart étaient nobles et ne portaient les armes que depuis la création des paladins immaculés, ne connaissaient que peu de choses aux arts militaires et ne comprirent pas ce mouvement: il allait leur en couter.
Quand les chevaliers ne furent plus qu'à cent mètres des carrés d'infanterie des maréchaux, ils se lancèrent au galop de charge. Plusieurs salves de mousquets claquèrent en direction des chevaliers, dont une poignée s'écroula avant d'être piétinée par les autres cavaliers. Enfin, les chevaliers arrivèrent à hauteur des carrés, qu'ils submergèrent immédiatement, pénétrant dans les interstices qui s'ouvraient entre chaque carré, et s'enfonçant dans les lignes du corps des maréchaux.
Malheureusement pour les chevaliers, leur mouvement avait justement été prévu et le piège se referma sur eux. Engagés entre les carrés qui étaient disposés en damier, les chevaliers se retrouvèrent rapidement empêtrés dans les lignes des fantassins, qui restaient immobiles. Pire, ces mêmes fantassins, brandissant leurs baïonnettes de manière à faire de chaque carré une sorte de hérisson, semblaient intouchables. Les chevaux se refusèrent en effet à s'approcher trop près de ces murs de lames, et les chevaliers, ralentis voir immobilisés par la masse, étaient des cibles faciles pour l'infanterie qui les arquebusaient sans discontinuer. Les coups de mousquets claquèrent de toutes les directions, chaque carré faisant feu de ses quatre faces sur les chevaliers ou sur leurs montures, qui ne pouvaient plus reculer. Ces derniers, qui ne disposaient pas d'armes à la portée suffisante pour atteindre les soldats dans les carrés, ne pouvaient rien faire pour se prémunir des feux mortels qui pleuvaient sur eux; et juchés sur leurs hautes montures, ils faisaient des cibles de choix, particulièrement immanquables. Certains chevaliers, par chance et par hardiesse, parvinrent à pénétrer les carrés en poussant leurs montures à bout. Mais arrivés au centre de la formation, ils se retrouvaient encerclés par les quatre murs de fantassins, qui les abattaient immédiatement. Le général Bondaulde, qui commandait habituellement la brigade d'imperial-grenadiers et qui tenait le premier rang des lignes des maréchaux, sabra à lui seul près de huit chevaliers, et éventra quatre chevaux.
Témoins de ce carnage, les 2 000 bacheliers, qui se trouvaient derrière les chevaliers, se détournèrent pour tenter un contournement par le nord des lignes. Mais, alors qu'ils entreprenaient ce contournement pour tenter de faire céder les carrés, ils rencontrèrent les deux régiments de cavalerie de réserve des maréchaux, qui se ruèrent sur eux. Un violent combat de cavalerie se déclencha au nord des carrés d'infanterie, durant lequel les cuirassiers et les grenadiers-à-cheval se rendirent maitres des bacheliers, qui durent battre en retraite l'épée dans les reins. Voyant leurs ennemis prendre la fuite, le régiment de maréchal-cuirassiers se lança en effet à leur poursuite, tandis que le régiment de colonel-général-cavalerie se portait au devant des carrés, pour empêcher la retraite des chevaliers.
Vers dix heures, constatant l'échec cuisant de leur mouvement de cavalerie et le risque de leur annihilation, les deux légions se décidèrent à quitter leurs redoutes pour appuyer leur charge par leurs unités d'infanterie. malheureusement, à l'instant ou ils quittèrent leurs abris, les deux régiments de tirailleurs-grenadiers, qui avaient contourné par le nord, apparurent sur leur flanc. Pire, les trois régiments de dragons du maréchal suivaient ce mouvement et menaçaient l'infanterie des légions, qui étaient déployées vers l'ouest et se trouvaient en plein mouvement. Les tirailleurs-grenadiers, déployés sur quatre lignes de bataillons, entamèrent une progression par roulement, tirant une salve et avançant tour à tour. Ce mouvement, effectué sur un flanc des lignes des légions, fixa la droite de leur ligne, alors que le flanc gauche qui se trouvait du coté du fleuve poursuivait son avancée. L'évêque Ulysse, comprenant qu'il fallait immédiatement cesser la marche en avant au risque d'être complètement flanqués; fit passer l'ordre de s'arrêter sur toute la ligne, et ordonna à toute l'infanterie de la légion de l'ouest, sur le flanc droit, de se déployer face aux tirailleurs du maréchal. Il ordonna ensuite à la légion de l'est de se replier sur les redoutes, avant que les 1 500 dragons du maréchal ne lui coupent la voie. Ce mouvement inégal des deux légions, l'une se fixant vers le nord et l'autre rétrogradant vers l'est, créa une brèche entre leurs deux lignes.
Vers onze heures, le maréchal Pencroff, qui venait de déboucher derrière les tirailleurs avec ses deux régiments de hussards, remarqua la brèche et fit mouvement vers elle, tout en ordonnant aux dragons de se placer au centre de la plaine, pour empêcher définitivement toute retraite des chevaliers et des bacheliers pris dans le piège des carrés d'infanterie. Puis, approchant de la brèche, il lança ses hussards au galop pour forcer le passage, et se positionner entre les deux légions. Il n'avait alors que 1 000 cavaliers avec lui, mais savait que l'ennemi, dont les lignes étaient au bord de la rupture, céderait si la communication entre ses deux légions venait à être rompue. En effet, quand ils virent les hussards du maréchal se ruer vers la brèche, les évêques des deux légions perdirent le contrôle de leurs lignes. Les anspessades rouges, des fantassins légers qui tenaient tant bien que mal le rôle de chainon entre les deux légions, furent violemment prises à partie par les hussards et partiellement massacrés. Une partie d'entre eux fut prise de panique et se débanda, entrainant avec elle toute la légion de l'ouest, qui subissait depuis plus d'une heure déjà le feu des tirailleurs-grenadiers. Toute la légion de l'ouest reflua donc en désordre vers l'arrière des lignes de l'église, à l'est, laissant la légion de l'est isolée au bord du fleuve de la veine noire. Cette dernière légion, constatant la retraite de son alliée, n'eut d'autre choix que de rétrograder, en bon ordre cette fois, tenue par l'évêque Ulysse. constatant ce mouvement, le Maréchal ordonna aux tirailleurs-grenadiers de venir se ranger dans la plaine, aux cotés des dragons, et d'y former le carré. Les chevaliers et les bacheliers des légions étaient définitivement perdus et privés du soutien de leurs troupes, et le maréchal se rapprocha à plusieurs reprises des fuyards avec ses hussards, pour les empêcher de se reformer. Cependant, considérant que l'infanterie des deux légions était encore bien trop nombreuse et que ses propres lignes étaient immobilisées, il ne put se résoudre à poursuivre, et laissa s'échapper les anspessades et spadassins qui ne demandèrent pas leur reste.
Vers midi, alors que le soleil arrivait à son zenith, il ne restait dans la plaine que le corps des maréchaux et les derniers chevaliers, condamnés à une perte inévitable au milieu des carrés d'infanterie. Les bacheliers, eux, avaient tous été massacrés par les régiments de cavalerie de réserve du corps, qui n'avait en retour essuyé que peu de pertes. Plusieurs chevaliers, leur monture tuée, réussirent à s'extraire à pieds des carrés d'infanterie et tentèrent de fuir, mais furent abattus par les dragons, qui riaient de voir ces paladins couverts de boue tenter de s'enfuir à toutes jambes. De plus, les ordres du maréchal étaient formels: les soldats de l'église de la veine-noire n'avaient pas accordé la moindre pitié aux habitants de Lupek, aucune pitié ne leur serait donc accordée en retour.
Ralliant les dragons, le maréchal ordonna au régiment de vélites-hussards de suivre, à distance raisonnable, les deux légions en fuite pour connaitre leurs mouvements. Enfin, menant son cheval près des carrés, il assista à la chute des derniers paladins.
Vers quatorze heures, la bataille était définitivement gagnée. Les champs de la plaine étaient couverts de cadavres, dont une large proportions de paladins immaculés. Le corps des maréchaux eut tout de même à souffrir de lourdes pertes, près de 500 tués et blessés; mais son tribut était bien moindre que celui des deux légions de l'église qui avaient perdu leurs 6 000 cavaliers, soit presque toute leur cavalerie, et près de 500 fantassins. Le combat s'étant largement déroulé au corps-à-corps, le maréchal avait pu économiser ses ressources d'artillerie: il avait en effet hésité à accompagner l'infanterie de batterie d'artilleries mais avait renoncé devant le risque de voir ses canons détruits par les chevaliers, et leurs équipages anéantis.
En somme, la victoire était consommée mais, immobilisé dans la plaine par l'affrontement qui s'y était déroulé durant toute la bataille, le maréchal n'avait pu poursuivre efficacement l'infanterie de l'église qui se repliait désormais à marche forcée et qui lui avait échappé. Privées de cavalerie, les troupes de la veine noire ne représentaient plus qu'un danger relatif, et elles semblaient tenter de regagner le fief de l'église. Le corps des maréchaux ne se lança donc pas à leur suite, mais passa la nuit sur le champ de bataille à se réorganiser et à traiter ses blessés, confiant aux hussards la charge de suivre les mouvements ennemis.
Bilan de la bataille: Victoire tactique et stratégique des impériaux, lourdes pertes des deux cotés mais repli des légions de l'est et de l'ouest. Destruction presque entière de la cavalerie de l'église.
Interlude
Dans les jours qui suivirent la bataille des moissons, il n'y eut aucun mouvement offensif de la part des belligérants, qui profitèrent de ce temps mort pour panser leurs plaies et se réorganiser.
Du coté de l'église de la veine-noire, la perte de la cavalerie, et plus particulièrement de la cavalerie lourde majoritairement composée de jeunes nobles; avait eu des conséquences tragiques tant sur le moral des troupes que sur les capacités offensives de l'armée. Privée de ses éléments les plus fanatiques et les plus prestigieux, l'église se retrouvait également fort limitée dans les capacités de reconnaissance, et était donc particulièrement vulnérable. Elle n'eut d'autre choix que de faire replier les restes des légions de l'est et de l'ouest vers le saint-siège pour en préparer la défense, tout en cherchant une solution d'urgence pour endiguer la progression du corps des maréchaux.
Cette solution se présenta, à leur grand regret, au travers du trésor de guerre accumulé par l'église au gré des pillages. En effet, ces richesses allaient leur permettre de se faire un allié: le royaume de Fersen, qui se trouvait au nord de la région des bas plateaux.
Le Royaume de Fersen, pays directement voisin des territoires de l'église de la veine-noire, se trouvait en effet dans une fâcheuse posture économique depuis plusieurs années, du fait de mauvaises récoltes et d'un commerce mal organisé. La pression populaire avait longtemps fait planer sur le royaume la menace d'une insurrection, que la création de l'église de la veine noire avait heureusement résorbée en désignant aux habitants en colère un coupable tout désigné à leurs malheurs au travers de ses ennemis de l'église. De nombreux jeunes nobles du royaume de Fersen s'éteint alors engagés aux cotés des paladins immaculés, tandis que les pillages successifs de l'église avaient permis de compenser les mauvaises récoltes du royaume grâce à un partenariat commercial salutaire. Les relations entre l'église et le royaume étaient donc favorables, mais le roi de Fersen n'avait cependant jamais annoncé d'alliance avec ses voisins.
Après ses récentes défaites, l'église se tourna naturellement vers le royaume de Fersen, qui tenta de gagner du temps, ne souhaitant pas s'engager dans un conflit armé alors que la paix sociale du royaume était encore précaire. Devant les hésitations de son voisin, l'église eut donc recourt à son trésor de guerre, et proposa au roi de Fersen une conséquente compensation en échange de son entrée en guerre à ses cotés. Une somme faramineuse, à la hauteur du désespoir de l'église, fut engagée et eut raison des réticences du roi de Fersen: L'alliance fut signée, l'armée du royaume de Fersen allait prêter main forte à l'église de la veine noire.
La nouvelle fut accueillie par de vives acclamations dans le camp de l'église, qui voyait de ce renfort de dernière minute l'occasion de vaincre les troupes du maréchal Pencroff, que l'on savait éreintées par les batailles et les marches. Malgré la cascade de défaites que l'église avait essuyée, le moral remonta donc en flèche, et les émissaires du royaume de Fersen furent accueillis en héros, quand ces derniers vinrent au saint siège annoncer l'arrivée imminente de leurs légions par les montagnes du nord.
Du coté du corps des maréchaux, la situation était différente. N'ayant pu poursuivre les légions de l'est et de l'ouest qui avaient fui le front, il avait rassemblé ses divisions au bord du fleuve ou s'était déroulée la bataille des moissons. Puis, une fois ses blessés traités ou évacués et ses effectifs réorganisés, ce qui avait pris plusieurs jours, il lança ses divisions en direction du saint-siège; mais sans s'y précipiter. Effectivement, ses avants étaient toujours éclairés par le régiment de vélites-hussards qui fournissait à l'état-major d'abondants renseignements sur les positions de l'ennemi et sur leur situation: le maréchal Pencroff apprit donc rapidement la formulation d'une alliance entre le royaume de Fersen et l'église de la veine-noire. L'heure n'était pas à la précipitation, et le maréchal, bien que certain de la qualité supérieure de ses troupes, ne souhaitait pas s'engager à plus d'un contre deux dans une nouvelle campagne. Ses troupes restèrent donc hors de portée, et surtout de vue, du fief de l'église; et il se résolut à demander du renfort afin d'égaliser le rapport de force et de s'assurer une victoire moins coûteuse en vies.
Naturellement, la maréchal se tourna vers la Garde Volontaire, qui avait été mise en alerte après le massacre de Lupek et attendait l'ordre de se mettre en marche. Le maréchal Ghideon Zorn, qui était resté en capitale pour préparer ce nouveau contingent, avait en effet formé un corps d'armée provisoire dont il avait donné le commandement au général Wendy Marvel. Quand la demande de renfort du maréchal Pencroff parvint au maréchal Zorn, ce dernier ordonna donc au corps provisoire de se mettre en marche; et décida de rejoindre le maréchal pencroff sur la zone d'opérations. Arrivant de la capitale de Stendel et accompagné de son seul état-major, il devança le corps de la garde volontaire et arriva au contact du corps des maréchaux le 51 Agrevent. Les deux maréchaux prirent alors chacun le commandement d'une division du corps, en attendant le renfort imminent de la garde volontaire.
Bataille de Passeroche
Le 54 Agrevent 265, Quelques jours avant l'arrivée des renforts de la garde volontaire, les éclaireurs du régiment de vélites-hussards alertèrent l'état-major du corps des maréchaux le l'imminence de l'arrivée de troupes du royaume de Fersen par les montagnes du nord. Cette arrivée impromptue de renforts ennemis n'ébranla pas les maréchaux, mais ceux-ci se retrouvèrent dans la situation désagréable de devoir gérer deux fronts: les restes de l'armée de l'église qui gravitaient à l'est autour du saint-siège et cette nouvelle armée qui allait déboucher par les montagnes du nord.
Les deux maréchaux n'allaient donc avoir d'autre choix que de se séparer en deux divisions, la 1ère division faisant face aux troupes de l'église et la 2e allant à la rencontre les forces du royaume de Fersen.
D'après les renseignements des vélites-hussards, les forces du royaume de Fersen, qui semblaient être une avant-garde, étaient composées d'un peu plus de 5 000 hommes. Pour rejoindre le théatre des opérations, ces troupes allaient devoir emprunter un passage étroit situé dans les montagnes, nommé "Col de Passeroche". Cette route étroite, bordée de montagnes, allait être un atout de taille pour la 2e division des maréchaux, dont le maréchal Zorn avait pris le commandement. Ce dernier, qui ordonna immédiatement à ses troupes de gagner le col à marche forcée, comptait en effet arriver à l'issue du col avant ses ennemis pour leur barrer la route alors que ces derniers seraient encore engagés entre les reliefs; ce qui les empêcherait de se déployer entièrement, facilitant l'emploi de l'artillerie.
Le 56 Agrevent 265, vers 6 heures du matin et après deux longues journées de marche, la 2e division du corps des maréchaux, commandée par le maréchal Ghideon Zorn, se présenta à la sortie du col de passeroche.
Visiblement en avance sur son adversaire, que les hussards annonçaient encore à une demi-journée de marche; le maréchal Zorn eut alors tout le loisir de déployer ses forces, et notamment ses 10 canons d'artillerie à cheval. Il forma alors un véritable entonnoir garni de soldats, et disposa ses canons de manière à dispenser des feux suivant un axe de tir concave en direction du col. Il n'avait alors que 2 000 fantassins et 1000 cavaliers, contre les 5 à 6 000 fantassins et 1000 cavaliers de la légion ennemie qui s'approchait, mais comptait sur l'avantage qui lui conférait le terrain et son artillerie, ainsi que sur le renfort du bataillon de l'avant-garde, qui devait le rejoindre dans la journée avec près de 2000 fantassins supplémentaires.
Vers midi, comme l'avaient prévu les éclaireurs, la colonne ennemie fut signalée. Il s'agissait alors de la légion du duc Von Bonlieux, qui servait d'avant-garde aux armées du royaume de Fersen. Du coté du maréchal Zorn, les troupes étaient en position et prêtes à faire contact avec l'ennemi; et n'attendaient plus que le signal du feu. Derrière des redoutes de terre, construites par les sapeurs du corps, les canons étaient mis en batterie et les artilleurs tenaient leurs pièces. Le duc von Bonlieux était un vétéran, et bien que moins aguerri que les maréchaux; il avait anticipé le déploiement de ses adversaires et la précarité de sa situation si il venait à déboucher depuis le col sur une ligne complètement déployée, à plus forte raison si ses adversaires avaient avec eux quelque artillerie. Quand ses propres éclaireurs l'avertirent de la présence du dispositif du maréchal Zorn, il n'en fut pas surpris et ne s'en alarma pas, mais il fit arrêter ses troupes avant qu'elles n'entrent dans le champ d'action de l'artillerie du maréchal. Sa position était pour le moins inextricable, car le relief du col le forçait à rester déployé en colonnes sur la route, et il ne pouvait engager un nombre conséquent d'hommes sans que ceux-ci ne soient jetés en pâture à la mitraille. Fort heureusement, il disposait dans sa légion d'une cohorte de, jagers; des soldats d'infanterie légère qu'il pouvait envoyer en contournement sur le flanc de la montagne, pour tenter de flanquer la ligne du maréchal Zorn.
Vers 13 heures, le duc von bonlieux envoya donc un bataillon de 500 jagers à flanc de montagne, déployés en ordre relâché, pour tenter de prendre l'aile droite du maréchal. Les jagers, qui étaient presque tous des montagnards aguerris, se faufilèrent sans mal entre les roches, malgré les dénivelés. Ils purent alors prendre assez de hauteur pour ne pas être menacés par les canons de la ligne adverse, et réussirent à s'approcher assez pour débuter leur attaque. Ils étaient alors dotés d'arcs, qui leur permettaient de se dissimuler derrière les rochers pour tirer, faisant ainsi pleuvoir leurs flèches sur les rangs du maréchal Zorn sans avoir à se dévoiler et s'exposer à une riposte. Alors qu'ils se mettaient en place, une première volée de flèches fut tirée sur l'aile droite, et vint trouver les rangs du 2e régiment de fusiliers-grenadiers. Le maréchal Zorn, qui avait observé ce mouvement, envoya alors deux compagnies de sapeurs pour déloger ses assaillants. Les sapeurs, qui n'étaient que 200 contre les 500 Jagers, ne s'en jetèrent pas moins sur le flanc de la montagne, hache au poing. Les jagers, voyant arriver sur eux cette improbable contre-attaque, tinrent d'abord leur position grâce à leurs arcs. Mais les pertes infligées ne ralentirent pas les sapeurs, qui gravirent la pente de plus belle,s'approchant dangereusement de leurs cibles. Les soldats du duc, pourtant supérieurs en nombre, furent un instant décontenancés. Leur armement léger, composé d'un arc et d'un glaive, devait leur permettre de tenir leur position au corps à corps. Mais l'arrivée au contact des sapeurs leur donna une toute autre impression: les coups de hache et de mousquetons abolirent toute résistance sur la route des sapeurs, et la panique gagna les jagers. Nombre d'entre eux tentèrent cependant de tenir le flanc de montagne avec une bravoure qui doit être soulignée, mais le reste de la troupe céda sous la pression. Vers 14 heures, le flanc de la montagne était tenu par les sapeurs du maréchal, qui devaient ne plus en bouger de la bataille.
Constatant l'échec de son contournement, il ne restait plus au duc von bonlieux qu'à attaquer de front, ce qu'il savait malheureusement être une option tragique en terme de pertes. Il décida alors de jouer son va-tout, en employant pour son premier assaut le moins d'hommes possible et en tentant un coup de force: submerger la première ligne du maréchal Zorn par une attaque éclair qui se déroulerait au corps-à-corps, de manière à empêcher le maréchal d'utiliser ses canons. Pour cela, le duc fit appeler sa cavalerie, qui était composée en tout d'un millier de ulhans, des lanciers. Les cavaliers du duc prirent donc position en tête de colonne et se préparèrent à charger.
Voyant cela, le maréchal Zorn ordonna que seuls ses canons des ailes droites et gauche ne se chargent à mitraille, et que les canons de son centre ne se taisent. Comme dit précédemment, les canons du maréchal étaient disposés en arc-de cercle autour du débouché du col, et ceux des flancs pouvaient donc tirer à mitraille sur des ennemis en approche, en tir croisé, sans risquer de toucher la première ligne de défense. Aussi efficace que cela puisse être, le maréchal n'en était pas moins privé de ses 4 canons du centre, qu'il fit reculer de la première ligne pour ne pas risquer de les perdre lorsque l’ennemi entrerait au contact.
Vers 15 heures, les ulhans du duc se lancèrent au galop vers la ligne du maréchal Zorn, qui était tenue par le 2e régiment imperial-grenadiers. En plus de ce mouvement, le duc lança son 2e bataillon de jagers sur la montagne, pour en déloger les sapeurs du maréchal. Alors qu'un corps-à-corps sanglant se tenait sur le relief, les ulhans franchirent rapidement la distance qui les séparaient des défenses. Mais, avant qu'ils ne puissent entrer au contact, une salve de mousquetade décima le premier rang des cavaliers. Immédiatement après cette salve, les trois canons de l'aile droite et les trois canons de l'aile gauche entreprirent un feu de barrage à mitraille, qui acheva de dévaster la tête de colonne des ulhans. Ces derniers, qui ne manquaient cependant ni de bravoure ni de hardiesse, poursuivirent leur attaque sous le déluge de feu, conscients qu'il leur suffisait d'occuper le centre pour ouvrir la voie à leur propre infanterie.
S'obstinant à charger, les lanciers arrivèrent enfin au contact des grenadiers du maréchal. Ces derniers, aguerris à toutes les luttes, ne se démontèrent pas et repoussèrent les cavaliers à coups de mousquet et de baïonnettes. Une lutte sans mercie sur le centre de la ligne défensive s'engagea alors, tandis que les canons continuaient de déverser leur mitraille sur l'arrière de la colonne des ulhans. Le combat resta incertain pendant près de trente minutes, durant lesquelles le duc hésita à envoyer son infanterie. Puis, voyant que ses cavaliers occupaient à eux seuls deux régiments d'infanterie, il se risqua à un assaut général, et jeta ses 4000 fantassins en avant, ordonnant à ses troupes de prendre les batteries de canons en priorité. Voyant l'infanterie du duc se lancer au contact, le maréchal Zorn ordonna aux deux bataillons de fusiliers-grenadiers, qui tenaient les ailes, de défendre les canons coûte que coûte. Il envoya ensuite sur son centre le régiment de dragons du threa-thaesi, afin de soulager les grenadiers. Enfin, il ordonna à ses hussards, sa dernière réserve, de se tenir prêts à se porter sur le flanc droit ou le flanc gauche.
Vers 16 heures, la bataille battait son plein. Le duc von bonlieux avait alors engagé toute sa légion dans un bond en avant, que le maréchal Zorn s’efforçait de contenir malgré son infériorité numérique. Le centre de la ligne de front était englouti sous une mêlée générale de fantassins et de cavaliers, tandis que les ailes tenaient tant bien que mal par le feu de leurs canons, défendus par les fusiliers-grenadiers qui s'accrochèrent à leurs batteries comme si il s'était agi du d'une citadelle. Un brouillard grisâtre se leva sur le champ de bataille, alors que l'odeur de poudre se faisait de plus en plus insupportable. Aux pieds des défenseurs, les corps des plus malchanceux s'amoncelaient en redoutes de chair, d'ou s'échappaient les cris des blessés. Le maréchal Zorn, qui savait que son centre ne devait pas chanceler, se rua dans la mêlée, sabre en main. Il eut alors cette phrase restée célèbre: "Tous ceux qui en tuent moins que moi retourneront dans la ligne, faites moi voir ce que savent faire des vrais grenadiers !".
Enfin, vers 17 heures, un événement très attendu par le maréchal vint changer le cours de la bataille. Derrière sa ligne, à marche forcée, l'avant-garde du corps des maréchaux arrivait en renfort avec 2000 fantassins des régiments de tirailleurs-grenadiers et 500 cavaliers du régiment de Filranmel-dragons. Le rapport de force changea brutalement, et les soldats du duc von bonlieux furent sévèrement ébranlés, tandis que les soldats du maréchal Zorn redoublèrent de bravoure. Immédiatement après leur arrivée, les deux régiments de tirailleurs-grenadiers furent envoyés sur les ailes de la ligne du maréchal, pour les dépasser et encercler les troupes du duc von Bonlieux. Ce dernier, comprenant que toute retraite allait lui être coupée, ordonna alors le repli sur toute la ligne. Mais cet ordre, arrivant alors que ses troupes étaient en mauvaise posture, signa le début de la déroute. Les soldats du duc jetèrent leurs armes en prirent la fuite en direction du col de passeroche, abandonnant tout derrière eux. La panique s'ajouta à ce mouvement, accentuée par la fureur des grenadiers du maréchal, qui voulurent se jeter dans la poursuite. Mais le maréchal Zorn, conscient que ses troupes avaient connu de lourdes pertes, s'y refusa. Il fit reformer la ligne, et ordonna à son régiment de hussards, restés en réserve, de poursuivre les ennemis en déroute jusqu'à ce que ces derniers soient suffisamment dispersés pour ne plus présenter de menace immédiate.
Vers 18 heures, la victoire du maréchal Zorn était consommée: En une après-midi, la légion du duc von bonlieux avait été vaincue et mise en déroute, laissant derrière elle près de la moitié de ses effectifs hors-combat, dont tous ses lanciers. Les hussards du maréchal Zorn maintinrent leur mouvement de poursuite jusqu'à la tombée de la nuit avant de regagner leur division, mais ils ne purent malheureusement pas capturer le duc von bonlieux, qu'on savait blessé mais qui avait réussi à prendre la fuite.
Bien que la victoire fut sienne, le maréchal Zorn ne pouvait cependant que constater les dégâts subis par sa division dans ce combat à un contre deux, mais il avait accompli sa mission: le col de passeroche était resté inviolé et l'arrivée de l'armée de fersen dans la région des bas-plateaux allait être retardée, sans doute assez pour permettre eu corps de la garde volontaire d'arriver en renfort.
Annonçant la nouvelle au maréchal Pencroff par coursier, le maréchal Zorn entreprit alors de prendre ses quartiers quelques jours à l'embouchure de passeroche, le temps de soigner ou de faire évacuer ses blessés. Il fit également enterrer ses morts et ceux du royaume de fersen, à qui il fit également rendre les honneurs militaires pour leur opiniâtreté.
Bilan de la bataille: Victoire tactique et stratégique des impériaux, lourdes pertes des deux cotés mais déroute totale de la légion du duc von Bonlieux.
Bataille de Grimegarre
Le 57 Agrevent 265, soit le lendemain de la bataille de passeroche, les troupes de la 1ère division du corps des maréchaux, commandées par le maréchal Pencroff, connurent également leur lot d'action. En effet, ayant eu vent de l'arrivée des troupes du royaume de Fersen par le nord, et de la séparation du corps des maréchaux en deux divisions, les troupes de l'église de la veine noire se décidèrent à lancer un nouveau mouvement offensif. L'objectif de l'archevêque, qui organisa personnellement la manœuvre, était de concentrer les restes des légions de l'est et de l'ouest en une seule masse de fantassins, supportée par l'ost des chevaliers de l’archevêque, sa réserve de cavalerie d'élite formée des plus hautes figures des paladins immaculés, jusqu'alors restés en retrait dans le saint-siège. L'archevêque comptait alors engager ses meilleurs éléments, et attaquer la 1ère division du corps des maréchaux resté en position dans la région des bas plateaux, l'empêchant ainsi de rejoindre la 2e division pour la renforcer et espérant même profiter de l’infériorité numérique des forces du maréchal pour les déborder et les anéantir, isolant ainsi la 2e division le long des montagnes du nord entre les troupes de l'église et celles du royaume de Fersen, avant l'arrivée du corps de la garde volontaire que les espions de l'église avaient repérés en approche par l'ouest à quelques jours de marche.
En somme, l'objectif était de détruire la 1ère division pendant qu'elle était isolée, pour prendre la 2e division en étau et la détruire également avant l'arrivée de la garde volontaire.
Les légions de l'est et de l'ouest furent donc rassemblées en une légion du châtiment à laquelle vinrent se joindre quelque 1500 "volontaires", portant ses effectifs à 7000 fantassins et 1500 cavaliers. De son coté, la 1ère division des maréchaux, accompagnée de la réserve du corps, comptait 3000 fantassins pour 2000 cavaliers. Malgré son infériorité numérique, le maréchal Pencroff pouvait toutefois compter sur un avantage de taille: trois batteries d'artillerie complètes, dont deux batteries d'artillerie à pieds dotées de canons de 8 à 12 livres. En tout, le maréchal Pencroff disposait donc de 26 pièces de canon.
De plus, ayant anticipé la précarité de sa position une fois séparé de la 2e division du corps, le maréchal Pencroff avait décidé de s'établir au nord du saint-siège, se plaçant ainsi entre la 2e division et la capitale de l'église de la veine-noire. Il pouvait alors protéger les arrières du maréchal Zorn, tout en continuant à faire face aux troupes immaculées; s'offrant même le luxe de laisser l'ouest du saint-siège aux troupes de la garde volontaire lorsque celles-ci arriveraient. Enfin, avant que la légion du châtiment ne se présente face à ses troupes, il avait eu le temps de prendre position sur une hauteur fort avantageuse, ou il avait pu creuser des redoutes pour son artillerie. En somme, bien que moitié moins nombreuse que la légion du châtiment, la 1ère division des maréchaux était tout à fait en capacité de se défendre.
Vers 10 heures du matin, quand les troupes de l'église de la veine-noire investirent la plaine qui débouchait sur la colline ou étaient situées les troupes du maréchal; elles trouvèrent donc face à elles une véritable citadelle de terre et d'hommes, bardée de canons. Des pics avaient été plantés au pied de la colline, et deux lignes de fusiliers-grenadiers et d'imperial-grenadiers attendaient de pied ferme sur les pentes, couverts par non moins que 4 régiments de cavalerie. L'évêque Basilus, qui commandait la légion, ordonna alors à toutes ses troupes de faire halte, ne sachant comment prendre la colline. Il craignait également qu'un assaut mal préparé ne se termine en déroute générale, attendu que les restes des légions et l'est et de l'ouest, qui formaient le gros de ses effectifs, avaient déjà été fort malmenés durant les premières batailles et que le moral était loin d'être au beau fixe, malgré l'annonce de l'arrivée de l'armée de fersen qui avait un temps redonné espoir aux troupes.
Vers midi, la situation n'avait guère évolué, mais les soldats commençaient à s'impatienter. La pression augmenta sur l'évêque Basilus lorsque, dans les rangs, une rumeur se mit à circuler à propos de son manque de courage. Les troupes semblaient en effet ne pas comprendre les hésitations de leur chef, et les plus fanatiques voyaient dans ce temps perdu une insulte à leurs préceptes d'anéantissement total de leurs ennemis. Craignant d'être accusé de lâcheté devant l'archevêque, Basilus se résolut à faire mouvement, mais avec prudence. Voulant d'abord jauger les capacités défensives des troupes du maréchal Pencroff, il n'envoya dans un premier temps quelques 2 000 hommes, dont la plupart étaient des "volontaires", en fait des paysans et citadins enrôlés de force. Ces 2000 hommes se déployèrent donc en de larges lignes, laissant près de deux à trois mètres d'écart entre chaque homme de manière à se prémunir au mieux des dommages de l'artillerie. Puis, une fois déployés, ces premières lignes d'assaut se ruèrent vers la colline, l'épée au poing.
Parler de massacre pour décrire ce qu'il se passa ensuite serait une litote. Quand les troupes d'assaut arrivèrent dans le champ de tir des canons, les 26 bouches-à-feu du maréchal Pencroff firent tomber sur elles un véritable déluge de boulets. Des gerbes de terres se levaient entre les soldats de la veine-noire, dont certains étaient emportés par des projectiles comme des épis de blé emportés par une faux. Face à eux, la colline vomissaient des volutes de fumée blanche comme si elle était entrée en éruption; et les canons tonnaient sans discontinuer, battant dans l'air une sinistre mesure. Malgré ce chaos, de nombreux hommes échappèrent pourtant aux boulets et parvinrent à atteindre le pied de la montagne, mais ils y découvrirent un nouveau cauchemar: les artilleurs du maréchal chargèrent les premiers rangs de canons à mitraille.
Dans un bruit de tonnerre, les canons vomirent sur les assaillants de véritables nuages d'éclats de métal, formant devant la pièce une large zone conique dans laquelle rien ne pouvait survivre. Chaque coup de canon était accompagné d'une gerbe d'étincelles et de flammes, qui donnaient au pied de la colline l'allure d'un brasier. Des 2000 hommes que l'évêque Basilus avait envoyé, tous périrent dans la plaine en moins d'une heure.
Vers 13 heures, constatant l'échec de son attaque, l’évêque Basilus ordonna à ses troupes de se replier hors de portée de l'artillerie, et de se déployer face à la division du maréchal Pencroff. Une fois ses troupes déployées, il ordonna à ses unités de tenir leur rang, afin de forcer la division du maréchal à rester également déployée en ordre de bataille. En effet, les impériaux étaient alors sous la menace d'être débordés si ils tentaient de quitter leur position, ils ne pouvaient donc pas se retirer pour aller prêter assistance à la division Zorn si cette dernière se trouvait en difficulté. Une sorte de siège s'organisa donc, des deux cotés des lignes de front. Il n'y eut cependant plus de mouvements offensifs durant plusieurs jours.
Le 9 Tercevent, une nouvelle arriva dans les deux camps et vint changer la donne. Le corps de la garde volontaire, commandé par la générale Wendy Marvel, avait été repéré dans la région des bas plateaux et se dirigeait à marche forcée vers la division Pencroff pour la dégager. Craignant d'être pris en tenaille entre la division Zorn et les divisions de la garde volontaire, l'évêque Basilus ordonna un repli général de sa ligne qui fut exécuté le 10 Tercevent. Sa légion, qui ne possédait qu'un ost de cavalerie lourde impropre à la reconnaissance, était en effet vulnérable à une attaque générale impromptue. Il se replia donc en direction de la sainte-cité, siège de l'église de la veine noire.
Apprenant l'arrivée de la garde volontaire, le maréchal Pencroff anticipa le mouvement de l'évêque, et fit préparer le départ de sa division. Quand la légion de l'évêque Basilus se retira, et ne présenta plus de menace pour sa division, le maréchal fit immédiatement dégarnir la position et ordonna la marche forcée vers la 1ère division du corps des maréchaux, toujours postée près du col de passeroche. Il envoya également un messager trouver la générale Wendy, à qui il ordonna de prendre la direction du saint-siège, qu'il savait affaibli.
Bilan de la bataille: Victoire tactique des impériaux, Repli de la légion du châtiment mais immobilisation de la division Pencroff pendant près de 10 jours. Arrivée de la garde volontaire sur le théâtre d'opération.
Bataille de Haltebois
Le 11 Tercevent 265, un messager du maréchal Pencroff vint informer la générale Wendy Marvel que le siège sur sa division était levé et que la légion du châtiment, dirigée par l'évêque Basilus, était en repli vers le saint-siège. Il ordonna alors à la générale de se lancer dans la poursuite des troupes de l'église et d'assiéger leur fief, tandis que sa propre division et lui-même se rendaient à Passeroche pour effectuer la jonction avec la 1ère division des maréchaux.
Sur cet ordre, la générale Wendy Marvel ordonna à son corps d'armée composé de deux divisions renforcées et d'une avant et arrière garde, de prendre la direction du saint-siège.
Le 12 Tercevent, la légion du châtiment de l'évêque Basilus entra dans la sainte-cité. Malgré les tentatives de l'église de faire taire l'échec de sa mission, le bruit courut rapidement en ville que la division du maréchal Pencroff avait échappé à la légion du châtiment en lui infligeant de lourdes pertes. Pire, les colonnes de la générale Wendy furent aperçues par des paysans qui vinrent sonner l'alerte au saint siège. Un mouvement de panique s'empara de la population, qui se rua sur les routes corps et biens. De plus, l'annonce de la mort de plus de 2000 citoyens enrôlés de force fit naître au sein de la population un fort sentiment de défiance envers l'archevêque et les dignitaires de l'église, qui n'en finissaient visiblement pas de leur mentir et d'être défaits dans leurs entreprises militaires.
Furieux, l'archevêque Horace II accusa l'évêque Basilus de lâcheté, afin d'en faire un bouc-émissaire mais également pour s'être replié et avoir indirectement causé la panique qui s'emparait de la population. Sans autre forme de procès, Basilus fut assassiné par son maître devant les derniers membres du clergé. De fait, tous les évêques de l'église de la veine noire étaient morts, et il ne restait plus autour de l'archevêque que des prêtres et prêtres supérieurs.
Bien que la situation ne commençât à lui échapper, l'archevêque disposait encore dans l’enceinte de la capitale de troupes importantes. Certes, ses légions les plus mobiles étaient anéanties et il lui était désormais interdit d'entreprendre de s'éloigner du saint-siège, mais il éspérait au moins pouvoir anéantir le corps d'armée de la garde volontaire qui allait se présenter à lui. Dans cette optique, il confia la légion du châtiment au prêtre-supérieur Melios, qui faisait figure d'éxalté même parmi les plus fervents des prêtres. Faisant miroiter à ce dernier une nomination d'évêque une fois la crise passée, il lui ordonna de conduire la légion hors des murs et de se porter à la rencontre de leurs nouveaux adversaires. Conscient cependant que la légion du châtiment seule ne suffirait pas, et pour empêcher l’exode de ses derniers avec leurs familles, l'archevêque fit mobiliser de force presque tous les hommes valides disponibles au saint-siège. Il savait qu'ainsi, leurs femmes n'oseraient pas quitter la ville sans leur maris et que l'hémorragie populaire qui avait atteint la ville serait au moins temporairement endiguée. Envoyer les civils à la guerre était également un moyen de les punir pour leur manque de foi, ce qu'il déguisa à peine.
Le 13 Tercevent, la légion du châtiment quitta la ville par la grande porte. Arrivée deux jours plus tôt avec seulement 5000 fantassins et 1500 cavaliers survivants, la mobilisation de masse au sein de la population du saint siège avait porté les effectifs de la légion à près de 10 000 fantassins pour 1500 cavaliers. Ce doublement des effectifs se soldait malheureusement par leur piètre qualité et leur manque d'équipement: certains furent contraints de partir avec une hache pour seule arme et sans réelle armure.
Face à la légion du châtiment, le corps d'armée de la garde volontaire, commandé par la générale Wendy Marvel, alignait plus de 20 000 hommes dont près de 3000 cavaliers. Si dans ce contexte, une tentative de confrontation de la part de l'église semble insensé, il est nécessaire de rappeler que jusqu'alors, l'église n'avait eu affaire qu'au corps des maréchaux, qui ne comptait que 10 000 soldats répartis en deux groupes de 4 à 5 000. Notons également, à leur décharge, que les unités de la garde volontaire ne marchent pas groupées mais se séparent en divisions, ce qui rend difficile la collecte de renseignements sur leur position et surtout l'évaluation de leur nombre exact. Il est donc raisonnable de penser que privés de cavalerie légère pour assurer la reconnaissance et ne se fiant qu'à des témoignages incomplets de paysans pour évaluer la force qui arrivait vers le saint-siège, l'archevêque et son état-major ait pu penser n'avoir face à lui qu'une nouvelle division de 5 000 hommes, voir un nouveau corps de 10 000 hommes tout au plus. Ces mauvais renseignements et cette sous-estimation des forces adverses allait, sans surprise, s'avérer catastrophique.
Le 14 Tercevent 265, après avoir marché plein ouest en direction de la dernière position connue des unités de la garde volontaire, la légion du châtiment arriva enfin en vue de son adversaire. En effet, dans une grande plaine ou ces derniers avaient bivouaqué la veille, les troupes de l'avant-garde du corps de la générale Wendy semblaient les attendre de pied ferme. il n'y avait alors face à la légion qu'un faible nombre de soldats, 2000 fantassins et 300 cavaliers accompagnés de quelques canons, ce qui conforta le prêtre Mélios dans l'idée que ce renfort impérial n'était que peu conséquent. Il ignorait encore qu'il n'avait en face de lui qu'une avant-garde, et que le reste des troupes avait passé la nuit à deux autres points situés à moins d'une heure de marche, sous couverts d'un sous-bois. Immédiatement après avoir repéré les troupes de l'église, l'avant-garde fit envoyer des messagers aux autres unités de la garde pour les faire converger vers elle. Puis, jugeant la plaine peu favorable à une défense et souhaitant se rapprocher au plus vite de ses renforts, le général commandant l'avant-garde ordonna le repli en bon ordre et au pas redoublé. Il espérait ainsi entraîner la légion sur un terrain qui serait plus favorable à la garde tout en les laissant prendre confiance: il ne crut pas si bien faire. Voyant cette petite troupe rétrograder, le prêtre Melios ordonna qu'on la poursuive, pensant avoir face à lui le gros des renforts adverses. Il se jetait, en réalité, dans la gueule du loup.
Alertée par les messagers, la générale Wendy décida de faire immédiatement converger ses deux division et son arrière-garde sur une cuvette naturelle qui se trouvait sur la route de repli de son avant-garde. Pressée par le temps, elle parvint tout de même à dissimuler ses deux divisions de part et d'autres du relief dans lequel allait s'engager la légion du châtiment, tout en faisant disposer son artillerie, nombreuse, en grandes batteries situées sur les hauteurs. Son plan était simple: Laisser l'avant-garde s'engager jusqu'au fond du relief jusqu'à ce que la légion du châtiment ne se trouvât au centre de ce dernier, puis leur couper la retraite par un rapide mouvement de sa réserve de cavalerie sur leurs arrières alors que les deux divisions devaient les prendre à partie par les deux flancs à la fois.
Vers quatorze heures, un nuage de poussière annonça l'arrivée de l'avant-garde, sur les talons de laquelle se tenait toute la légion du châtiment, en masse. Hilare, la générale wendy ne put que constater leur faible nombre et le massacre qui les attendaient; aussi se laissa-t-elle dire à son aide de camp: "C'est bien dommage, il n'y en aura pas assez pour tout le monde. Nous nous rattraperons dans leur capitale !".
Trente minutes plus tard, l'avant-garde s'engagea dans la cuvette, avertie par messager du plan de leur générale. La légion du châtiment leur emboîta le pas, presque goguenarde, ayant l'impression de poursuivre une proie blessée. Malheureusement, la boutade fut de courte durée. Au son d'un clairon, l'avant-garde s'arrêta net à quelques foulées du pied de la colline qui refermait la cuvette. Puis, alors que le 2e régiment d'infanterie légère se retournait pour se déployer, les fantassins du 1er régiment étrangers de tirailleurs firent volte-face devant la légion et débutèrent immédiatement leurs manœuvres en fourrageurs. Décontenancé par ce retournement soudain, le prêtre Melios ordonna, sous le feu des tirailleurs, de faire déployer ses anspessades et ses spadassins. Mais alors que son infanterie se mit en mouvement pour écraser l'avant-garde qui lui faisait face, deux énormes masses de soldats apparurent sur les hauteurs entourant la cuvette. Outre les nombreux fantassins de la garde qui venaient de se découvrir, le prêtre et ses officiers aperçurent rapidement plusieurs batteries de canons qui s’avancèrent pour se mettre en position. Comprenant qu'il était tombé dans un piège, il ordonna le repli immédiat de sa légion, mais fut pris de vitesse par la réserve de cavalerie de la garde, commandée par le général Darkalne, qui descendit des hauteurs en une longue colonne de cuirassiers et de dragons avant de se mettre en travers de la route. La légion du châtiment était cernée, dépassée de très loin par le nombre d'un ennemi qui tenait les hauteurs. En quelques minutes, les prédateurs étaient devenus des proies.
Puis, aux ordres de la générale Wendy, les deux divisions de la garde et son artillerie entamèrent le massacre de la légion. Les Trois batteries de canons firent pleuvoir dans la cuvette un déluge de plomb, complété par une gigantesque mousquetade entretenue par pas moins de douze régiments d'infanterie. Les tirs furent si concentrés et si intenses que certaines compagnies durent être ravitaillées sur la ligne, alors qu'un épais panache de fumée blanche s'élevait de la cuvette comme s'il s'était agi de quelque cratère volcanique. Frappant dans la masse compacte de fantassins ennemis, les boulets arrachaient des groupes entiers d'anspessades et de spadassins, dont les corps en lambeaux pleuvaient sur leurs camarades paniqués. Dans la fournaise, ils ne purent pas tenter la moindre contre-attaque, et l'idée ne leur en vint même pas. Assaillis sur trois cotés, écrasés par le feu et le nombre, ils furent anéantis dans un fracas épouvantables de coups de tonnerre et de cris de blessés.
Pris de panique, le prêtre Melios resta prostré sur son cheval pendant de longues minutes, avant que sa monture ne soit tuée sous lui. Il tomba au milieu des morts et des mourants, et fut réduit à se cacher sous un parapet de corps sans vie. Ayant perdu leur chef et conscients que la bataille était perdue d'avance, les chevaliers de l'archevêque, les derniers cavaliers de la légion, tentèrent le tout pour le tout. Voyant que leur voie de repli n'était gardée que par des cavaliers à peine plus nombreux qu'eux, notons qu'ils étaient 1500 contre les 2000 cuirassiers et dragons du général Drakalne; ils décidèrent de forcer le passage. Montés sur de solides destriers et équipés d'armures intégrales, ils espéraient en effet pourvoir bousculer les cavaliers de la garde et prendre la fuite. Lanciers en tête, ils s’élancèrent donc dans le couloir qui les conduisait vers la sortie de ce piège mortel.
Le choc des cavaliers fut terrible, mais les deux régiments de cuirassiers du général Darkalne absorbèrent seuls le premier assaut. Malheureusement pour les chevaliers, les cavaliers de la garde maîtrisaient les manœuvres de groupe et étaient d'une discipline de fer, ayant été formés par le général Jihair. Ils reçurent donc la charge de front, formant une double ligne parfaitement droite, chaque cavalier se tenant au botte-à-botte avec son voisin. Les chevaliers, eux, pris par la panique et manquant visiblement plus de discipline que de courage, chargèrent en ordre distendu, ce qui atténua grandement l'impact de leur assaut. Pire, les chevaliers qui réussirent à passer le premier rang de cuirassier étaient accueillis par le second, et ceux qui survivaient au second rang étaient reçus par les dragons. Enfin, comme pour achever les malheureux chevaliers, la générale Wendy ordonna à la compagnie de grenadiers du 6e régiment d'infanterie de ligne de se porter à l'aide des cuirassiers. Les grenadiers attaquèrent donc les chevaliers immobilisés par leur flanc, finissant la besogne à coups de mousquet. Des 1500 chevaliers, tous furent anéantis en moins d'une heure, alors que le général Darkalne ne perdit qu'une centaine de cavaliers.
Vers dix-sept heures, la bataille était terminée. En moins d'une demi-journée, tant par un heureux concours de circonstances que par sa supériorité numérique et tactique, le corps de la garde avait anéanti la légion du châtiment en ne subissant de son coté que de très légères pertes. Ordonnant que l'on conduise ses blessés dans un village voisin et que l'on enterre les morts de la garde, la générale Wendy donna également pour instruction de laisser les blessés ennemis à leur sort. Déclarant à son état-major que "les corbeaux et les vautours sont les seuls chirurgiens que ces chiens méritent", elle fit monter le bivouac de son corps d'armée à un kilomètre du champ de bataille, afin que ses soldats n'aient pas à entendre les gémissements des bléssés ennemis. Consciente que plus rien ne lui barrait la route de la sainte-cité, elle décida cependant de ne pas s'y précipiter afin de laisser à la population civile quelques jours pour prendre la fuite. De fait, le corps de la garde ne se remit en marche que le 20 Tercevent.
Bilan de la bataille: Victoire tactique et stratégique des impériaux, Destruction de la légion du châtiment, début du siège de la sainte-cité.
Siège de la sainte-cité
Le 22 Tercevent 265, après avoir patienté plusieurs jours aux abords de haltebois et s'être finalement mise en marche le 20, la générale Wendy arriva aux abords de la sainte-cité, capitale de la région des bas-plateaux et fief de l'église de la veine noire. L'arrivée de ses troupes, repérée depuis les remparts de la ville, sema un vent de terreur au sein de la population, de même qu'une profonde consternation. En effet: pour combattre le corps d'armée de la garde, l'archevêque Horace avait fait mobiliser tous les hommes en âge de se battre au sein de la légion du châtiment; hors l'arrivée des troupes de la garde ne pouvait que signifier la perte de cette légion. Ainsi, de nombreuses familles comprirent qu'elles avaient perdu leurs maris, leurs pères ou leurs fils; et sombrèrent dans un désarroi total, qui ne tarda pas à se changer en rage. Avant même que le corps de la garde n'arrive, les rues de la sainte-cité devinrent le théatre d'émeutes, que durent contenir tant bien que mal les anspessades de l'archevêque. Pendant que la foule, faite de femmes et de vieillards, descendait dans les rues, l'archevêque s'enferma dans le château de la seigneurie, devenu son poste de commandement. Il en fit barricade les entrées et toutes les fenêtres, et s'enferma avec les quelques 2000 spadassins de l'archevêque. En comptant les spadassins et les anspessades, la garnison de la sainte-cité ne comptait plus que 4000 hommes en armes, aguerris certes, mais accaparés par la gestion de la foule en colère.
Un autre problème de taille se présenta à l'archevêque. Avant la bataille de Haltebois, il avait estimé les renforts de la garde volontaire à près de 10 000 hommes, soit autant que le corps des maréchaux. hors, alors que le corps de la garde s'avançait vers la capitale; il apprit rapidement de ses sentinelles postées sur les murailles que les forces adverses comptaient en réalité près du double de soldats, soit près de 20 000 hommes. De plus, la garde semblait équipée d'une nombreuse artillerie, arme qui manquait presque entièrement aux forces de l'église. Les murailles de la capitale étaient bien équipées de canons de près de 24 livres, mais ces derniers étaient inclus dans les murailles et il était impossible d'en faire dégarnir une portion inutilisée pour concentrer les pièces sur un seul pan, manœuvre que les épais créneaux de pierre aurait de toutes manières interdit.
Le 23 Tercevent 265, le corps de la garde volontaire s'était déployé en ordre de siège autour de la ville, et commençait à creuser des tranchées et des redoutes pour abriter ses soldats et mettre en batterie ses pièces de canons. Les travaux de la garde furent scrutés avec inquiétude par les sentinelles de l'église, qui tentèrent quelques salves de canon depuis les murailles. Mais, hors de portée de ces lourdes pièces et habilement protégés par le relief, les troupes de la garde n'en subirent aucune pertes.
La première conséquence du siège fut que la capitale fut privée de ravitaillement. Si des réserves avaient bien été amassées et si la population locale avait été décimée par l'exode et les pertes de la bataille de Haltebois, il s'avéra rapidement que la ville ne pourrait tout de même pas tenir un siège de plus de deux semaines. Pire encore: la ville tenait son eau potable d'une rivière satellite de la veine-noire qui passait sous ses murs pour la traverser; mais les sentinelles rapportèrent avec effroi que des unités de la garde volontaire semblaient s'afférer en amont du cours d'eau pour y construire un barrage, avant de détourner le lit de la rivière. Encore une fois, la panique s'empara des habitants, sans que les soldats de la garnison ne purent mes contrôler.
Le 30 Tercevent 265, la générale Wendy acheva son plan d'attaque, qui devait plus tard lui permettre de prendre la ville. Pour diverses raisons, ce plan n'allait pas nécessiter l'intervention de la réserve de cavalerie de la garde, notamment du fait de l'étroitesse des rues et de la nécessité d'escalader des gravats pour entrer dans l'enceinte fortifiée. Elle décida donc, sachant le corps des maréchaux très entamé et isolé, d'envoyer le général Darkalne et ses 2000 cavaliers accompagnés de son avant-garde, renforcer les unités des maréchaux. Ces derniers, après s'être rejoints au village de Maringo, semblaient y attendre un prochain mouvement du royaume de Fersen, dont le premier assaut avait été repoussé mais que l'on savait encore disposer de nombreuses troupes.
Le 32 Tercevent, après quelques derniers préparatifs relatifs au siège de la sainte-cité, le général Darkalne prit la tête de cette division mixte, se mit en marche vers Maringo.
Pendant les 9 jours qui suivirent le départ du général Darkalne, il ne se passa plus rein de significatif auprès de la sainte-cité, assiégée, autour de laquelle la générale Wendy s'afférait à resserrer son étreinte.
Bilan de la manœuvre: status-quo tactique et stratégique des impériaux, début du siège de la sainte-cité.
Bataille de Maringo
Le 35 Tercevent 265, au matin, une patrouille de hussards partie sonder le col de passeroche rapporta l'arrivée imminente de troupes du royaume de Fersen. Posté à quelques kilomètres du col, au village de Maringo ou les maréchaux l'avaient regroupé, le corps se mit immédiatement en alerte.
Vers neuf heures, l'avant-garde du corps des maréchaux s'élança en direction du col, accompagnée de la première division du maréchal Pencroff. A ce moment de la journée, nul ne sait combien d'ennemis sont en approche, aussi le maréchal Pencroff se tient-il prêt à rétrograder en cas de surnombre. Il est près de dix heures lorsque l'avant-garde et la première division arrivent à l'embouchure du col. Malheureusement, le maréchal s’aperçoit alors qu'il a été pris de vitesse par une unité de près de 1000 cavaliers de Fersen, qui défendent la route et les environs directs du col. Arrêtant ses troupes, le maréchal Pencroff prend un instant pour réfléchir à un moyen de les déloger en utilisant ses deux régiments de dragons,mais des bruits de tambours en provenance du défilé rocheux lui indiquent l'arrivée imminente de fantassins ennemis: il semble alors évident qu'il n'aura pas le temps de déployer ses unités et son artillerie pour tenir l'embouchure du col. Qu'à cela ne tienne, sa division n'est pas isolée comme l'avait été celle du maréchal Zorn lors de la bataille de Passeroche quelques jours plus tôt, aussi n'est-il pas capital de tenir coute-que-coute la sortie des montagnes. Le maréchal Pencroff décide donc de se replier sur le village de Maringo dans lequel le maréchal Zorn organise déjà la défense de la zone, et ou des mesures ont déjà été prises pour les artilleurs. Avant de quitter les abords de Passeroche, le maréchal Pencroff ordonne tout de même à deux compagnies du régiment de maréchal-hussards de couvrir sa retraite et de compter les unités ennemies en route.
Rétrogradant donc vers Maringo, qu'il atteint vers onze heures, le maréchal Pencroff est informé par ses cavaliers que les troupes ennemies se sont lancées à sa poursuite, et qu'elles sont fortes d'environ une légion ennemi. On soupçonne alors que les restes de la légion Bonlieux se soient ralliés à une nouvelle légion, et que les deux colonnes aient fait bloc pour forcer le passage. D'après les premières observations, ce sont près de 8000 hommes qui seraient en marche en direction de maringo.
Vers midi, le maréchal Pencroff et le maréchal Zorn achevèrent de réorganiser les défenses du village en prenant en compte les deux divisions, l'avant-garde et l'arrière-garde. Réduit lui-même à près de 8000 combattants du fait des pertes subies dans les batailles précédentes, le corps allait donc affronter une force égale en nombre, mais il disposait pour lui de l'avantage du terrain. Les canons du corps avaient été mis en batterie derrière des redoutes de terre, un hopital de campagne avait été installé dans l'enceinte du village pour traiter au plus vite les blessés et des voies rapides de ravitaillement avaient été préparées de sorte à ce que toutes les unités soient réapprovisionnées le plus rapidement possible dans le feu. Chaque rue du village avait été barricadée, et les soldats attendaient de se battre de pied ferme.
Vers treize heures cependant, une nouvelle inquiétante arriva à l'état-major des maréchaux. Après que les 8000 hommes des legions de Fersen eurent achevé de se redéployer à la sortie du col, ces derniers furent rejoints par une formation compacte et massive d'environ 2 à 3000 miliciens armés d'arquebuses. Ce renfort, impromptu, laissait entendre que les forces du royaume de Fersen se portaient à près de 11 000 hommes, bien que l'on put douter de la qualité de cette milice.
Vers quatorze heures, les troupes du royaume de Fersen arrivèrent en vue du village de maringo. Immédiatement, elles se déployèrent en ordre profond, et entamèrent un contournement du village derrière un repli de terrain qui les mettaient à l'abri des canons postés en direction de la route du col. Ils purent, ainsi, se rapprocher du village, sur un axe d'attaque qui avait heureusement été prévu par les maréchaux. Puis, prenant possession d'une colline dont le plateau surplombait légèrement le village à une distance de près de quatre-cent-mètres; ils entreprirent de mettre en batterie leur artillerie.
Le royaume de Fersen disposait, au cours de cette bataille, d'un ensemble de seize canons d'un calibre approchant les 10 livres. Le duc Von Wurmseer, qui commandait la légion qui avait passé le col, fit alors disposer ses bouches-à-feu en grandes batteries et ordonna le bombardement du village.
Ce bombardement, qui visait l'entrée du village, était en réalité du tir de barrage visant à empêcher le corps des maréchaux de se déployer sur ce flanc du village. Le duc Von Wurmseer éspérait ainsi couvrir le mouvement du duc Von Bonlieux, survivant de Passeroche, qui l'avait rejoint avec les restes de sa légion. En effet, ce dernier avant massé ses troupes sur l'aile gauche de la légion Wurmseer et se préparait à prendre d'assaut le village à la tête de près de 6000 hommes issus de sa légion et de la milice. En parallèle de ces préparatifs, le duc von Wurmsser fit déployer sa propre légion en ligne, et renforça son aile droite à l'aide de sa cavalerie forte de près de 1000 dragons. Avec cette cavalerie, l'aile droite de l'armée de Fersen était donc l'aile faible, tandis que l'aile gauche tenue par Bonlieux devait être l'aile forte sur laquelle s'appuierait le mouvement.
De leur position dans le village, très exposée à l'artillerie, les maréchaux ne pouvaient pas voir les colonnes avec lesquelles le duc von Bonlieux se préparait à donner l'assaut sur le village. Ils pouvaient, en revanche, deviner leur présence par l'appui de la seule cavalerie ennemie sur la droite de ses lignes et le fait que l'aile gauche ennemie aboutissait sur un défilé en forme de couloir fondant vers le village.
Anticipant l'assaut sur le point précis ou débouchait l'aile gauche ennemie, les maréchaux ordonnèrent immédiatement aux deux régiments de fusiliers-grenadiers de s'y rendre pour en verrouiller l'accès à tout pris. Puisque ce point de la défense du village était le plus menacé, ils y envoyèrent en réserve les deux régiments d'impérial-grenadiers, les deux meilleurs régiments d'infanterie à leur disposition. Outre les grenadiers d'élite, ils firent démonter les 1500 dragons du corps, qui vinrent se porter en renfort des fusiliers-grenadiers; portant ainsi l'effectif de ce point à 3500 hommes de front et 2000 grenadiers en réserve. Puis, pour faire face à l'aile droite ennemie qui était son aile faible et de laquelle on n'attendait que peu de mouvements, les maréchaux déployèrent les deux régiments de tirailleurs-grenadiers appuyés par le régiment de vélites-carabiniers, pour un effectif total de 3000 hommes.
Quant à la cavalerie du corps, les 1500 dragons ayant été réquisitionnés pour combattre à pieds, il ne restait plus que 1000 cavaliers lourds des régiments de maréchal-cuirassier et colonel-général-cavalerie ainsi que les 1000 hussards du corps. La cavalerie loure fut stationnée sur l'arrière du dispositif, prête à se porter à l'aide des fusiliers-grenadiers sur le point chaud ou à assister les tirailleurs-grenadiers en cas de mouvement sur l'aile droite ennemie. Les hussards, eux, furent réunis sur l'arrière du village, prêts à tenter une sortie à la première occasion.
Pour ce combat, qui s'annonçait musclé, le maréchal Zorn décida de commander en personne les unités de fusiliers-grenadiers qui allaient vraisemblablement recevoir le premier coup d'estoc du duc von Bonlieux. Le maréchal Pencroff, de son coté, décida de se tenir près des tirailleurs-grenadiers et de ses hussards, attendant une fenêtre pour envoyer sa cavalerie ou pour renforcer ses fantassins.
Enfin, l'artillerie du corps fut retirée des extérieurs directs du village et disposée dans les rues, chargée à mitraille, notamment sur les lignes des fusiliers-grenadiers. Quelques batteries furent disposées près des tirailleurs-grenadiers pour appuyer leur défense, et une batterie d'artillerie à cheval fut gardée en réserve pour tenter, si une opportunité s'ouvrait, de détruire les canons de Fersen.
Vers quinze heures, alors que le bombardement ennemi battait son plein, le duc von bonlieux passa à l'assaut sur le village. Marchant en tête de sa colonne aux cotés de sa cohorte de pionniers, il se rua sur les murets qui encadraient la bourgade et derrière lesquels se tenaient les soldats des 1er et 2e régiments de fusiliers-grenadiers. Immédiatement après que les troupes ennemies eurent quitté le relief qui les abritaient, les colonnes furent accueillies par une mousquetade nourrie. Par salve, dans un premier temps, les soldats du corps fauchèrent les premiers rangs adverses, qui n'en reculèrent pas pour autant. Menées par le duc, les pionniers, qui étaient tous de solides combattants aguerris et formés au travail de sape en première ligne, chargèrent avec rage. En quelques minutes, malgré les pertes effroyables que subissait leur cohorte, ils se rapprochèrent des murets de pierre. Poussés par les 5 à 6000 hommes qui les suivaient en colonne, ils s'écoulaient comme un torrent vers les défenseurs du village, qui répondirent par le feu-à-volonté. Le champ de bataille se noya rapidement dans un brouillard blanc que vomissait les mousquets, alors que les premiers coups de pioche dans les murs se faisaient entendre. Au milieu de ses hommes, le maréchal Zorn ramassa un mousquet sur le corps sans vie d'un fusilier, et se joignit à la ligne. Plusieurs fois, sa garde rapprochée tenta de le faire revenir en arrière, sans succès. Derrière les combats, rangés fébrilement en bataillons, les soldats d'élite des régiments d'Impérial-grenadiers attendaient d'entrer dans la fournaise.
De son coté, le maréchal Pencroff ne resta pas oisif. Quand le duc von Bonlieux débuta son attaque sur le village, il sut que l'aile gauche ennemie était au contact du maréchal Zorn et de ses régiments. Sachant cette aile ennemie fixée, il savait qu'il lui suffisait de pousser sur l'aile droite pour la faire fléchir, puis rompre. Malheureusement, il ne disposait pour cela que de 3000 fantassins et 1000 hussards à opposer aux 4000 fantassins et 1000 cavaliers du duc von Wurmseer. Si il savait que les soldats d'élite du corps des maréchaux pourraient facilement vaincre à 1 contre 2 et qu'il pouvait théoriquement affronter la légion Wurmseer sans problèmes, il ne pouvait cependant pas raisonnablement dégarnir sa propre aile pour mener un assaut total, sans réserve suffisantes. Il se résolut donc à faire mouvement vers l'aile droite ennemie pour faire feu sur ses lignes sans tenter le contact dans un premier temps, de sorte à prendre l'initiative sur elle et endiguer un éventuel bond en avant de sa part. Cela l'obligeait, en revanche, à utiliser ses trois régiments d'infanterie, mais allait sans doute soulager le maréchal Zorn.
Evidemment, il restait également en réserve les 1000 cuirassiers de la cavalerie lourde; mais les maréchaux avaient convenu de ne les utiliser qu'en dernier recours, au cas ou l'aile du maréchal Zorn ou du maréchal Pencroff serait enfoncée. Il était donc exclu de les employer pour appuyer une manœuvre hors du village, à plus forte raison sur les collines ou l'artillerie de Fersen était encore déployée. Car ce qui genait le plus le maréchal Pencroff, ce n'était pas tant la présence de soldats en surnombre, que ses propre hommes dépassaient de loin; mais la présence de canons en grande concentration sur la colline. Attaquer de front pareille batterie serait suicidaire, il fallait tenir depuis les murs du village.
Vers seize heures, grâce à la défense acharnée du maréchal Zorn et des fusiliers-grenadiers, l'assaut du duc von Bonlieux semblait patiner. Mais malgré leur tenacité, les troupes des maréchaux ne purent que constater l'état de destruction avancé des murets de pierre qui, criblés de balles et de coups de pioche, ne demandaient plus qu'à céder. Le moral restait cependant au beau fixe, encouragé par la présence des maréchaux; et il semblait évident que les troupes de Fersen avaient jusqu'alors subi près du double des pertes du corps. La plaine qui bordait le village était couverte des corps des pionniers et des lansquenets du duc von Bonlieux, et leurs attaques se faisaient de plus en plus lentes; bien que l'on put craindre que la rupture prochaine du mur ne ranime leur rage. Du coté du maréchal Pencroff, la ligne droite ennemie et sa ligne se livraient une guerre d'attrition méthodique. Les soldats des deux camps, à couverts derrière les murs du village et derrière le talus qui le bordait, s'arquebusaient à tout va. Le maréchal lui-même, ayant saisi un mousquet sur un mort, tirait sur tous ceux qui passaient à sa portée, arguant qu'il offrirait un sabre d'honneur à tous ceux qui touchaient une tête. Les coups de feu claquaient de part et d'autre, emportant des malheureux dans les deux camps, bien que la légion Wurmseer eut à souffrir des plus nombreuses pertes. En effet, il faut noter que l'aile du maréchal Pencroff était composée de deux régiments de tirailleurs-grenadiers et d'un régiment de vélites-carabiniers; qui avaient tous la réputation de recruter parmi les meilleurs tireurs du corps. Outre ces fins-tireurs, le maréchal était aussi appuyé par 200 mousquetaires qui, ayant démonté, faisaient la démonstration de leurs talents d'adresse.
Vers dix-sept heures, les combats s'éternisaient encore lorsque le mur d'enceinte du village qui abritait les troupes du maréchal Zorn céda enfin, dévoilant les lignes de ce dernier et les privant d'un couvert fort salutaire. Voyant que les défenses du village étaient amoindries, le duc von Bonlieux jeta toutes ses forces en avant, au contact des fusiliers-grenadiers. Près de 5000 hommes se ruèrent alors au corps à corps contre les 3000 hommes valides restant pour le défendre. Immédiatement, voyant l'entrée du village prise d'assaut, le maréchal Zorn fit donner les régiments d'Impérial-grenadiers, qui se joignirent à la bataille l'arme au bras. Une violente confrontation à la baïonnette, à l'épée et à la hache s'engagea alors, tandis que l'aile gauche de fersen et l'aile du maréchal Zorn s'écharpaient de front. La lutte, sur laquelle le maréchal Zorn et ses grenadiers avaient l'avantage, était toutefois extrêmement violente et mobilisa toutes les ressources de l'aile. Voyant le combat s'engager sur sa droite, le maréchal Pencroff ordonna aux cuirassiers de se porter en arrière des lignes du maréchal Zorn, prêts à charger au pas dans les rues du village pour dégager repousser l'ennemi. Sa propre aile, entièrement déployée face à la légion von Wurmseer, ne pouvait apporter d'autre secours, tiraillant elle-même à 3000 contre 5000; et il ne pouvait risquer de contournement avec ses seuls hussards, attendu que les flancs de l'ennemi étaient couverts par près de 1000 cavaliers lourds de Fersen.
Sur toute la ligne, la lutte était totale mais le corps des maréchaux, plus aguerri et mieux formé, conservait indéniablement l'avantage. Mais le maréchal Pencroff et le maréchal Zorn comprirent rapidement que cet engagement total de deux légions entières n'était pas un risque inconsidéré, et que les troupes de Fersen avaient encore un atour dans leur manche. La confirmation de leurs craintes arriva vers dix-sept heures trente lorsque, arrivant par la route de Passeroche, une troisième légion fut annoncée.
Il s'agissait alors de la légion Alvichi, forte de 5000 hommes, et qui avait progressé à cinq heures de marche derrière la légion Wurmseer. Le plan de l'armée de Fersen devint clair: la légion Wurmseer et les restes de la légion Bonlieux devaient fixer le corps des maréchaux et l'engager intégralement, le temps qu'une 3e légion ne vienne leur prêter assistance pour porter le coup de grâce. A présent, le panache de fumée de la légion alvichi était visible depuis tout le champ de bataille, et il semblait clair qu'il serait au contact du corps des maréchaux avant le crépuscule. Engagé sur toute la ligne et déjà dépassé par le nombre, le corps des maréchaux courrait le risque d'être flanqué ou pris à revers, et n'avait plus le luxe de se redéployer. Sa seule réserve était alors composée des 1000 hussards et des 1000 cuirassiers qui pouvaient encore quitter les arrières du maréchal Zorn; mais aucun appui d'infanterie n'était à espérer.
Malgré cette terrible annonce d'un renfort ennemi, le moral des soldats du corps ne baissa pas, et l'annonce de cette complication soudaine sembla même pousser les hommes dans leurs derniers retranchements. Du coté des forces de Fersen en revanche, les deux ducs comme leurs hommes poussèrent un profond soupir de soulagement, et se virent déjà vainqueurs, éprouvés mais victorieux. Sur le champ de bataille, le maréchal Zorn continuait de se démener dans la mêlée, entouré à présent de ses grognards dont chacun continuait à se battre avec la force de dix hommes. Le maréchal Pencroff, de son coté, laissa le commandement de son aile à la générale Marceline, sa major-générale, pour prendre le commandement de la cavalerie.
Priant pour que le centre tienne, il s'entoura de ses mousquetaires et de ses hussards, et ordonna aux cuirassiers de rester dans le village en ultime réserve. Il se prépara alors, bien que la manœuvre fut d'un effroyable danger, à se jeter avec ses cavaliers sur le flanc de l'aile droite adverse. Il savait que cette aile était couverte par 1000 cavaliers lourds et par une artillerie bien positionnée ainsi que par de nombreux fantassins; mais il gageait qu'une percée sur cette aile, appuyée à propos par les cuirassiers ou par une avance soudaine de son infanterie, pourrait permettre de rompre la ligne de l'armée de Fersen avant que la 3e légion ennemie ne se porte en renfort et n'engage le combat. Les cavaliers se regroupèrent alors en trois lignes, qui devaient se séparer à la sortie du village pour se déployer en ordre relâché et tâcher ainsi d'éviter au mieux les coups de l'artillerie. Une charge en désordre aurait sans doute moins d'impact lors du contact avec les cavaliers et les fantassins ennemis, mais le maréchal comptait sur l'inégalable bravoure de ses soldats pour emporter la décision ou périr couverts de gloire.
Mais alors que, vers dix-huit heures, le maréchal Pencroff s'apprêtait à charger de front et le maréchal Zorn se démenait pour tenir l'entrée du village; une nouvelle leur arriva et changea diamétralement le rapport de force des combats. Sur l'arrière du village, dissimulés jusqu'alors par le relief accidenté de la région, la division de cavalerie du général Darkalne se présenta dans la plaine. Arrivant par le sud-ouest, c'est à dire par l'arrière droite des maréchaux, le général et ses 2000 cuirassiers et dragons dévalaient la pente d'une colline au trot, sonnant au clairon l'appel aux armes.
Immédiatement, soulagé par ce soudain renfort et reconnaissant avec émotion les étendards de la garde volontaire, le maréchal Pencroff fit envoyer un officier d'ordonnance pour instruire le général Darkalne de ses ordres:
"Vous aurez à coeur, mon général, de porter vos cavaliers sur notre flanc gauche, à l'est; pour y faire face à la cavalerie de la légion qui nous y incommode. Vous poursuivrez ensuite l'assaut sur toute leur aile, que je vous serais gré de briser. J'aurais l'honneur d'appuyer votre mouvement, mais puisque vous arrivez je vous laisse l'honneur de la charge; avec mes salutations."
Quelques minutes plus tard, la division Darkalne se porta à l'arrière-gauche du village, qu'elle dépassa par l'Est. Elle fut rejointe par le maréchal, qui la laissa passer pour conduire ses hussards plein Est et contourner au large, dans l'espoir de prendre le centre ennemi par ses arrières.
Bataille de la sainte-cité
WIP
Le 39 Tercevent 265, avertie du succès du corps des maréchaux à Maringo, wendy lance l'assaut sur la sainte-cité. L'artillerie concentre ses feux sur certains points des murailles, perçant plusieurs brèches. Les troupes d'infanterie des 1e et 2e divisions sont formées en deux colonnes, chacune disposée face à une brèche. Chaque colonne est devancée par une brigade de choc formée par deux régiments étrangers d'infanterie. La cavalerie est tenue en arrière, et devra rester hors des murs pour couvrir un éventuel repli. L'assaut est donné à midi: la 1e division est menée par Wendy, la 2e est menée par Suljii. Les fantassins pénètrent dans la ville à la baïonnette. Des canons de 6 à 8 livres sont introduits dans les rues et font feu à mitraille sur les défenseurs. La générale wendy dispose une batterie dans la grande rue, face à l'église, et fait sauter sa façade. Les combats se poursuivent jusqu'au lendemain matin et se soldent par une victoire totale des deux divisions de la garde. Toutes les troupes de l'église de la veine-noire sont anéanties. Conformément aux ordres reçus, la garde abolit toute menace et ne fait aucun prisonniers. Une partie des paladins survivants ainsi que leurs chefs sont enfermés dans la cathédrale qui est incendiée.
(présents: Wendy, sulji.).
NDLR: l'église de la veine noire est anéantie, la sainte-cité est partiellement détruite. La population civile est préservée dans la mesure du possible.
Après les victoires de Maringo et de la sainte-cité, les troupes de Fersen se replièrent dans leur territoire. Les cols et passages dans les montagnes séparant le royaume de Fersen de la région des bas plateaux sont déclarés comme no-man-land et sont surveillées par les divisions d'avant-garde des maréchaux et de la garde. Le corps des maréchaux se replie sur la sainte-cité ou il rejoint le corps de la garde volontaire pour se réorganiser et se ravitailler. la garde et le corps des maréchaux prennent leurs quartiers à la sainte cité. Le duc de Bonlieux est retenu comme prisonnier.
Le royaume de Fersen rappelle ses légions à sa capitale, Fersenhal. Le duc de Wurmseer est réprimandé par le roi Francesco Ier pour l'échec de son assaut à Maringo. Le royaume de Fersen regonfle ses rangs et panse ses plaies, mais la légion de bonlieux, anéantie, ne peut pas être reconstituée.
En somme, un statu-quo s'installe pendant quelques semaines.
Campagne de Fersen
Bataille du Passe-héraults
Le 14 Tronvard 265, Le duc von Wurmsser passe à l'offensive et tente de passer le col de Passe-hérault. L'avant-garde du corps des maréchaux fait volte-face et parvient à le retenir et à donner l'alerte. la légion du duc von wurmseer est cette fois accompagnée d'artillerie. Un duel de canons débute et dure toute la journée. Un boulet atteint une réserve de poudre des lignes du corps des maréchaux, l'explosion détruit toute la batterie d'artillerie à cheval. La détonation déclenche également une avalanche, qui emporte une partie des soldats de la légion Wurmseer et du corps des maréchaux. Le passage est bloqué.
Les deux armées se replient de leur coté. La légion de Wurmser, fortement entamée et de nouveau défaite se replie à Fersenhal. Le royaume de Fersen, qui ne dispose plus que de la maison militaire du roi, de la légion de l'archiduc Carlos et de la légion du duc Alvichi pour le défendre abansonne l'idée d'une offensive pour l'instant. La légion Wurmseer doit regarnir ses rangs, les légions de Carlos et d'Alvichi sont envoyées surveiller les cols.
Le corps des maréchaux fait sauter les restes du passage pour rendre le col définitivement infranchissable, puis se dirige vers la sainte-cité pour se rassembler avec la garde volontaire.
(présents: Pencroff et ghideon).
Bataille du col de Koning
7 Panévard 265, Cette fois les impériaux sont à l'initiative. Rassemblées et remaniées, leurs troupes sont en effet prêtes à combattre et à passer à l'attaque. Le corps des maréchaux prend la direction du col de Koning. Le col est défendu par la division de l'archiduc Carlos. Ce dernier s'est installé à l'embouchure du col, et a disposé ses canons derrière de solides redoutes. Le corps des maréchaux est accueilli par de violentes salves de canons qui enraillent un moment son avancée. l'artillerie à cheval, de la batterie restante sur les deux que comptait le corps, se déploie et répond par le feu. Le maréchal Pencroff profite que la batterie de l'archiduc prenne sa propre artillerie pour cible pour mener une colonne de vélites-hussards en avant. Les hussards sont accueillis par la mitraille, mais concentrent sur eux le feu des canons. Le maréchal Pencroff est blessé au cou par un éclat de mitraille et est désarçonné. L'infanterie du corps profite de la confusion pou se jeter en avant. Le Maréchal Zorn mène les grenadiers à pieds dans un assaut à la baionnette qui rejoint rapidement les redoutes. De violents combats au corps à corps ont lieu. Les mousquetaires des maréchaux, ne voyant plus le maréchal Pencroff, chargent en direction de l'archiduc et massacrent son état-major. Le reste du corps des maréchaux pousse en avant et écrase la légion de l'archiduc, qui rétrograde. L'archiduc est tué par les mousquetaires, la légion se débande, les maréchaux n'ordonnent pas la poursuite et regroupent le corps.
Le maréchal Pencroff est retrouvé sous une pile de cadavres. il est soigné à l'ambulance et remonte en selle le lendemain. Les soldats du 1er impérial-grenadiers offrent un bonnet-à-poil au Maréchal Zorn.
(Présents: Pencroff et Ghideon)
Bataille de Haussecol
14 Panévard 265, La garde volontaire passe également à l'offensive et s'est portée à hauteur d'un autre col, le passage de Haussecol, qui est gardé par la légion du duc Alvichi. Celui-ci, apprenant la nouvelle du désastre du col koning, avait fait sauter un piton rocheux qui surplombait la route de haussecol. Entre le 9 et le 14 Panévard, les sapeurs de la garde volontaire travaillèrent donc à dégager le chemin, sous le harcèlement permanent de l'artillerie du duc von Alvichi. Malgré les pertes et la difficulté de la tâche, les sapeurs parvinrent à dégager la voie. La garde volontaire profita de ces quelques jours de flottement pour établir des redoutes et disposer son artillerie, qui entama, le 14, le pilonnage des troupes de la légion Alvichi. Ces derniers se replièrent dans les tranchées, sur deux lignes, pour accueillir leurs assaillants. L'assaut fut mené par la générale Wendy, secondée par le général Suljii. L'infanterie de ligne se rua à la baïonnette sous une vive mousquetade, et parvint à atteindre les tranchées malgré les pertes. Le 6e de ligne, qui chargeait en tête, essuya de lourdes pertes mais parvint à franchir la première ligne ennemie. Débordé, le duc Alvichi rappela ses hommes et se replia dans la forêt qui se trouvait derrière ses lignes. La générale Wendy ordonna de mettre le feu aux bois, ce qui fut fait vers midi. un violent incendie de forêt de déclara, et dégagea un panache de fumée qui fut visible jusqu'à Koning, ou le corps des maréchaux s'était arrêté. Malgré le feu, de violents combats se poursuivirent dans le sous-bois. Le duc von alvichi vont trouver refuge sur une colline, dépourvue d'arbres et épargnée par le brasier, mais le général Suljii se lança à l'assaut du relief à la tête du 3e de ligne. Il fut blessé par une balle à cet instant, mais ses grenadiers se rendirent maitre de la colline et tuèrent le duc Alvichi d'un coup de baionnette. Le reste de sa légion périt dans les flammes ou dans la mousquetade du sous-bois.
Après ces combats, le corps de la garde volontaire avance en direction de koning ou l'attend de corps des maréchaux. Les deux corps se regroupent. Ils sont durement éprouvés mais ont réussi à passer, ils se préparent donc à la dernière partie de la campagne.
Un émissaire du roi de Fersen est envoyé à leur rencontre, mais il est abattu par une sentinelle.
(Présents: Wendy, suljii, Darkalne)
Siège de Fersenhal
Le 1er Nérévard 265, Le corps des maréchaux et le corps de la garde arrivent en vue de Fersenhal, capitale du royaume de Fersen. Les restes de la légion Wurmseer tentent de les retarder par des séries d'escarmouches, mais s'épuisent en vain. Le duc Von Wurmseer s'enferme dans la ville, avec les derniers de ses soldats et les soldats d'élite de la maison militaire du roi. Le corps des maréchaux combine son parc d'artillerie à celui du corps de la garde en deux "grandes batteries" de vingt canons chacune, qui entament le pilonnage des fortifications de la capitale. Un camp de siège est installé , de même que plusieurs postes entourant la ville, de sorte à ce que nul ne puisse en réchapper. Les corps sans vie des soldats de Fersen, tombés dans les combats précédant le siège, sont jetés en amont de la rivière, de sorte à rendre l'eau impropre à la consommation. Régulièrement, par bravade, des cavaliers de la garde et des maréchaux approchent les remparts pour narguer la garnison, et repartent sous la mousquetade. Le siège dure et la garde doit faire venir des boulets de canon et de la poudre depuis Stendel. Les maréchaux posent un ultimatum: le roi doit rendre les armes sans attendre et sans conditions, et livrer tous les ecclésiastiques de la veine-noire encore présents à ses cotés. Ce dernier refuse.
Bataille des cent-buchers
Le 13 Fifrelune 266, après de longues semaines de siège, la situation n'a pas évolué. Seul changement: la population de Fersenhal est affamée et près de dix pour cent des civils ont déjà péri des conséquences de l'obstination de leur roi, de plus en plus impopulaire. Las d'attendre, les maréchaux préparent la dernière bataille de la campagne. Les grenadiers du 1er et 2e impérial-grenadier, du 1er et 2e fusilier-grenadier, du 1er et 2e tirailleur-grenadier et les compagnies de grenadiers des 3e, 5e, 6e et 8e régiments d'infanterie de ligne de la garde sont regroupés dans une colonne d'assaut. Les carabiniers du 2e léger et les grenadiers du 1er, 2e, 3e et 4e régiments étrangers d'infanterie sont regroupés en une seconde colonne d'assaut. Les deux colonnes sont précédées par des sapeurs, et suivies par les dragons d'asayaka, les dragons de filranmel, les dragons de threa-thaesi ainsi que les 2e, 3e et 4e régiments de dragons de la garde. Au lever du jour, les sapeurs font sauter deux portions des murailles de la ville, permettant aux deux colonnes de pénétrer dans l'enceinte. De violents combats de rues s'engagent au corps à corps et à l'arquebuse, tandis que les grenadiers s'enfoncent vers le château du roi. La compagnie de grenadiers du 3e régiment étranger capture la porte de la ville, et l'ouvre aux assaillants. Les combats déclenchent une série d'incendies, qui se propagent dans la ville, forçant un moment les troupes de la garde et des maréchaux à ralentir leur progression. Mais un vent favorable évacue les fumées des rues, permettant la reprise du mouvement. La place royale, située devant le château, est atteinte vers 17 heures. Une batterie d'artillerie à pieds, tractée par des hommes du train d'artillerie de la garde, est mise en place. Les canons tirent à mitraille au travers des grandes vitres du château, et font sauter sa porte. Pendant ce temps, les dragons sillonnent les rues pour réduire au silence les dernières poches de résistance.
Dans un élan d'héroisme, le roi de Fersen, Francesco Ier, sort de son chateau à la tête de ses gentilshommes en armes, afin de mener son baroud d'honneur. Comme le veut la tradition en pareil moment, et puisque l'ennemi se comporta avec honneur, les canons se turent et le combat s'engagea à l'arme blanche. Le roi eut alors la poitrine percée d'un coup de sabre briquet par un sergent du 8e de ligne, et mourut avec dignité. Ses gentilhommes périrent ou furent mis hors combat avec la même valeur, les officiers de la garde leurs rendirent les hommages.
Lorsque la nuit tomba, la victoire était acquise pour les troupes des maréchaux. Ces derniers, qui avaient pris part aux combats accompagnés des généraux Wendy, Suljii et Darkalne; virent sur la place royale pour faire signer la reddition du royaume de Fersen au duc de Bonlieux, doyen des nobles et également le plus gradé encore en vie. Ce dernier se vit confier la destinée du royaume.
L'armistice fut déclaré. Le royaume de Fersen fut placé sous la tutelle du consulat de la garde volontaire. Les maréchaux ordonnèrent le regroupement de leurs forces en vue de missions de pacifications. le sergent qui tua le roi en combat singulier fut nommé sous-lieutenant par lettre de lieutenance signée du maréchal Zorn.
Issue du conflit
Lorsque le Maréchal Pencroff et le Maréchal Zorn considérèrent que "La mission que leur avait confié le devoir était achevé", la victoire du corps des maréchaux et de la garde volontaire était consommée.
L'église de la veine noire fut dissoute et la pratique de son culte interdite. La région des bas-plateaux fut remaniée et transformée en consulat tutélaire dont la composition fut choisie par les maréchaux.
L'armée des paladins immaculée fut anéantie durant sa déroute. Les seuls paladins à ne pas avoir été comptabilisés comme morts sont ceux portés disparus dans la traversée des cols lors de leur fuite.
Le royaume de Fersen fut également remanié. La famille du roi Francesco fut contrainte à l'exil, et l'archiduc von Bonlieux fut nommé régent par les maréchaux. Le royaume fut contraint de fournir près de 5 000 chevaux pour remplacer ceux que le corps des maréchaux et la garde volontaire avaient perdu dans la campagne et comme compensation.
Le corps des maréchaux, bien que durement éprouvé, s'était couvert de gloire. L'accomplissement de sa mission et l'honneur qui en découla fut sa plus belle récompense.
Le corps provisoire de la Garde volontaire s'était également couvert de gloire. Son commandant, la générale Wendy Marvel, fut pressentie pour les fonctions de major-général de la garde volontaire.
Les impériaux regagnèrent le territoire Stendelien avec les 5 000 chevaux de compensation fournis par le royaume de Fersen. Comme il en est d'usage dans la garde comme dans le corps des maréchaux, aucune compensation pécunière ne fut cependant demandée aux vaincus afin de ne pas faire peser le poids de la défaite sur les populations civiles. Cette largesse fut accueillie avec un fort sentiment de soulagement de la part des concernés. Dans les moins qui suivirent, nombre d'entre eux vinrent s'enrôler dans la division étrangère de la Garde Volontaire.
En ce qui concerne les pertes dans tous les camps belligérants:
Pertes du corps des maréchaux: sur les 10 000 soldats engagés, près de 2 760 trouvèrent la mort et 144 furent portés disparus. Le nombre de blessés ne fut pas comptabilisé.
Pertes de la garde volontaire: Sur les 20 000 soldats engagés, près de 2 548 trouvèrent la mort, et 98 furent portés disparus. Le nombre de blessés ne fut pas comptabilisé.
Pertes de l'église de la veine noire: Sur les 20 000 soldats engagés, près de 16 760 trouvèrent la mort, et 3 240 furent portés disparus. Le nombre de blessés ne fut pas comptabilisé.
Pertes du royaume de Fersen: Sur les 30 000 soldats engagés, près de 7 820 trouvèrent la mort, et 1 840 furent portés disparus. Le nombre de blessés ne fut pas comptabilisé.
Forces en présence
Les impériaux
Commandant en chef de la campagne: Maréchal Pencroff.
Commandant en second puis commandant du corps des maréchaux: Maréchal Ghideon Zorn.
Commandant du corps provisoire de la garde volontaire: Général de division Wendy Marvel.
Autres officiers généraux déployés par la Garde Volontaire: Général de division Suljii, général de division Darkalne.
Le corps des maréchaux
Première unité d'allégeance Stendelienne à prendre part au conflit sous l'impulsion des maréchaux Pencroff et Ghideon Zorn, le corps des maréchaux se mit en marche avec 10 000 soldats d'élite spécialement formés aux opérations d'avant-garde. Le corps s'engagea dans son ordre de bataille régulier, à savoir le suivant:
Avant-Garde (Généraux jouinot et d’esperey)
- 1er régiment de tirailleurs-grenadiers
- 2e régiment de tirailleurs-grenadiers
- Régiment des dragons de Filranmel
Première Division (Généraux marceline et srajo)
- 1er régiment impérial-grenadier
- 1er régiment de fusiliers-grenadiers
- Régiment Maréchal-hussards
- Régiment des dragons d’Asayaka
- Batterie d’artillerie à cheval de la division Bonaventure
Deuxième Division (Généraux desaix et letort)
- 2e régiment impérial-grenadier
- 2e régiment de fusiliers-grenadiers
- Régiment de Vélites-hussards
- Régiment des dragons de Threa-Thaesi
- Batterie d’artillerie à cheval organique du corps
Réserve (Généraux bondaulde et wakouna)
- Régiment de Vélites-carabiniers
- Régiment Maréchal-cuirassiers
- Régiment colonel-général de cavalerie
- Batterie d’artillerie à pieds organique du corps
- Batterie d’artillerie à pieds de la division Zorn
- Génie du corps
- Ambulances divisionnaires
Etat-Major (Maréchaux Pencroff et Zorn)
- Etat-major organique du corps des maréchaux
- Etat-major du Maréchal Pencroff
- Escadron des Mousquetaires
La Garde Volontaire
Seconde unité d'allégeance Stendelienne à s'engager dans le conflit, la Garde volontaire forma un corps d'armée provisoire de 20 000 hommes commandé par la générale de division Wendy Marvel, en qualité de général en chef. Elle fut secondée par le général de division Suljii. Le corps était composé de la division Suljii et de la division étrangère de la garde, ainsi que d'éléments de la division de cavalerie du général Darkalne. Il était disposé selon l'ordre suivant:
Avant-garde (éléments de la division suljii et de la division étrangère)
- 2e régiment d’infanterie légère
- 1er régiment étranger de tirailleurs
- 1ere batterie du 4e bataillon d’artillerie à cheval
- 1er et 2e escadrons du 2e régiment de hussards
- 1er escadron du 1er régiment de chevau-légers
Première division de marche
Brigade de tête
- 1er régiment de tirailleurs
- 3e régiment d’infanterie de ligne
- 5e régiment d’infanterie de ligne
- 1er bataillon d’artillerie à pieds
- 2e escadron du premier régiment de chevau-légers
- 2e régiment de dragons
Brigade de choc
- 1er régiment étranger d’infanterie
- 2e régiment étranger d’infanterie
- 1er régiment étranger de cavalerie
Seconde division de marche
Brigade de tête
- 2e régiment de tirailleurs
- 6e régiment d’infanterie de ligne
- 8e régiment d’infanterie de ligne
- 2e batterie du 4e bataillon d’artillerie à cheval
- 2e escadron du premier 1er de chevau-légers
- 3e escadron du 2e régiment de hussards
Brigade de choc
- 3e régiment étranger d’infanterie
- 4e régiment étranger d’infanterie
- 2e régiment étranger de cavalerie
Réserve
- 1er régiment de cuirassiers
- 2e régiment de cuirassiers
- 3e régiment de dragons
- 4e régiment de dragons
- 4e et 5e compagnie du 1er régiment du génie
- 3e et 4e compagnies du train d’artillerie
- 3e compagnie du train des équipages
- Compagnie provisoire médicale
Les forces immaculées
Meneur de l'église de la veine-noire: Archevêque Horace II (†).
Chef des armées du royaume de Fersen: Francesco Ier, roi de Fersen (†).
Principaux meneurs des paladins immaculés: évêque Ulysse I (†), évêque Bartas (†), évêque Louis le grand (†), évêque Otto I (†), évêque Rudyas (†), évêque Basilus (†).
Généraux du royaume de Fersen: Archiduc von Carlos (†), Duc von Bonlieux, Duc von Alvichi (†), Duc von Wurmseer.
(†): mort au combat
L'église de la veine-noire
Principale instigatrice de ce conflit, l'église de la veine-noire rassembla autour d'elle une armée novice composée principalement de nobles sans fortune ou sans gloire, armés et équipés à leurs propres frais. Les forces "immaculées" furent d'abord rassemblées dans un objectif de reconquête, mais se lancèrent finalement dans une croisade hors de la région des bas-plateaux ou elles s'étaient formées. Au commencement du conflit, elles alignaient 15 000 combattants et avaient adopté une forme plus nomade, et l'ordre suivant:
Etat-major
- Archevêché de la veine-noire (état-major général)
- Commanderies épiscopales (une par légion, menée par un évêque)
Légion de la terre-mère (défense de la région des bas-plateaux)
- Ost des chevaliers de l’archevêque (cavalerie lourde d’élite)
- Ost des Anspessades de l’archevêque (infanterie d’élite)
- Ost des spadassins de l’archevêque (infanterie légère d’élite)
Légion de l’ouest (défense de l’ouest des bas-plateaux)
- Ost des chevaliers de la lumière (cavalerie lourde)
- Ost des Anspessades de la lumière (infanterie)
- Ost des Anspessades écarlates (infanterie)
- Ost des spadassins rouges (infanterie légère)
Légion de l’est (défense de l’est des bas-plateaux)
- Ost des chevaliers noirs (cavalerie lourde)
- Ost des Anspessades noirs (infanterie)
- Ost des Anspessades du crépuscule (infanterie)
- Ost des spadassins gris (infanterie légère)
Légion nomade de jade
- Colonne des chevaliers de jade (cavalerie lourde)
- Ban des bacheliers de jade (cavalerie légère)
- Ost des Anspessades de jade (infanterie)
- Ost des spadassins de jade (infanterie légère)
- Colonne inquisitrice de jade (groupe mixte de reconnaissance)
Légion nomade de granit
- Colonne des chevaliers de granit (cavalerie lourde)
- Ban des bacheliers de granit (cavalerie légère)
- Ost des Anspessades de granit (infanterie)
- Ost des spadassins de granit (infanterie légère)
- Colonne inquisitrice de granit (groupe mixte de reconnaissance)
Légion nomade d’opale
- Colonne des chevaliers d’opale (cavalerie lourde)
- Ban des bacheliers d’opale (cavalerie légère)
- Ost des Anspessades d’opale (infanterie)
- Ost des spadassins d’opale (infanterie légère)
- Colonne inquisitrice d’opale (groupe mixte de reconnaissance)
Le royaume de Fersen
Bien que n'ayant dans un premier temps entretenu que peu de liens avec l'église de la veine noire, le royaume de Fersen, en proie à un fort déficit et à des récoltes catastrophiques; trouva fort opportun d'épouser la cause immaculée, qui offrait le double avantage de payer en or pur et de donner un coupable tout désigné aux malheurs de sa population. Fort d'une armée de 25 000 hommes, le royaume de Fersen participa à la guerre avec les troupes suivantes:
Maison militaire du roi (troupes d'élite)
- Ordre royal des chevaliers de Fersen (paladins)
- Cohorte des gentilshommes à pieds (infanterie)
- Cohorte colonel-général des armes du roi (infanterie)
- Cavalcade des gens d'armes du roi (cavalerie lourde)
- Cavalcade des ulhans du roi (cavalerie de lanciers)
Légion de l'archiduc Carlos
- Cohorte de piquiers du comte Von Osterritch
- Cohorte de landwehr du comte Von Lieberich
- Cohorte de landwehr du comte Von Zack
- Cohorte légère du vicomte Von Fustach
- Cavalcade des dragons du comte Von Argenton
- Cavalcade de Housards du vicomte Von Hotte
Légion du duc de Bonlieux
- Cohorte des pionniers du comte Von Colly
- Cohorte de landwehr du comte Von Cray
- Cohorte de landwehr du vicomte Von Kosdanovitch
- Cohorte de jagers du baron Von Hots
- Cavalcade des ulhans du vicomte Von Melacs
Légion du duc Alvichi
- Cohorte des hallebardiers du comte Von Frimon
- Cohorte de landwehr du vicomte Von Vogeslag
- Cohorte de landwehr du baron Von Lusygnan
- Cohorte de jagers du baron Von Rupercht
- Cavalcade des ulhans du comte Von Rischoffen
Légion du duc de Wurmseer
- Cohorte des spadassins du comte Von Andreas
- Cohorte de landwehr du baron Von Shliffen
- Cohorte de landwehr du baron Von Gerisht
- Cohorte de jagers du vicomte Von Nassau
- Cavalcade des dragons du comte Von Lieberman